Mais le savais-je ?
J'étais saoul. Je me devais donc de focuser autrement sur mes paroles, faits et gestes. Comme au travail, afin de me concentrer davantage sur ce que mon regard envoyait comme info à mon cerveau, et aussi afin de ne pas entendre les conseils de madame, j'ai disposé mes air pods dans mes oreilles et ai pitonné n'importe quoi sur mon téléphone pour que ça joue dans mes oreilles pendant que je flippais de la bavette de l'autre main."Je veux ça un peu saignant, ma blonde aussi!" a dit le beau-frère. J'ai entendu malgré les air pods, j'ai validé du regard.
Je suis tombé sur l'album Fly or Die of Die Fly or Die ((World War)) de Jaimie Branch. Un album qu'un(e) amie m'avait recommandé. Elle me connaissait bien. Du punk jazz classique parfois country presque cajun. Même hip hop. Krautrock aussi. Et Folk, elle cite Pete Seeger. Un bijou avant-gardiste. Une artiste trompettiste formidable qui nous as quitté l'an dernier alors qu'elle ne faisait que prendre son envol. Jaimie Branch, de Chicago, avait étudié la musique au New England Conservatory et aux universités de Boston et de Baltimore, à Towson. C'est là, en 2017, qu'elle avait lancé son groupe de free jazz Fly or Die. Elle était à Brooklyn depuis.
C'est d'une ironie si cruelle. À 39 ans, elle n'a pas srurvécu à une surdose de drogue en croisant en elle des choses qu'il ne fallait pas. As she was about to fly, she died. Laissant trois albums derrière dont celui-là, lancé posthume, le 25 août dernier. C'est parfois presque du Tom Waits, période avant-garde, par moments. J'aime beaucoup. C'est une perte tragique.
Tout ce temps, 46 minutes 51 secondes, je l'ai savamment dosé de régulation de chauffage, de flip de bavette, de mouvements de bavettes sur les grilles, j'étais magicien grâce à Jaimie et son dernier effort sur disque. Ses proches l'appelaient Breezy car elle était une brise d'air frais dans le monde musical Nord-Américain. Je crois même que mes sens, sous plusieurs influences, étaient mieux aiguisés pour flipper de la bavette et jauger du feu.
Je ne pouvais qu'être master chef, saoul au BBQ.
Prétextant me rendre au garage afin d'y placer un reste de tarte au citron, je me suis accordé un peu de temps pour moi, en aparté de la soirée d'invités qui ne s'ennuyaient pas de toute manière. J'ai exploré qui était Jaimie Branch. J'ai eu de la peine pour ses proches et pour le monde musical. Elle avait cette attitude de "no bullshit" qu'on peut aussi associer à Joni Mitchell, Miles Davis, Neil Young et combien d'autres dont je ne connais pas pleinement la personnalité.J'étais le no bullshit cook ce soir-là. Et je crois sincèrement ne jamais avoir réussi de meilleures bavettes sur le BBQ 3 en redemandant une seconde fois, dont une fille, ce qui est rare qu'une demoiselle prenne 2 bavettes. Branch semblait musicalement faire des choses qui étaient plus grandes qu'elle-même.
Je suis très peu cuisinier, ma conjointe étant nettement meilleure que moi.Mais ce soir là, saoul, j'ai scoré fort. Elle ronronnait de la tendresse des bavettes offertes.
J'avais le bon rythme dans l'oreille pour équilibrer toute l'affaire.
Celui de celle qui luttait contre l'héroïne, mais qui a perdu son pari de voler ou de mourir.
Et que la brise a fait verser vers la seconde option.
En ce qui me concerne, samedi soir, j'ai plané.
J'ai été plus chanceux.
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