Quand, je l'ai vue pour la première fois, c'était un choc. Elle était terriblement mal choisie pour un troisième volet de film, (The Godfather Part III) afin de remplacer Wynona Ryder qui faisait faux bond au rôle anticipé de la fille de Michael Corleone à la dernière minute. On s'était trompé là-dessus et quand on se trompe aussi publiquement, la cruauté est atroce. Je n'ai plus vraiment pensé à elle avant 1999, année magique dans ma vie où je devenais papa.
Déjà dans un état inconscient de frénésie sociale, j'avais été voir, parfaitement seul, son premier film, une adaptation du roman de Jeffrey Eugenides, The Virgin Suicides. Ça reste encore un de mes films préférés à vie. Quel splendide début. J'allais la suivre. Lost in Translation, pour le traducteur que je devenais, visait tout aussi juste. Avec un air de La Noche d'Antonioni. Un des mes absolus films préférés. Dans ce film aussi, Bill Murray incarnait un peu le blues du mari de Sofia, alors, le réalisateur Spike Jonze. Leur mariage s'étiolait. S'éteindrait la même année. J'ai vu aussi ses trois films suivants, y trouvant un certain esthétisme séduisant, un rythme souvent bien choisi, mais questionnant de plus en plus ses choix. Elle ne me convaincait plus. Je n'ai pas vu ses films de 2017 ou de 2020, ni Fairyland, qu'elle a produit.Dans mes yeux, elle n'a jamais retrouvé ce qu'il y avait de si bon dans ses deux premiers films , son one-two punch, et j'avais un peu perdu confiance et intérêt.
Une constante de ses films est la captivité et l'isolation. Ce qu'elle connait de près, coincée dans la famille Cinéma/Coppola et souvent égarée sur les plateaux dès l'enfance. Un égarement qui s'est traduit par de la errance et de l'apesanteur dans ses films. Souvent fort jolis ainsi. Poure reprendre Franz Kafka, ses films sont des cages cherchant des oiseaux. Ça peut être très très beau.
Sofia est sensible au beau. On se serait remarqué à l'école secondaire...
Il n'est donc pas étonnant qu'elle se soit intéressée à une autre cage cherchant oiseau.
Son dernier effort, lancé en salle le 27 octobre prochain, racontera Priscilla Beaulieu, faite Presley, à 21 ans, mais qu'Elvis rencontrait pour la première fois, en 1959, quand elle n'en avait que 14. Fille d'un colonel qui était dans l'entourage du King pendant son service (et de son gérant le Colonel Parker), Elvis sera sur le choc d'apprendre qu'elle est si jeune. On le dira chaste jusqu'à ce qu'il la marie, ce qui est très possible étant issu d'une éducation très religieuse, et du Sud des États-Unis. Mais justement...du Sud des États-Unis où il était alors aussi possible d'officier des mariages et d'appuyer des unions pédopholiques. Elvis aurait été pur, dit-on. Il y a peu de pierres à y tourner. Peut-être ne veut-on pas le faire non plus.Sofia jouera cette carte de l'innocence.Ça rejoint son type de candeur. Et Priscilla, co-productrice du produit final, pouvait valider (ou pas) ce qu'on allait raconter. Son regard à elle était innocent et naïf. C'était Lady Diana, avant Lady Diana. Avec la même issue maritale désenchantée, un divorce, 6 ans après avoir été mariée au roi du rock'n roll. Alors qu'elle n'a que 28 ans. Mais le coeur de Priscilla bat toujours contrairement à celui de Lady Spencer. Que la télévision fait aussi revivre en ce moment. La sixième et dernière saison de The Crown est une promesse d'automne.Il n'y aura pas que Priscilla qui sera encagée dans le film de Sofia.
Elle a le regard trop fin pour ça.
La célébrité du King, sa dépendance aux barbituriques. Il s'est piégé lui-même avant d'avoir le même destin que Diana. Précose.
Le film de Sofia a toutes les chances d'être parfaitement hanté.
Ça me charme déjà et m'enchante.
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