Dexy's Midnight Runners

 

En 1978, Kevin Rowland , utilisant alors le pseudonyme de Carlo Rolan, chante et joue de la guitare. Tout comme son ami Kevin "Al" Archer. Ils sont du band The Killjoys. Les deux changent leurs noms car on ne veut pas 2 Kevin dans le même band. Un band punk. Ensemble, ils composent un morceau qu'ils voudront être le son de leur nouveau band. Un band qui prendra son nom d'une amphétamine en mesure de vous garder éveillé 24h. Si on voulait en acheter de manière illicite dans la rue, on l'appelait la Dexys Midnight Runner.

"Big" Jim Patterson sera un élément clé du son que voudra Rowland. Un trombone. Autour de lui, Geoff "JB" Blythe et Steve "Babyface" Spooner (au saxophone), Pete Saunders aux claviers, Pete Williams à la base et John Jay à la batterie. C'est la première formation qui joue ensemble sur scène. Dans un an, Bobby "Junior" Ward remplace Jay à la batterie. Il y aura toujours beaucoup beaucoup beaucoup de mouvement de personnel et autour de 6 albums, entre 1980 et 2023, pas moins de 53 membres feront partie du band. Kevin Rowland restant le seul à y rester tout le temps. Le band irlandais fait les premières parties de The Specials. Rowlands design un "look" pour son band en portant du linge de romanichels. Des casquettes de Jamaïcains. Une salopette parfois attachée d'une seule bretelle. On veut du style avec le son. Quand on joue pour son band, il faut quitter son emploi du jour afin de pratiquer ensemble toute la journée. 

On se trouve un esprit dérivé du film Mean Streets de Martin Scorsese. Avec l'arrivée de MTV, le concept de l'image devient important. On tricote un single qu'EMI accepte de lancer. Le single sera choisi single de la semaine. On a donc carte blanche pour un second, qui sera non seulement plus apprécié mais sera #1, en Angleterre. Le morceau est un hommage à Geno Washington que Rowlands voit à l'âge de 11 ans, et qui le marque à jamais. EMI trouve donc l'argent pour leur faire faire un album. Un album qui réunira les deux singles, mais offrira aussi 9 autres morceaux. Les critiques sont inégales et ça affecte Rowland. Il impose un embargo sur le band, interdit de parler aux journalistes, venez plutôt les voir en show. Ils achèteront des pages de publicités dans les journaux afin de se promouvoir. Beaucoup de mouvements de personnel se font suite au premier album, d'autant plus qu'EMI tient à payer 5 ou 6 membres, mais pas 12. Alors la moitié du band, ayant quitté son emploi pour ce band, ne gagne donc rien et choisit de larguer le groupe.

Rowland se battra souvent afin que tout le monde soit payé, allant même jusqu'à voler les bandes maitresses du second album, et ne les retourner que sous promesse de payer 12 membres de Dexys Midnight Runner.  Helen O'Hara et Steve Brennan se joignent, aux violons, pour le second effort, lancé en juillet 1982. Et dont le second single fera un malheur, #1 aux États-Unis comme en Angleterre. Une reprise d'une légende voyou irlandaise (Van Morrison) sera le dernier single de ce second album qui sera #2 en Australie, en Angleterre, #10 au Canada et #14 aux États-Unis. Hybride de la musique soul, celtique et pop, le band ne semble suivre aucune tendance du début des années 80 et simplement forger une identité qui est leur. Il ne rejoindront plus jamais les chiffres qu'ils atteignent en 1982-1983.

Je les découvre sur le disque Rock 83 un des premiers 33 tours que nos parents nous achètes pour nous, pré-adolescent.

Pour rigoler, en tournée, on choisit de chanter Jackie Wilson Said (I'm in Heaven When You Smile) devant une photo de Jocky Wilson et non de Jackie Wilson. Jackie Wilson était un chanteur soul des années 50-60, Jocky Wilson, un champion de darts écossais très en vogue au début des années 80. 

Certains membres du groupe ayant quitté deviendront General Public.

En tournée jusqu'en Amérique, Rowland est frappé du succès de Come on Eillee. Il commence une liaison avec sa violoniste O'Hara et perd sensiblement intérêt autour du band, où les membres partent et reviennent, sans cesse.  De son propre aveu, il s'auto-détruit physiquement et mentalement.

O'Hara et lui se séparent intimement mais continueront de travailler ensemble pour le troisième effort lancé en 1985. La batteur d'Al Green se joint à eux, ce qui honore grandement Rowland. Ils sont toujours très stylés, mais ne bénéficient plus de la naissance de MTV qui faisait tourner excessivement leur clip de Come On Eileen dans leurs premières années d'existence. En 1985, tout le monde a un vidéo pour ses chansons. Pour se distinguer, il faut donc plus. La production du disque est longue et ardue et un morceau très long débuté par une simple conversation ne fait pas l'unanimité. Rowland, voyant le réception fragile, choisit de ne pas lancer de single. Comme le faisait Led Zeppelin. L'album est un échec. La tournée qui suit est jouée devant des sales à moitié-vides. Rowland commence à souffrir d'excès de consommation de drogue. 

Rowland choisit de faire un album solo que personne ne remarque et sombre encore plus dans la drogue et la dépression. Se rendant au chômage, quelqu'un le reconnait dans la file et chante "Come On Eileen".

Dans les années 90 une compilation du band les fait renaître un peu, mais sans plus. Rowland essaie de remonter son band, mais sans succès. Fait du solo. Ce n'est qu'en 2012, et sous le nom de Dexys, qu'un nouvel album se fait. Avec Pete Williams, Mick Talbot, Neil Hubbard, Big Jim Patterson, Madeleine Hyland (qui chante aussi) et Lucy Morgan.

On fait des tournées pendant 3 ans. La soeur de Mäire Fahey*, incarnant "Eileen" dans le clip de 1982, Siobhan, se joint à leur tournée. Le jour de la Saint-Patrick 2016, on lance un 5ème album. Pour le 40ème anniversaire de la sortie de Too-Rye-Ay, comprenant leur plus gros hit, on prévoit une large tournée, mais la pandémie vient scléroser tout ça. 

Un nouvel album a été lancé le 28 juillet dernier. 

Cette année marque les 45 ans de création de ce band irlandais aux sons heureux.

*Dont j'étais si amoureux vers 11-12-13 ans...