Lire c'est ce que je fais en tout temps en tant que traducteur. Ce n'est même plus travailler c'est simplement une extension de "voir".
Lire c'est s'insérer dans un monde qui n'est pas le sien. C'est affronter des propositions parfois contraires, c'est explorer des univers mentaux, c'est s'ouvrir les sens, c'est accepter de respirer sur le rythme d'un(e) autre.
Et respirer c'est vivre.HEY NOSTRADAMUS! de DOUGLAS COUPLAND.
Au nombre d'écrivains sur terre, je m'étais donné comme règle de ne jamais placer deux fois le même auteur dans cette case de chronique mensuelle. Je déroge. Le livre s'est imposé tout seul cette semaine.
Je suis grand amateur de cet auteur canadien.
4 narrateurs nous accompagnent dans ce livre. La première a été tuée dans une tuerie scolaire, à Vancouver. Les trois autres nous parlent de l'après tuerie. Immanquable tatou moral indécrottable de nos peines intérieures. Mais Coupland n'est pas que touchant, il est aussi extrêmement drôle. Ce livre n'est pas que tragédie. Il explore et répertorie plusieurs formes de tragédies, et critique les multiples manières de composer avec le deuil, de sa parfumer de la saveur d'un drame, de plaquer les effluves d'une tragédie sur les autres. À la toute fin, on y trouve une étrange sorte de paix et une rédemption.
Bizarrement, le livre nous fait réaliser à quel point notre planète peut être belle et comment chérir même les petites choses de la vie. Le livre nous fait réaliser que parfois, nous ne sommes qu'au bon endroit, au bon moment. Parfois, surtout pas. Les thèmes sont nécessairement assez sombres de par la nature des événements présentés, qui, ici, au Canada, relève du 4 cas par 50 ans, tandis qu'aux États-Unis, on parle de plus de 365 par année. Pour les têtes mentalement équilibrés, c'est une très saine lecture. Coupland peut flirter parfois avec la prétention, mais il ne faut pas confondre prétention et confiance. Son écriture est amusante, souvent agressive autour de certaines idées, mais toujours axée sur la condition humaine et ceux qui l'influencent. C'est un commentateur culturel redoutable. On est dans la satire trempée de drame. On est dans la fiction mais dans les réalités du coeur et de la tête.Le fait que la tuerie s'impose dans une classe de jeunes étudiant le religion n'est pas innocent non plus. Coupland a été largement affecté par la religion dans sa vie. Nous le sommes tous encore. Pas toujours avantageusement. La religion tue davantage qu'elle n'aide. Deux balles viennent de m'effleurer les oreilles en disant ceci. Je ne me trompe donc pas.
Drôle, futé, habile, poignant, forcément tragique, sarcastique, Coupland avait été inspiré du drame de Columbine pour écrire ceci.D'ailleurs, dans le type documentaire, et afin de me faire pardonner de vous parler une seconde fois de cet auteur que j'aime beaucoup, je vous suggère aussi Columbine, de Dave Cullen, dans le type docu-réalité.
Intense lecture, brillante, bouleversante et touchante aussi.À tous les pro-armes à feu, qui, dans vos vies doit mourir de la violence gratuite d'une fusillade, pouvant survenir en tout temps, aux États-Unis, pour que vous ayez envie d'effleurer le sujet du contrôle des armes à feu ?
C'est prêcher dans le désert, je sais. Mais peut-être qu'un jour, surement longtemps après mon passage sur terre, on parlera tristement de notre époque et de ces gens comme d'une époque ratée.
Où les choix n'auront, trop longtemps, dramatiquement, pas été les bons.
Y a un endroit plus bas, où trouver un hockey est très difficile, mais 300 fusils vous sautent aux yeux.
Je suis content d'être du Québec d'Amérique.
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