Dans le même ordre d'idée, POURQUOI faut-il toujours placer la personne qui parle de météo, dehors, dans la tempête, sous la pluie, le cheveux dans la tornade, pourquoi pas en bikini sur la plage ou en train de se bronzer pour être la continuité logique, si la météo le commande ? On est pas cons! On comprend qu'il fait chaud si on ne vit pas en dessous d'une roche. Qu'il neige si on ne vit pas dans une grotte. Qu'il pleut si on ne voit pas madame se faire revirer le parapluie par le vent.
Les journalistes ont la vie dure depuis plus de 2 ans avec la pandémie. Les moins équipés intellectuellement les taxent de véhiculer du faux, ce qui est toujours composante du journalisme, qui, si il est pratiqué responsablement, garde le faux éphémère et se rétracte, réajuste. Comme un gouvernement qui vit une pandémie pour la première fois en 100 ans. On se trompe, on est humain, on fait preuve d'humilité et on corrige.C'est ce qui est arrivé à la journaliste d'Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, une Femme formidable, au mauvais endroit, au mauvais moment.
Shireen était née le 3 janvier 1971, à Jérusalem, d'une famille de Bethlehem. Passant une bonne partie de sa vie de jeune fille aux États-Unis, elle y a décroché sa citoyenneté Étatsunienne. Brillante élève, elle a logé chez des tantes du New Jersey une partie de sa scolarité là-bas. Elle fait son école secondaire (de 12 à 17 ans) en Palestine, puis à étudié en sciences et technoligie, à l'université de Jordanie, afin de devenir architecte. Elle a, au final été diplômée en journalisme. De retour en Palestine, elle a été vite travaillé pour Voice of Palestine et Radio Monte-Carlo. Elle travaille pour l'Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, pour des stations satellites d'Amman, pour le Comité Éxecutif de l'organisation de Libération de la Palestine, avant de devenir journaliste pour la station télé Al-Jazeera à partir de 1997. Non seulement une des premières correspondantes étrangères de la station, elle sera aussi une des rares Femmes à y travailler à l'image. Elle habite alors Jerusalem Est et y travaille aussi. Pendant la Seconde Intifada, elle fait beaucoup de reportages sur les funérailles des nouveaux morts, ce qui la fait largement connaître du camp ennemi Israélien qui l'écoute avec un crayon comme un bureau de statistiques. Elle couvrait aussi sobrement, ne voulant pas mettre davantage d'huile sur le feu qu'il y en aurait déjà, la politique israélienne. Mais ses engagements personnels trahissaient ses positions. Elle était souvent branchée par la BBC, au Royaume-Uni. Elle était admirée des téléspectateurs et des collègues de travail. Elle étudiait depuis un bout de temps l'hébreu afin de mieux comprendre le narratif d'Israël.C'est Israël qui l'a tuée, avant-hier. Alors qu'elle tentait de faire un micro. Trop près du feu de la guerre. Casquée et avec veste pare-balles. Ce qui n'était pas assez. Une balle l'a atteinte mortellement. Je dirais que ça m'a fait moins de peine que mis en colère. Contre elle, pour les raisons évoquées plus haut. Mais aussi contre la profession et ces exigences. Contre Israël et ses abus. Toujours difficiles à digérer. Les excès Palestiniens sont aussi intolérables. Mais viser les pigeons voyageurs ? Tenait-on aussi à prouver par mille que la première victime d'une guerre est toujours la vérité ?
J'ai beaucoup pensé à elle depuis mardi. Elle avait 51 ans. C'est l'âge entre ma conjointe et moi. C'est l'âge de multiples de mes amis. ça aurait été une collègue scolaire. On ne devrait jamais partir à cet âge. Brutalement comme ça. Tous mes amis de cet âge ont réussi dans cette vie qui ne voulait pas de nous sur le marché du travail en 1993-1994. Qui ne fait pas encore beaucoup de place. Qui encaisse 100% la hausse grotesque et infâme du prix de l'essence depuis que ma génération est en âge de conduire des voitures. Shireen avait grandement réussi dans la vie. Une vie folle. Qui ne voulait pas plus d'elle qu'on voulait de nous, au sortir des universités. Israël ne la voulait certainement pas. On a visé là où le casque ne protège plus. Ce n'était pas des balles perdues. Mais des balles visées.Des funérailles nationales ont eut lieu jeudi. Elle a été enterrée vendredi. Aujourd'hui, on pleure son souvenir.
On pleure l'impuissance palestinienne.
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