vendredi 20 mai 2022

Nouveau Poison Public

Non, je ne vous parlerai pas de vaccins. Je loge franchement ailleurs là-dessus.

Suivant les séries éliminatoires de hockey de la LNH, depuis quelques semaines, j'ai été aussi épaté par ce qui se passait sur les patinoires que dégoûté par ce qu'on me harcelait entre les arrêts de jeu. J'ai connu une époque franchement pas si lointaine où quand il y avait une pause commerciale, on revenait au match qui ne cessait pour absolument rien. Parfois, on manquait même un peu d'action (parfois même un but!) simplement parce que le match n'était en rien soucieux des caméras ou des télés. Les pubs étaient alors forcées à 10-15 secondes.

Les bandes étaient complètement blanches et on avait pas encore compris que l'argent était la carotte face aux ânes que nous sommes. Depuis, les contrats de télévision ont pris le contrôle de la LNH et ce sont eux qui commandent les arrêts de jeu. Le sens d'un temps d'arrêt pour reposer ses joueurs est devenu de moins en moins pertinent. Quand on assiste, sur place, à un match, le rythme est dramatiquement changé. Plein d'intrus sur la glace. Imaginez un spectacle rock, ou un film, ou une dizaine de fois, on arrêtait tout pour vous parler de livraison de souper à domicile, de burgers au grain de veau végétal ou de beignes au café.

Fameusement débandant.

Le hockey de la LNH c'est maintenant ça. Dominé par l'argent au point qu'une lumière rouge, près du banc des pénalités indique aux arbitres quand reprendre le jeu, une fois les commerciaux terminés. Parce que maintenant TOUS les matchs sont diffusés, avant c'était un ou deux par semaine. Hier, il me semble. Le boss, c'est maintenant la télé dans la LNH.

J'ai vu toutes ces transformations avec le temps. Pas toujours heureux. Je suis déjà assez peu sensible à l'argent* et largement intolérant aux publicités. Je sens vite que la couleuvre me bouche le gosier et j'étouffe facilement. Le summum de l'absurde survient quand je regarde quelque chose sur Youtube et que pas une, mais 2 publicités de 1:10 à 2:25, que je ne pourrai pas ignorer, devancent ce que je veux voir...et gèlent!!! C'est un peu comme si on me tirait du sommeil profond, un samedi matin, en sonnant chez moi, et que le vendeur de Jésus à ma porte bégayait sans cesse avant de prononcer une phrase complète. Même irritation. Le titre de ce blogue est absolument représentatif de ma personne. L'entièreté de ce blogue, en fait. 

Quiconque me connaît sait que je suis extrêmement résistant au marketing et à la publicité. À la télé, c'est la même chose. Comme je place continuellement les pubs en sourdine, et que les matchs de hockey sont souvent disponibles simplement à la pénible station TVA Sports, si je n'écoutes pas en anglais ailleurs, j'écoute tout en sourdine. Comme Matt Damon me vendait un temps, le piège (qui serait aussi poison) de la cryptomonnaie, j'ai compris (à tort) qu'Ewan McGregor me vendait la même chose alors qu'il me vendait une compagnie de voyage. La direction artistique, les idées étaient presque les mêmes.

Mais je n'écoute pas en sourdine tout le temps. Et là, l'agression devient formidablement lourde. 

Les sites de paris sportifs. 

Bet99, Bet365, Betmgm, BetTy&Veronica, BetMidler, CHRIST! Bet365!!!! on suggère dans le nom même de jouer TOUS LES JOURS D'UNE ANNÉE!!!

Des gens qui nous parlent directement à la caméra pour que ceux qui les paient, forcément très très grassement, puissent mettre la main plus profondément dans nos poches.

C'est une blague de mauvais goût qui fait tache d'encre. Je me suis posé la question très franchement, quand mes enfants auront mon âge, dans quelques 30 ans, parleront-il de cette époque aussi risiblement que nous parlions des pubs de cigarettes des années 60-70 ?

Les sites de paris semblent être les uniques commanditaires des matchs de la LNH. Et ils paient forcément bien. Georges St-Pierre, Wayne Gretzky, Auston Matthews, Aaron Paul, Matthew Barnaby, Oh! un pou! Renaud Lavoie, et combien d'autres ? nous parlent de "jouer responsablement". On nous promeut de manière excessive, un potentiel de dépendance important. Grave. St-Pierre, Gretzky Matthews...ça n'a pas besoin d'argent...Les publicitaires doivent payer la lune et même une galaxie ou deux.

Dans la catégorie de la meilleure subtilité: Auston Matthews. Joueur qui fait perdre tout le professionnalisme aux analystes sportifs de Toronto, qui est l'unique personnalité à ne pas parler du tout pendant sa pub. Marchant tout simplement dans un hôtel, comme si en préparation pour aller à un endroit important. (Un casino...genre.)

Dans la catégorie du plus égaré: le journaliste Renaud Lavoie. Un jugement qui laisse pleinement à désirer depuis toujours et qui est profondément absent de cette pulsion marketing.

Dans la catégorie de la plus pernicieuse des embauches; Aaron Paul. ARE-YOU-KIDDING-ME?

L'acteur est connu principalement pour le rôle qui l'a propulsé comme visage à reconnaître partout dans le monde: Jesse Pinkman ; jeune dealer de drogue s'associant à son plate professeur de chimie afin de former un véritable empire du commerce...DE LA DÉPENDANCE AUX DROGUES!!! dans l'excellente (et à voir!) série Breaking Bad.

Ça ne s'invente pas.

Il propose maintenant, aux cerveaux vulnérables, la dépendance au jeu. 365 jours par année. 

6 mots en majuscules: TU NE PEUX PAS BATTRE LA MACHINE.

Ce sont des mots immensément importants qu'il faille dire aux accrocs du jeu.

Vous comprendrez que je n'en suis pas. Je n'achètes pas de billets de loto non plus. 

Brandir le poison avec une telle fréquence, ça me donne l'impression qu'on marche dans les pires secteur de Baltimore dans la (tout aussi fabuleuse) série The Wire, sans l'avoir demandé.

Voyez ? Je me dis anti marketing et voilà que je vous suggère, pas une, mais 2 (très très bonnes) séries télés. (Good Girls aussi-Breaking Bad au féminin, c'est sur Netflix, fameusement drôle en plus). 

Moi c'est du yogourt ou du pop corn. Eux c'est du poison. Ne sombrons pas dans le sommeil profond. Mais cesser de sonnez à nos portes.

J'invite à largement les écouter en sourdine. Renaud Lavoie, en sourdine en tout temps, idéalement.   

*Remplissant un sondage gouvernemental sur ma nature autochtone, j'ai dû demander à ma conjointe, je ne le savais pas, c'est dire mon intérêt, combien je gagnais par année. (elle travaille à la banque).          

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