Une culture qui tue ses enfants n'a aucun futur. Les États-Unis vascillent entre la lutte à la violence, sa propagation volontaire et involontaire, et son inaction nihiliste. Mais ça achève, espérons nous tous très fort. Humains de la planète terre, rationnels.
Les familles endeuillées d'Uvalde, au Texas, ville du comté de Hill, à quelques 130 kilomètres de San Antonio, font maintenant face à l'irremplacabilité de la vie sous la forme hantée de la moins naturelle des incarnations. Ton enfant se rend à l'école pour y mourir violemment. 19 fois. 2 Adultes perdent aussi la vie. L'assassin périt aussi. Des dizaines d'autres enfants sont blessés, physiquement, moralement à jamais. Dans leur deuil, on rejoint les quelques douzaines de communautés qui vivent la même chose aux États-Unis depuis seulement 5 mois. Dans les mêmes circonstances: une tuerie scolaire. Et dans cette torture de la semaine, une twist, des enfants de l'école primaire. L'âge tendre de 10-11 ans. Des visages poupins. Des yeux rieurs sur des visages plein de baby fat. On rejoint les familles déstabilisées à jamais des victimes de la garderie de Sandy Hook, autre épisode cauchemardesque annihilant d'y il y a seulement 10 ans.
Mais ce bref rappel des faits sous estime à la fois la largeur du problème et à la fois la nature de celui-ci. Le style de vie Étatsunien est au coeur du problème. Il n'est pas axé sur ce qui serait bien, mais sur plutôt rien. La violence en soi est devenue aussi inoffensive qu'une pub télé. La largeur du problème inclut tous les aspects, toutes les facettes de la vie que la culture Étatsunienne touche, dont tous les éléments de leurs quotidiens.La violence engendre les blessures qui engendrent la mort. Et chaque culture qui vascille entre la lutte à la violence, sa propagation volontaire et involontaire, et son inaction nihiliste, se précipite vers la fin ultime du développement de cette culture. Elle développe une culture de la mort. Une telle culture est une maladie capable de se transformer, de muter, de croître faisant naître des phases toujours pires. Les solutions des fans de la NRA sont gravement pires. Armer les élèves ? Armer les profs ? Rendre les armes plus accessibles à tous ? Envoyez les élèves dans des écoles "peu propices aux tueries" ? (entendu à la télé d'un adulte, avant hier). Armer davantage les policiers aux portes des écoles ? Ce pays n'est pas en guerre, il est entre eux.
Les États-Désunis se replient sur eux-mêmes. Très bipolairement. Le futur partagé, entre Étatsuniens, est délibérément altéré au point qu'aucun futur sain n'est promis. Le présent est sombre, peu d'espoir pour le futur et une furieuse tendance à vouloir répondre à la violence, par la violence.Vivre sans espoir, c'est cesser de vivre, disait Balzac.
Les assassinats d'Uvalde ne sont que le pointe d'iceberg dans l'échelle de la violence du pays d'en bas. Cet iceberg colore la personnalité du pays. Les tueries dans les écoles ne sont qu'une sous-catégorie des tueries de masses aux É-U. Qui elles-mêmes, sont une sous catégorie des crimes par armes à feu. Les États-Unis surpassent tout le monde sur terre dans toutes les catégories de morts par arme à feu, entre eux. Quand les indicateurs de crime violents ne ralentissent pas dans un pays, c'est qu'il implose. Après la grave erreur Trump, le déclin total devient pensable. Mais ce ne sont pas les signes d'un pays qui éprouve des difficultés à s'affirmer vers une paix solide, ce sont les symptômes morbides et cicatrisant d'une société très incomplète. Dont la maturité fait douter. Les leaders là-bas ont la maturité de plus en plus douteuse. Ne plus jamais avoir le droit de dire le mot "gay?" (Gouverneur de la Floride) Demandez à ces citoyens de "step it up because I'm embarrassed!" d'apprendre que son État est maintenant #2 dans l'achat d'armes à feu chez les civils ? (gouverneur du TEXAS).Les choix faits par les élus sont strictement financiers. Rien d'humain là-dedans. Juges inclus.Ce repli social se sent partout. Les milléniaux sont la génération représentant le plus faible taux de maternité/paternité de l'histoire de l'Amérique du Nord. Ils sont majoritairement incapables de s'acheter une maison. L'apauvrissement se creuse parmi les mères monoparentales. C'est pas un signe de santé.
Ce qui est regrettable est de sentir qu'il n'y aucun espoir. C'est ce qu'on a beaucoup entendu depuis la tuerie d'Uvalde: rien ne changera. Que ce soit individuel ou national, écologique ou sanitaire ou social, on a jamais parlé autant de la fin de quelque chose.
Chose qui pourrait être la fin d'une certaine manière de vivre. Pour le moment on est plutôt frappé par une certaine manière de mourir. Choisie. CHOISIE.La loterie des tueries scolaires ne peut tout simplement plus continuer. Et pourtant, on ne freine rien. Au contraire. On huile le feu. Sandy Hook était le point final. Puis Parkland. Et Newport. Oh et puis merde, c'est si payant les suites, tournons le même film. Les ventes de fusils "pour se protéger" vont exploser au Texas.
Columbine, avant et après n'ont jamais été la fin d'autre chose que celle de notre étonnement des faits. On trouvera intolérable quelques 7 jours. On passera à une autre indignation du Journal de Montréal.Ça ne cessera jamais. L'envie de réduire l'accès aux armes est un post-it qui décolle du frigo. La première chose qui a fait le tour des médias, le jour de la tuerie, le lendemain, encore hier: armer plus pour se défendre. On ne veut pas la comprendre la maladie mentale. On veut l'abattre.
Ce sera interminable. Avec forte insistance sur les 3 dernière syllabes. Le déclin moral a des effets pernicieux. Étranges et grotesques. La résignation prends les formes de colère, vengeance, perte de confiance, hypervigilance, dépression, retrait, nihilisme, cynisme, mégarde.
Folie. Folie de la persécution.
On ne voit pas le fruit mur qui ne demande que d'être cueilli et croqué. On voit le ver qui en sort.
Le fruit de la culture de la mort.
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