Après avoir entendu les nouvelles, vu
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Ne m'adressez plus la parole directement à la caméra!
Outre Élodie Grenier, la nouvelle Passe-Partout, que je ne me lasse pas de trouver plus belle chaque fois qu'elle dit sa ligne qui ne comprend que les quelques mots (je crois, je tombe dans un état second et n'écoute plus) "que les enfants", je ne suis vraiment plus capable de voir des gens parler directement à la caméra de ma télé. Ce qui a eu comme effet secondaire qu'on a jamais écouté autant de films en fin de journée, ou suivi de séries télés sur Netflix.
Ce qui n'est pas complètement malsain non plus.
Mais, déjà qu'on doit se taper, chaque matin, vers 11h00, les conférences de presse de l'ancien prof d'arts dramatique, qui n'a pas encore mis le pied au bureau depuis le début du confinement, qu'il faille aussi se taper le point de presse de son équivalent Québécois, toujours un peu infantilisant, et cette semaine, la difficile à souffrir Vice-Première-Ministre Guilbeault qui nous as souhaité toujours plus dociles et obéissants...AARRRRRRRRRRRRGH! Dur de ne pas avoir envie d'ensuite tuer des bébés phoques!
J'en ai assez aussi de tous les facetime, zoom, appels conférences, qui n'ont jamais offert de belle images télé, et dont les gens, maintenant, se plaisent à mettre en scène, leur propre chez eux. Nathalie Petrowski agence son décor avec ce qu'elle portera comme linge en se présentant sur facetime. Tremper dans la coquetterie est maintenant de rigueur. Avez vous compté les olives dans la cuisine de Céline? C'était le même nombre (et le même clip) dans le spectacle virtuel Étatsunien que dans le spectacle virtuel canadien. Cheap de sa part.
Emmanuelle Latraverse a une peinture assez drabe dans son décor. Paul Journet, a, en revanche plus de livres de Hunter Thompson dans sa bibli que j'en ai moi-même. (un de plus). La cuisine de Marie-Soleil Dion offre peut-être la meilleure connexion internet, mais c'est pas super télévisuel. Encore moins avec son chum en arrière qui distrait. Je m'attends toujours à ce qu'il entre sa tête (tuquée) dans l'évier sans raison. Simplement pour expliquer sa présence dans le décor.
Andrew Scheer parle trop près de la caméra. Voyez? on ne s'intéresse plus au contenu, mais au contenant! Ce qui n'est pas gratuit, après tout, en télé, puisque c'est un média visuel. À la radio, on ne demande pas à ce que les gens qui nous parlent soient esthétiquement beaux et bien mis en scène (navrant, ils le sont pas mal maintenant). On a perdu Martine Biron cette semaine, en pleine discussion virtuelle, aux nouvelles, parce que sa connexion internet à fait défaut.
Tout le monde a vu cette femme qui a exposé par inadvertance les fesses de son conjoint quand il allait prendre sa douche. Ce n'est pas elle qui s'en était approchée, mais sa caméra était dans le trajet de la douche.
Et cette autre femme qui a oublié sa cam ouverte en pleine conférence de groupe et qui a baissé son pantalon en s'assoyant sur le bol, faisant craquer de rire plusieurs de ses collègues.
Ou ce patron qui a accroché une application qui a transformé sa tête en patate et qui ne savait plus comment ramener sa vraie face.
On dit que le confinement changera nos habitudes à jamais. Qu'on gardera nos distances pour toujours. Qu'on ne travaillera plus de la même manière mais plus souvent en télétravail. On entre donc dans une ère de mise-en-scène. Dont le terrain a largement été débroussaillé déjà par Instagram depuis longtemps.
Je ne suis franchement pas certain que j'ai envie de cette vie là. Le futur ne me parait pas lumineux du tout à cet égard.
Le film de ma vie n'avait pas besoin de tant de mise-en-scène. Je vais me rapprocher de Ducharme, Salinger, Pynchon, Henri Miller, tous des idoles, à bien y penser, et je vais commencer à fermer mes portes sur le monde extérieur.
Si ce qu'on me promet est tant de mises-en-scène, je me donne le droit de résilier de ne pas m'abonner au théâtre pour la saison.
Saison qui s'annonce longue.
Ironiquement, quand j'entends à la télévision "Le Québec est en pause", je ne me sens alors pas du tout Québécois. Car je n'ai jamais ralenti. Je travaille toujours comme un dégénéré. Trop. En trop peu de temps. Pour trop peu. Et je passe de régions en régions. Je ne demanderais qu'à être confiné. D'être en "pause". Mais ostie que je bosse. Vers 19h12, tous les soirs, je suis à moitié mort. J'ouvre la télé...et je tombe sur ces faces...AARRRRRRRRRRRRGH!
Je n'ouvre plus la télé. Sinon parce que je sais exactement ce que je vais regarder.
Écouté Fellini cette semaine.
À quand autant d'audace dans la mise-en-scène?
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