Lire est une activité psychosensorielle visant à donner un sens à des signes graphiques recueillis par la vision et qui implique à la fois des traitements perceptifs et cognitifs.
Moins drabe, lire c'est se faire inviter dans un nouveau monde, un nouvel univers, une nouvelle dimension, une pensée, une poésie, de nouvelles idées, des visions. Lire, pour moi, ce n'est pas complètement consciemment un travail. Je suis traducteur. Je lis tout le temps. Et c'est un constant plaisir. J'espère que c'est la même chose pour vous, ici.
Lire c'est aussi apprendre. Apprendre à respirer autrement. Et respirer, c'est vivre.
ASK THE DUST de JOHN FANTE
1939.
John Fante est un jeune homme de 30 ans. Il aspire à devenir écrivain. En fait, il aspire à en vivre, car on est écrivain ou on ne l'est pas. Il a déjà écrit un livre, un an avant, Wait Until Spring, Bandini, nous présentant son alter ego, Arturo Bandini. Un écrivain de Los Angeles tentant de vivre, difficilement de son talent d'écrivain. Les deux livres ne vendent pas si mal mais sont surtout archi populaires beaucoup plus tard, quand l'auteur, tout aussi amusant, Charles Bukowski, le cite comme son auteur favori ou le fait citer par ses personnages comme le meilleur auteur. Bukowski en sera largement inspiré dans ses propres écrits. C'était de toute évidence son auteur préféré.
Fante écrit la Grande Dépression. Il en est l'écho comme John Steinbeck a aussi pu l'être. Mais il a un rythme nettement différent. Plus personnel. Et plus débauché. Bandini est, comme Fante, d'origine italienne et passe de Boulder, au Colorado à L.A. 5 mois plus tard, il lutte toujours pour survivre en Californie. Il tient à vivre de ses écrits et veut devenir un grand écrivain. Il se prend une chambre au Alta Loma Hotel, à Bunker Hill, avec un peu plus que 150$ dans ses poches. Il traîne ses valises contenant des revues qui l'avaient publié et les gens de l'hôtel s'intéressent assez peu à lui et à ce qu'il fait. Trop occupés à vaincre la famine, le soleil ou encore la poussière du Dust Bowl.
Celle qui a servi de modèle pour Camilla |
Son écriture est fort bien rythmée. Pleine d'ardeur et de désirs. Que ceux-ci soient innapropriés (parfois) ou encore légitimes. Le Los Angeles de la Grande Dépression est un personnage en soi comme Los Angeles est un personnage dans les films To Live & Die in L.A., Chinatown ou L.A. Confidential. Les tempêtes ne sont pas que figuratives ou intérieures dans ce livre, elles sont aussi réelles.
Le portrait de l'artiste inconfortable et socialement imparfait est assez impressionnant. Il nous semble vrai. Triste et amusant à la fois. Un pathétique de belle couleur. Avec des phrases mélancoliques comme : "I didn't ask any questions. Everything I wanted to know was written in tortured phrases across the desolation of her face"
Les amateurs de Charles Bukowski et même d'Henry Miller, y trouveraient leur compte.
Un film a été fait du livre en 2006, par Robert Towne, scénariste de Chinatown, mais il est trop propre pour y rendre justice.
Recommandé par chaude journée comme today.
Pour bien sentir les années 30, la côte Ouest, l'insécurité morale de celui qui se sent toujours en marge de la société, voilà un livre-miroir assez réussi.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire