Les doigts de Debra pianotent sur des livres en hauteur, dans une librairie. C'est un livre qu'elle y saisit.
Elle ne tend pas les deux bras dans les airs. Comme on aurait, dans pareille situation, l'obligation de faire.
Elle a les deux bras dans les airs en permanence,
depuis son enfance.
En permanence. Depuis les cours de danse. Où, ballerine, elle faisait la gamine. Et réchauffement sur réchauffement, on exigeait que les fillettes tendent les deux bras dans les airs tout le temps. Ce qui devint permanent pour Debra Henlair.
Forever.
Elle avait tout de même réussi à se décrocher un travail. Comme commis dans une librairie du village.Un village où elle n'avait jamais réussi à trouver preneur pour son grand coeur. Où pour un peu d'amour, il fallait faire acte de bravoure, et faire fi de ses deux bras en position d'hold-up pour toujours, un compromis inédit à ce jour.
Debra, avec cette étrange disposition physique, ne cadrait dans aucune dynamique. Elle observait la vie dans la marge. Trop seule pour une femme de son âge. Devant se pencher pour passer dans les cadres de porte. Trop longue pour les matelas de lit, se bras dans les airs vers la tête, comme attendant les menottes. Les choses les plus simples pour la plupart des gens, lui était un défi de tous les instants. Boire un verre exigeait un système de paille compliqué. Remonter un bas sur sa jambe obligeait des gestes déséquilibrés. Une certains créativité. Un banc tout près pour y élever le pied.
Debra était bonne dans ce qu'elle faisait. Sur l'heure du lunch tous les jours, dans les livres elle s'évadait. Des livres tendus à bout de bras. Des histoires comme elle n'en vivait pas.
Dans le joli quartier qui était le sien, elle quittait le travail pour le retour à la maison. Toujours attirée par le même son. Celui d'un jeune homme sans public y jouant de son accordéon.
Elle l'observait de loin, cachée. Jusqu'à ce que ses pieds, tout naturellement se mettent à danser.
Mais ce jour là, elle capta l'attention du jeune artiste. Plaça un sourire sur le visage généralement triste, de l'accordéoniste. Découverte, elle s'en effraya. Et à la course, de retour vers le lieu de travail, fuya,
Le jeune homme, prénommé Hansel, couru à sa recherche, séduit par elle. Il la trouva au fond d'une autre librairie, feignant d'y chercher un livre en hauteur. Elle avait fui, parce que battait trop vite son coeur. Il s'approcha d'elle afin d'aller lui chercher le livre qu'elle prétendait prendre. Le pris pour elle, dans la même position, d'un geste tendre, pour lui rendre.
Debra tombait en amour avec Hansel.
Celui-ci s'adaptait à ce qui était une disposition perpétuelle pour elle.
Intimidée par ce moment improvisé, elle fit semblant de s'étirer. Ne serais que pour ses bras, ainsi dans les airs disposés, aient un petit côté justifié.
Elle voulu prendre les jambes à son cou de nouveau, ce soudain intérêt envers elle, c'était beaucoup trop. Mais en quittant dans le désordre, elle en accrocha le cadre de porte, et en perdit sa sacoche.
Hansel la rattrapa pour la lui redonner. Levant à nouveau ses bras, les plaçant tous deux nez-à-nez.
Ses yeux à elle dans ses yeux à lui plantés. Avec l'étrange impression d'un premier baiser.
Hansel, lui offrant sa sacoche, garda ses bras dans les airs lui aussi.
Lui faisant comprendre qu'il était territoire ami.
Qu'il était prêt à ce compromis si c'était pour vivre avec elle.
Ce serait un différent Noël pour Debra & Hansel.
Tous deux les bras en l'air en permanence.
La naissance d'une romance.
Née dans la tolérance.
Joyeux Noël aux esprits ouverts.
Partout sur votre planète terre.
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