samedi 24 février 2018

Survies

Quand Elvis Presley à révolutionné l'offre musicale publique, autour de 1956, la planète en a eu pour presque 10 ans de nouveaux regards sur la présentation des artistes en public.

On le trouvait nettement trop sexuel pour le conservatisme religieux de l'époque. Puis nous ont été présentés les bad boys of rock'n roll, les Rolling Stones. Extraordinairement sexuels. (On découvrira les Beatles plus subtils, mais tout aussi sexuels, Lennon en tout cas). Et lentement mais surement, les termes sex, drug and rock'n roll sont devenus signes d'un style de vie dans le domaine musical. On utilisera même le sex, drug & rock'n roll, entre nous, quand on fera les fous certains weekend, par référence au style de vie des bands de musique. Et rien de péjoratif n'en serait alors pensé.

Jusqu'à nos jours.

J'ai personnellement beaucoup aimé Duran Duran dans les années 80, lorsque j'avais entre 8 et 18 ans, entre autre parce que j'admirais leur facilité à attirer de très jolies femmes dans leurs vies. Ils ont presque tous épousés des mannequins. Et je sais qu'avant de se marier, ils ont tous largement profité de la totale dévotion de leurs fans. John Taylor se questionne encore aujourd'hui sur l'âge réel de certaines de ses admiratrices avec lesquelles il a passé, jadis la nuit, et ne veut pas du tout connaître la réponse.

L'idée du band qui se tape ses fans au lit n'est pas nouvelle. Sex sells, c'est toujours le cas. Mais de plus en plus, il tue. Et ce n'est pas complètement une mauvaise chose.

Le 13 février dernier, en l'espace de 48 heures, le band canadien Hedley est passé de superstar a persona non grata. Banni par les stations de radios, abandonné par sa propre gérance, largué par de grands commanditaires, refusé de prestation au Gala prochain des JUNO et traité avec méfiance par les organisations charitables passées auquel le groupe avait fait affaire. Hedley, un groupe de musique des plus payants pour l'industrie, au Canada, est alors accusé d'inconduites sexuelles répétées par plusieurs de ses fans.

Une jeune femme de 21 ans, a discuté avec une amie proche du band, qui lui a raconté des histoires d'agressions qui l'ont fait frémir. Devant la perspective que cette histoire soit fréquente, la jeune femme a lancé sur Twitter un message aux potentielles victimes de la formation Hedley, en les invitant à confesser les histoires qui auraient mal tournées. Le réponse a été riche. Des jeunes femmes aussi jeunes que 14 ans se sont plaintes d'inconduites sexuelles répétées de la part de membres du groupe. Plus d'une cinquantaine de jeunes fans ont répondu à l'appel.

Il faut savoir que le groupe a un public extrêmement jeune. 35 ans et moins principalement. Même que dans au moins 2 de leurs vidéos, des enfants y sont clairement mis en vedette. Ça aide à forger un public assez jeune.

La jeune fille qui avait lancé l'appel reste anonyme. Parce que trop près du band. Elle ne veut pas que sa propre vie soit impactée davantage qu'elle ne l'est devenue par l'appel qui l'a vite dépassée. La précision de certaines des dénonciations ajoute à la crédibilité du sujet . Le groupe a nié dès le lendemain.

Mais devant la multiplication des dénonciations et les réactions publiques, c'est devenu autre chose.

Plus de 30 stations de la chaîne Corus Radio ont juré ne plus jamais faire jouer de Hedley sur leurs ondes par respect et support pour les victimes présumées. Les commanditaires sont tombés. Les organisateurs des JUNO leur ont suggéré de ne pas faire de prestation sur scène même si ils étaient nommé dans quelques catégories. Mais le gong de la crédibilité a sonné quand la gérance du groupe les as abandonné. Laissant alors croire que la gérance et le groupe ne s'entendaient pas sur le sujet.

Aucune accusation réelle n'a été déposée face à la loi. Mais un ressac autour du band a créé une grosse vague. Est-ce de la démesure ou de réelles histoires? Certaines sont si précises qu'elle semblent vraies. Mais on reste dans la conjecture et la présomption. Entre temps, le band lutte pour préserver son image.

Le traumatisme d'un viol ou d'une agression sexuelle peut être dévastateur. La peur, la honte, la perte de dignité, la solitude, l'isolement le souvenir malsain de l'expérience peuvent vous ravager les sens longtemps. Parfois toute une vie. Certains agressés tomberont en mode survie pour le restant de leurs jours.

Hedley a choisi de se retirer de la course aux JUNO dans lesquels ils concouraient. Ils ne seront fort probablement pas à la soirée de remise de prix non plus. Ils continuent toutefois leur tournée.

Ce qui ne joue pas en leur faveur, c'est les images qu'ils ont tournés dans leurs clips. Celui de Anything illustre absolument le style sex, drugs & rock'n roll dans lequel carburent des artistes depuis longtemps. La nudité y est partout. Ce ne serait pas mal si il n'y avait pas autour du band, ce parfum de scandale. Mais là...ça engraisse le monstre.

Le band, qui sera beaucoup moins exposé, en tout cas au pays, lutte aussi pour sa survie.

En revanche, si effectivement des filles de 14 ans ont été impliquées avec des membres du band, faudra que des autorités mettent leur nez sur le dossier. Et la survie utile sera celle des victime seulement.

"I can do anything" ?

Not anything, no.

Aucun commentaire: