Ont débutées jeudi, et ont été officiellement ouvertes, hier, les 23ème olympiques d'hiver à Pyongchang, en Corée du Sud.
Pour les deux prochaines semaines, les yeux de la planète télévisuelle seront tournés vers des centaines d'athlètes de pays de partout à travers le monde. On ne s'intéressera pas seulement au sport.
Souvent, moins.
L'angélisme olympique veut que la politique ne se mêle jamais des Jeux. Mais comment éviter une telle tribune interplanétaire? Vous m'écoutez tous? je vais vous parler. Rien de plus légitime. Cette année ne fait pas exception. Les deux Corée main dans la main? Reste que ce sont encore deux pays étrangers. Qui n'ont jamais signé d'accord de paix. Qui vivent toujours en cessez-le-feu, côte à côte. Un feu qui peut ne plus cesser, en tout temps. On dit que les Nord-Coréens qui ont fui en direction de la Corée du Sud, sont traités comme des étrangers en Corée du Sud. Qu'ils ne comprennent pas pourquoi ils sont mis à l'écart par ceux qu'ils voudraient voir comme leurs frères et soeurs. Qu'ils préfèreraient émigrer en Allemagne ou en Belgique ou, au moins, ils sauraient pourquoi on les traite comme des étrangers.
On colore aussi les jeux d'un bannissement russe qui ne sera pas sans impact. Voici quelques moments des 120 derniers où les Jeux ont pris une tournure politique.
1896
Les tout premiers Jeux avaient une saveur politique de par leurs absents. Encore modeste, puisque nouveau, les Jeux avaient lieux à Athènes en Grèce afin de se brancher sur l'héritage ancien de l'olympisme. Le succès fût très bien. l'Europe de l'Ouest et les États-Unis, entre autre, se sont montrés très intéressés. Mais l'Allemagne et la France ont eu besoin de beaucoup beaucoup d'arguments afin d'y envoyer un poignée d'athlètes. Plus de vingt ans après le conflit Franco-Allemand, les deux pays n'étaient toujours pas en bons termes et ne voulaient tout simplement pas faire se cotôyer leurs citoyens, ailleurs qu'en guerre. Ils ont finalement cédé et prouvé que des nations se pensant ennemis pouvaient aussi compétitionner sainement.
1900/1924/ (Tous les Jeux?)
Malgré le succès de la première édition, les Jeux de Paris en 1900 n'auront presqu'été qu'une fête de moindre importance en parallèle de l'Exposition Internationale de Paris. Pourtant, ces Jeux, contrairement aux premiers, introduisaient pour la première fois des femmes athlètes. Charlotte Cooper, d'Angleterre, devint alors la première femme, en tennis, avec une robe èa collet lui descendant jusqu'aux chevilles, comme le stipulait l'entente, à gagner une médaille d'or (même 2!). Mais, avec le temps, ce n'était vraiment pas tous les pays qui accepteraient d'y envoyer des athlètes féminines. Vous ne trouverez pas beaucoup de nageuses venant de pays du Moyen-Orient, peu de plongeuses, pas de nageuses synchronisées et surtout pas d'équipe de volleyball de plage en micro-bikini. En 1924, on a voté pour que les femmes soient en permanence aux Jeux, au même titre que les hommes. La Turquie, la France, le Japon, les États-Unis ont voté contre. Heureusement, pas les autres. En 1992, 34 pays n'envoyaient toujours pas de femmes aux Jeux. Par esprit conservateur et étouffement des droits humains. Vingt ans plus tard, le CIO a donné un ultimatum à l'Arabie Saoudite, dernier pays à ne pas admettre aux femmes les mêmes libertés olympiques que celles des hommes. Envoyez des femmes où vous serez banni des Jeux pour toujours. 4 athlètes ont alors fait l'histoire.
1936/1956/1976/1980/1984/1988
Les boycotts furent une manière populaire de protester politiquement très utilisée. En 1936, l'Espagne, ouvertement contre le régime Nazi, refuse d'y aller et tente (sans succès) de faire ses propres Jeux. L'Irlande boycotte les mêmes Jeux en raison de la soudaine division Nord-Sud de son pays. Les États-Unis considèrent aussi boycotter parce qu'Hitler est ouvertement anti-Juif. Mais se ravisent. En 1956, les Jeux de Melbourne ont trois boycotts: Le Liechtenstein, les Pays-Bas, l'Espagne et la Suède boycottent en protestation des Russes qui ont envahi la Hongrie. L'Égypte, le Liban et l'Irak boycottent en protestation de ce qui se passe au Canal de Suez. Finalement, la République Populaire de Chine refuse de participer aux côtés de la République de Chine, considérée alors comme simplement Taïwan. Cette dispute durera 32 ans aux Jeux.
En 1976, à Montréal, 26 pays d'Afrique ne se présentent pas suite à la décision du CIO de ne pas bannir la Nouvelle-Zélande en Rugby. Les États-Unis n'iront pas aux Jeux de Moscou en 1980 en raison de la guerre froide et de l'invasion de l'Union Soviétique en Afghanistan. 62 pays n'iront pas à Moscou pour les mêmes raisons, dont le Japon et l'Allemagne. 4 ans plus tard, les Jeux ont lieux aux États-Unis, à Los Angeles, et ce sont maintenant les Soviétiques qui refusent d'y aller "pour des raisons de sécurité". Traduction: par vengeance. Vous avez cochonné nos Jeux, on bullshitera les vôtres. Les Jeux de Séoul de 1988 seraient les derniers à voir un large boycott. La Corée du Nord refuse d'y envoyer des athlètes puisqu'on refuse de les déclarer comme des co-hôte de l'évènement. L'Éthiopie et Cuba, en soutien à la Corée du Nord feront la même chose.
1964/1976
Le Comité International Olympique (CIO) a lui-même pris des positions politiques au travers des années. Les Russes accusent en ce moment le CIO de le faire encore dans leur enquête sur le dopage institutionalisé contre eux. Et le bannissement russe qui a suivi. De 1964 à 1992, l'Afrique du Sud était bannie des Jeux en raison de sa politique d'Apartheid. Le Comité International Olympique a aussi banni Taiwan des Jeux de Montréal après qu'ils eurent refusé de participer au sein de la République Populaire de Chine. Ce n'est qu'en 1992 que Taiwan et la République Populaire de Chine feront une seule et même équipe.
1936/1968
Race, identité géopolitique, les Jeux en font un splendide tremplin. En 1936, Jesse Owens brise la frontière raciale en prouvant à un profond raciste, et au monde entier, qu'un noir peut être supérieur à un aryen. Son rival allemand Luz Long est même devenu un proche ami de Owens, ce qui fût la plus grande insulte faite à Hitler, qui l'envoya à la guerre, au front, où Long trouva facilement la mort. À Mexico, en 1968, Tommie Smith et John Carlos cherchent un peu de dignité. La même année, une manifestation étudiante au Mexique fera 267 morts, quelques jours avant l'ouverture des Jeux. Aucun des pays ne viendra pas aux Jeux, suite à ce massacre, mais de nombreux athlètes refusent de s'y rendre, pour leur propre sécurité.
1972
Le conflit israëlo-palestinien s'invite aux Jeux de Munich.
1916/1940/1944
La Première Guerre Mondiale, et la Seconde, forcent l'annulation des Jeux.
En 2016, au Brésil, on marque l'histoire avec la toute première équipe sans pays, une équipe complète de réfugiés.
Ces Jeux qui commencent seront politiques.
Peu importe ce qu'on en pense.
Ils le sont déjà dès l'ouverture. Qui était double.
Il y avait l'ouverture des Jeux officielle.
Et l'ouverture non officielle d'un début d'entente entre les 2 Corée.
Ou du plan de l'un pour avaler l'autre...
Le sport rassemble. Mais pas toujours complètement.
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