vendredi 13 octobre 2017

La Station du Pouvoir

J'ai beaucoup pensé aux victimes d'Harvey Weinstein depuis deux jours. 

Et au pou Weinstein en soi.

Je me suis questionné sur nos rapports avec le pouvoir.

Celle qui a épousé (puis demandé le divorce hier ou avant-hier) Weinstein a la beauté de celles qui peuvent se trouver les plus beaux maris sur terre. Mais elle avait, de toute évidence marié le pouvoir. Très certainement pas le charme qui se dégageait de l'homme. Qui était resté un garçon.

Weinstein, comme trop d'hommes, était resté un garçon. L'enfant qu'il n'avait jamais eu la chance d'être. L'ado que les adolescentes désirent. Celui qui les fait se pencher les unes sur les autres, pour se murmurer des choses, les joues roses, simplement en passant dans le corridor. Weinstein n'était pas cet ado. Mais il était habité de plein de fantasmes. Comme TOUS les ados. Des fantasmes probablement peu assouvis. 

Quand il a mis toute ses énergies dans les affaires, il a connu beaucoup de succès avec son frère. Il a vite compris que l'argent, ça pouvait être le pouvoir et qui si lui n'était pas nécessairement charmant, il le deviendrait avec beaucoup d'argent. Son frère et lui ont fait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent. 

Et l'occasion a éveillé le larron. 

Il a assouvi tous ses fantasmes. Avec un abus absolu de pouvoir. 

Toute les bassesses imposées par Weinstein a des dizaines et des dizaines de femmes depuis plus de 30 ans était d'ordre sexuel, oui, mais tout ça a beaucoup à voir aussi avec le pouvoir et le contrôle. Il dominait son milieu cinématographique. Il a monté la barre avec malice, égoïsme, narcissisme et perversité. "Je peux déplacer des montagnes pour mes films, mais voyez aussi avec quoi je réussi aussi à m'en tirer avec les plus belles femmes sur terre!"

Au début de la semaine, je vous disais que je trouvais triste ce qui se passait autour de lui, mais depuis, au contraire, je trouve tout ça assez sain. Les femmes parlent. Sortent de leur mutisme sur le sujet. On décrasse les réflexes du boy's club. O'Reilly. Aubut, Cosby, en le frappant en bas de la ceinture comme ils le méritent, on brise le moule. Et c'est très sain de continuer de le faire. Leurs comportements sont inexcusables. Ils partent tous de la même source: le pouvoir. 

Parlez-en à Bill Clinton. Il l'a fait, parce qu'il le pouvait.

Mais comment lutter contre ce type de pouvoir? Si charmant parfois, mais horriblement vicieux parfois aussi. 

On savait à Hollywood. On laissait glisser des pointes

Pouvait on vraiment se battre contre le géant? Contre un tel pouvoir?

Les femmes sortent et crient leur indignation, mais elles n'y arriveront pas seules. C'est à nous aussi de les seconder dans ces épisodes d'horreurs. De la même manière qu'on ne demanderait pas à un groupe de noirs de régler le problème du racisme à eux seuls, les hommes doivent se comporter en Hommes et oser parler eux aussi, ne serais-ce que confronter les comportements de leurs proches jugés inappropriés, lorsque su. 

Et non regarder ailleurs. 
Puisque certains savaient. 
Hommes comme Femmes.

L'Amérique du Nord a le luxe d'être nettement progressiste en ce qui concerne les femmes, lorsque comparé aux autres femmes du monde. Mais dans des moments comme ça, on en doute. On regresse. On loge chez DSK.

Il est de notre pouvoir, en tant que peuple, de ne jamais faire de nos leaders des hommes du genre. 
Jamais plus. 

Notre rapport au pouvoir doit changer. 

Si ça a pris 30 ans à simplement le pointer du doigt (aucune accusation n'a encore été portée contre lui face à la loi), qu'est-ce que ça prendra maintenant pour noyer de tels réflexes abusifs nés de la "culture des années 60 et 70"?

Au métro de la vie, à la station Pouvoir, on ne voit pas tous la même chose. 

Un homme ne naît pas en abusant du pouvoir. Il l'apprend à choisir de le faire. 

C'est fou comme son explication "qu'il était issu d'une éducation des années 60 et 70..." se traduisait presque comme "I so wish we were still in the 60's , 70's...

Que le ménage continue.

Le garde-robe est plein. 

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