Mardi dernier, j'ai perdu une bataille contre le chien noir de Winston Churchill.
J'ai vécu une grave crise de panique en travaillant. Mais comme je travaille seul, je ne pouvais qu'entraîner une seule personne dans ma dérive. Moi-même. J'ai hurlé. Loadé comme un gun. Toute la violence qui m'habitait. Toute la rage et la colère qui m'habitait. Toute la tonne de brique qui m'alourdissait. J'ai hurlé au volant plein poumons, longtemps. Trop longtemps. Trop fort.
Faut dire que les trois jours précédents m'avaient horriblement effrayés. Une frayeur prostatienne. Qui s'est avérée inutile mais j'ai eu très peur quand même. Et une succession de véritable bad luck, pour lesquelles je n'étais responsable de rien mais qui m'ont plongé dans la super marde (et trempé dans un déluge de pluie), m'ont fait explosé.
En hurlant comme un ogre, je me suis complètement scrapé les cordes vocales. Solide. Remplaçant une peur par une autre. J'étais incapable de parler toute la journée de mercredi. IN-CA-PA-BLE. Ma voix avait disparue. Et là j'ai pensé que ce pourrait être pour toujours. Jeudi, ça n'allait pas mieux. J'étais tapi dans le silence depuis 24 heures. Les enfants trouvaient cela drôle. L'amoureuse, moins. Elle savait que tout ça cachait plus qu'une laryngite.
C'est étrange comme la vie a testé mon corps la semaine dernière. Du vendredi matin au lundi après-midi, j'ai eu une bulle inconfortable au niveau des intestins. Avant de réaliser que ce serait peut-être la prostate. Je me rends à la clinique et la conne d'infirmière n'a rien fait pour me rassurer. Mais bon, la prostate n'était pas impliquée du tout, ça n'avait aucun rapport. C'était musculaire et ça avait plutôt rapport avec l'intensité de ma gymnastique de nuit du jeudi (et du vendredi) avec l'amoureuse...
Quel con. Mais la peur avait été réelle et épuisante pendant deux jours. Et là est survenu le mardi de merde. Une journée qui aurait dû se terminer pour moi vers 13h (commencée à 7h00) s'est terminée vers 20h30. Si désorienté physiquement, technologiquement et mentalement que je me suis perdu trois fois. Une fois à Salaberry de Valleyfield parce que le GPS du camion m'a abandonné. Une autre fois à Boucherville, toujours pour les mêmes raisons (celui sur mon iphone ne fonctionne pas) et toujours en train de travailler. Puis à Montréal en raison de connes constructions et d'aussi ridicules détours. J'ai pensé très sérieusement coucher dans le camion jusqu'au lendemain. J'ai même arrêté le camion dans un quartier industriel pour le faire, avant de reprendre mes sens. Même en me rendant dans une station service, le gars que je dérangeais dans sa conversation sur téléphone intelligent, ne savait pas trop comment me diriger et me proposais un chemin "...mais compliqué..." .
Laisse-faire, surtout pas besoin de compliqué.
J'ai finalement trouvé. Mais était toujours sans voix. Et ma nouvelle angoisse devenait un deuil. Je ne chanterais plus jamais. J'écoutais de la musique et me surprenait à ne pas chanter les hautes sur certains morceaux. C'était paisible de vivre dans le silence, mais inquiétant à la fois. Ça reviendra cette voix? C'est fini? J'étais entre le deuil et l'anxiété. Deux choix dont j'aurais pu me passer. Très inconfortable. Le spleen absolu. Sombre était la nuit.
J'ai soigné mes cordes vocales en me taisant. Mais aussi, surtout, le soir, en avalant tasse sur tasse de miel dans de l'eau bouillie. Je me suis même étouffé très sérieusement en me gargarisant, croyant à nouveau mourir. Vraiment...
Plus con encore, au boulot, un collègue a merdé avec le chariot élévateur et oubliant qu'il n'était pas sur le neutre, m'a coincé le mollet droit entre le chariot et le camion. C'est encore un brin endolori. Mais sans plus. Mais christ de christ...qui tenait la poupée vaudou à mon effigie?
L'amoureuse m'a suggéré de me rendre à la pharmacie et d'y prendre de quoi pour soigner mes cordes vocales. J'ai été voir, demandé à la pharmacienne, mais tout ce qui existait était en suppositoire...
Je n'ai jamais fait entrer quoi que ce soit par là. Ja-mais. Et n'en avait nullement envie. Quand j'ai vu que ça allait soigner mon mal de gorge, je me suis dit que la pharmacienne n'avait rien compris. Je n'avais pas mal à la gorge, j'avais les cordes vocales, fortement endommagées. J'ai laissé tomber, rien n'entrerais par là.
J'ai repris la recette miel/eau chaude. C'est très bon. Et ça m'a fait un bien immense. C'était étrange, trois matins consécutifs, de savoir que je ne pouvais même pas parler, même si je l'avais voulu. Mon corps me l'empêchait. Et ne pas parler dans une journée est presqu'impossible. Le peu de fois que je l'ai fait, je ne me suis pas reconnu moi-même. Doublant ma peur de rester ainsi forever.
Je pouvais maintenant faire la voix off des annonces de Dodge Ram.
Puis, vendredi, vers 17h30, soignant toujours ma gorge, je me suis surpris à chanter pour moi-même Janie's Got a Gun*, la première minute dix, avec les voix hautes et tout, complètement dans le ton.
Puis, test ultime, on a passé la journée de samedi à la Ronde. Crier était hors de question dans les manèges, mais ma bouche a très certainement été ouverte bine grande. Et ma voix a participé à la journée normalement.
Le miel m'a sauvé.
L'amoureuse m'a trouvé plus sensuel en parlant tout bas, en chuchotant ou en murmurant pendant trois jours. Mielleux justement.
J'en ai eu assez d'avoir si peur pendant une semaine.
Je me suis souhaité un corps électrique qu'il aurait suffit de brancher afin de recharger complètement.
Sans heurts.
Mais la vie sans heurts, c'est une vie inerte.
C'est pas une raison pour se faire des peurs aussi nettes.
*Jonsezy's got a gun?
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