Tom Petty est mort,
puis ne l'était plus,
pour finalement l'être.
Lundi dernier...ou dimanche soir, on ne sait plus.
Mais il ne vit bel et bien plus.
Ça m'a pris trois jours pour le comprendre.
Né à Gainesville, en Floride, sa vie change quand il a 10 ans et que son oncle lui fait rencontrer Elvis sur le tournage du film Follow That Dream. Petty, non seulement devient un fan d'Elvis, mais suivra le titre de son film, à la lettre. Il échange son précieux sling-shot Wham-O contre quelques 45 tours d'Elvis et à 13 ans, et gratte la guitare tous les soirs. Il a une seconde épiphanie en voyant les Beatles au Ed Sullivan Show à la télé. "Il y a un moyen de s'en sortir comme ça!" dira-t-il de ce moment unique dans sa vie.
De se sortir de quoi?
Il avait une relation extrêmement difficile avec son père. Les premières lignes de Free Fallin' m'ont toujours fait penser qu'il parlait de sa mère. "She's a good girl, crazy 'bout Elvis, loves horses, and her boyfriend too". Ou encore de lui-même, résumant tout ce qui comptait pour lui, adolescent. En tout cas, j'ai toujours senti son père à la source de cette chute libre mélancolique.
Il allait se partir un band appelé Epics, puis un autre appelé Mudcrutch qui deviendrait, petit à petit, les "Heartbreakers", le groupe qui le suivrait pas mal toute sa vie. Un album éponyme allait être lancé en 1976. Il en fera 13 avec ses amis des Heartbreakers. Trois en solo. Deux avec le superband The Travelling Wilbury's (qui comprenait Bob Dylan, George Harrisson, Jeff Lynne et Roy Orbison), avant de reformer Mudcrutch. Comment résume-t-on une carrière du genre?
"You don't know how it feels to be me" chantait-il en 1994.
Pourtant j'ai toujours senti que Tom Petty savait très bien comment nous, nous nous sentions. Il écrivait avec profondeur, chantait avec candeur, il travaillait avec concision. Ses chansons avaient quelque chose d'aérien. Il semblait être notre perpétuel ami voisin américain. Il surlignait les articulations du coeur d'un après-midi vers 15h30 quand la lumière du jour place son ombre sur les âmes prisonnières du trafic. N'est-ce pas Tom Cruise qui chantait (fameuse scène) Free Fallin' dans Jerry Maguire, au volant de sa voiture, quand, justement tout s'écroule pour lui (mais ne le réalise pas encore)?
Il avait l'oreille aiguisée pour toutes les étrangetés et les agitations de cette drôle de planète. J'aurais beaucoup aimé l'entendre chanter les États-Unis de marde de Donald Trump encore quelques années.
"I feel the summer creepin' in and I'm tired of this town again" chantait-il sur un de ses meilleurs morceaux. Entre amis, on avait baptisé, avec amour, certaines chansons, atteintes du syndrome Tom Petty, puisque bien souvent, les couplets étaient nettement meilleurs que le refrain. Comme dans Mary Jane's Last Dance ou Walls.
Petty était un maître de ces moments de transition dans une vie et le chantait bien:
"So I've started out for God knows where, I guess I'll know when I get there" chantait-il en 1991. Il meublait les espaces vides entre deux catastrophes hebdomadaires. Entre les triomphes aussi. Quand on courait après nos rêves, surtout.
Ma préférée reste une chanson composée par Dave Stewart des Eurythmics. Mais sans la présence magique de Petty dans le clip, et la livraison nonchalante de sa voix, cette chanson (d'abord offerte à Stevie Nicks), n'aurait pas la même saveur.
Une autre de mes préférées est Free Fallin'.
Qui raconte justement l'envie de sacrer son camp.
Tous les vagabonds pensent à leur prochaine destination.
Petty était un fameux vagabond.
Il écrivait étrangement intimement.
C'était l'ami des États-Unis.
Goodbye, Good friend.
Ta musique te survivra.
Tom Petty avait 66 ans.
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