lundi 25 mai 2015

Adolescenteries

1965, St-Pascal-de-Kamouraska

Ti-Guy, Ti-Claude et Ti-Gus.  15, 17 et 18 ans, respectivement. Le premier a eu l'idée de faire chier le curé. De le niaiser du le moins, Le con il est contre les vues au théâtre, contre les soirées dansantes et leurs orchestres dans les clubs, contre couples qui ne se marient pas, il énerve tout le monde le curé avec ses sermons. L'idée de le niaiser était de Ti-Guy, mais le plan comme tel, c'est Ti-Claude, la matière grise du trio, qui l'avait pensé.
On placerait une note sous l'essuie-glace de la voiture du curé, une note sur laquelle serait écrit:
"Je suis désolé, j'ai fait une égratignure sur votre voiture, contactez-moi et je vous dédommagerai" Et bien sur on ne laisserait ni détails, ni nom, ni # de téléphone. On savait que le curé portait un soin maladif à sa Pontiac GTO. Ça le rendrait fou. Il trouverait la note, chercherait non seulement comme un fou une égratignure imaginaire, mais ne pourrait en rien rejoindre quiconque sur le sujet. Ce qui rendrait la situation non seulement absurde, mais aussi rendrait la scène hilarante si il passait plus d'une heure à chercher ce qui n'existait pas.
"On cherche ben Dieu pis on le trouve pas!" avait noté Ti-Gus, comme pour confirmer la légitimité de leur coup pendable. Les trois ados se trouvaient pas mal drôles,

Au diable l'église!

1985, Ste-Foy
Fred, Jeff et Louis. 16, 17 et 17 ans respectivement. Le premier a eu l'idée un vendredi soir d'aller faire du BMX avec les deux autres dans le parc Colbert, soit le quartier industriel. Mais passé minuit. voire passé deux heures du matin. Quand tout est fermé. Et y explorez le potentiel de récupération de matériel dans les bacs à poubelles des différentes compagnies aux heures de production fermées. Ils avaient trouvés un mannequin de plastique féminin et avaient écoeuré J-F qui était le seul sans amoureuse, en lui suggérant qu'il se la garde pour des rapports intimes en privé. Plus loin, Ils avaient trouvé aussi des sacs de crêmage. Des blancs et des rouges. Après avoir évacué l'idée d'y goûter, après tout ils avaient été jetés, ils étaient probablement périmés, c'est Louis qui avait eu l'idée de laisser tomber les sacs gros comme une sacoche du haut d'un viaduc, ne serais-ce que pour voir si ça exploserait. Il n'y avait aucune circulation dans le secteur, donc le danger était nul.
WOW! les sacs rouges donnaient l'impression...OUI! Jeff proposa qu'un d'eux (Fred) se place dans la rue, la tête couchée là où un sac de crêmage rouge avait explosé et feigne que ce son cerveau qui ait explosé.
"Inutile sans kodak, dude et risqué, si une voiture arrive et me roule dessus!" Le mannequin! Voilà! En y plaçant un mannequin (masculin celui-là, aussi trouvé sur place), on ne risquait plus rien. Les trois ados se cacheraient sur le côté de la route dans les hautes herbes et attendraient qu'une voiture vienne s'interroger de ce qui ressemblait vraiment à un cadavre à la tête explosée.
Ça ne tarda pas trop. Une voiture arriva et ralentit. La jeune femme au volant dû rester un bon 4 minutes tout près du mannequin, n'osant pas sortir de sa voiture. On voyait qu'elle cherchait un téléphone public des yeux. Il n'y en avait pas. Elle sortit de la voiture pour voir de plus près. Lorsque suffisamment près, marchant d'un pas plus-que-prudent, secrètement apeurée, Louis eût le réflexe d'actionner son vieux klaxon de BMX des années 50. Un son si puissant qu'il fît crier la jeune fille qui en tomba même sur son séant avant d'entrer dans sa voiture au pas de course.

Les gars pleuraient de rire.
Fuck the world!

2005, Trois-Rivières

Thom, Laurie et Rosalie revenaient du after hour de chez Jack. 16, 17 et 17 ans respectivement. Ils avaient consommé tout ce qui pouvait se consommer, boissons, pillules, drogues...
"Non pas toute..." avait dit Rosalie
"Qu'est-ce qui nous manque?" avait demandé Thom.
"On a pas consommé la passion"
"De quoi tu parles?" avait dit Laurie.
"Pour vivre la totale, il faut faire la totale" avait dit Rosalie.
"Tout le monde à poil pour la totale!! avait niaisé Thom.
Le silence qui suivit laissait entendre plein de choses. Laurie en avait déjà discuté avec Ros', elles avaient toujours eu envie d'un "threesome". Laurie et Rosalie se trouvaient mutuellement toutes les deux belles et elles désiraient toutes les deux secrètement Thom. Laurie comprenait le signal de Ros'. Thom commençait aussi.
"Es-tu en train de dire?..."
"Deux filles pour un gars, tu serais ben, non?" dit Rosalie.
Thom échangea un regard avec Laurie. Elle lui renvoya un air entendu. Oui, elle était partante elle aussi. Quand Thom se retourna vers Rosalie, il n'eût pas le temps de répondre, celle-ci l'embrassait déjà. Laurie s'imposa entre les deux et embrassa à son tour Rosalie avec beaucoup de passion. Thom était confus, il pensait à la fois à son co-loc qui devait être à l'apart en ce moment même, couché. mais dans l'apart quand même, aux 300 films qu'il avait gravé à des fins de reventes de son ordi, au dernier joint qu'il avait consommé et aux deux superbes créatures qui l'excitait au plus haut point en ce moment.
La suite allait beaucoup moins habillée, et sans trop prévenir, Thom allait même se surprendre à embrasser son co-loc Jonathan avec la même passion qu'il avait embrassé Laurie ou Rosalie. Il eût une pensée pour ses parents qui s'inquiétaient de le savoir célibataire et pensaient qu'il était peut-être homosexuel. Ceci fit rire Thom. Ils paniqueraient tous les deux de le voir dans ce monde qui n'avait rien à voir avec le leur,
Demain, Thom s'appliquerait encore à clôner des cartes de crédit et à mater le beaux culs des filles. Pas celui des gars.

Cette nuit fût la plus belle de ses 16 ans.

Fuck the system.


2015, Montréal

Malik, Fayed, Gabrielle et Marie-Maude. 16, 17, et deux fois 16 ans respectivement. Les quatre compères du CÉGEP ne s'étaient jamais senti " dans le coup". Ils s'étaient connus dans le cours de philo pour un travail d'équipe et on leur avait demandé d'élaborer ensemble sur la question "je pense donc je suis".
Ils s'étaient rendu compte qu'ils avaient tous en commun une rage qui avait comme source les valeurs occidentales. C'était moins clair pour les deux filles, mais en parlant avec les deux gars, elles découvrirent que non seulement, elles aimaient bien leurs gueules, mais qu'aussi elles aimaient leur "drive". Apolitiques, elles avaient toute deux eu l'impression de trouver leur voie. Qui serait celle de la radicalisation islamique.
Leurs proches, vaillants, avaient noté les changements de comportements, d'attitude et de manière de vivre. Ce sont eux qui avaient sonné l'alarme auprès des autorités. Par amour. Un sentiment vidé du corps de leur progéniture.
Il se sont tous fait confisqué leur passeport avant que folie ne se propage ou ne se produise.

Fuck les infidèles!

Chaque époque ses innocences.

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