Ça s'explique facilement. Quand notre télévision Radio-Canadienne ouvrait et fermait ses ondes dans les années 70 et même au début des années 80, il y avait l'hymne national canadien. Sur l'hymne était placé des images toutes canadiennes. Les rocheuses, les chutes du Niagara, les grandes plaines de la Saskatchewan, le blanc du Grand Nord, les hockeyeurs, la police montée, la glissade du carnaval sur la terrasse Dufferin, tout ce qui était canadien y passait.
Puis, vers la fin de cet hymne national, que j'ai retrouvé, un sauteur en hauteur aux olympiques de Montréal de 1976. Des olympiques dont le roi aura été Bruce Jenner au décathlon. Sport qui comprend le saut en hauteur. J'ai toujours cru que ce sauteur était Bruce Jenner. Je réalise maintenant que c'était plutôt Greg Joy, gagnant de la médaille d'argent à ces mêmes olympiques.
Mais Bruce Jenner serait toujours source de confusion de toute façon.
Exactement comme Joannie Rochette et nombre d'autres athlètes, Jenner, après sa médaille d'or aux Olympiques de Montréal et son couronnement d'enfant chéri (des États-Unis), s'est beaucoup compromis à peu près partout. Il était tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. (TRÈS) Mauvais acteur dans de très mauvais film, participant dans tout les jeux télévisés mettant en vedette des personnalités publiques, l'un des touts premiers porte-parole de céréales, invité des présidents à la Maison Blanche, il ne fallait pas se surprendre le voir emporté par la vague des émissions de télé-réalité qui allait sévir de nos jours.
J'ai toujours entretenu un sentiment mitigé avec la dysphorie de genre. La dysphorie de genre est le fait qu'une personne s'identifie, au moins en partie, au genre opposé à son sexe de naissance et adopte le mode de vie de cet autre sexe, les vêtements ainsi que la conduite que l'on comprend(envie) de cet autre sexe.
Je m'explique mal cet état mental qui fasse en sorte que l'on puisse penser avoir été né dans le mauvais corps. Probablement parce que ça ne s'explique pas. C'est, tout simplement. Et c'est encore fascinant puisque des cas comme l'avocat québécois Micheline Montreuil, ont fait école étant supposément à l'origine du terme "transgenre" calqué sur le terme anglais transgender, terme plus radical qui lui, implique une chirurgie de réattribution sexuelle complète.
J'avais toutefois remarqué ce caissier qui peu à peu devenait une caissière. Bien que les cheveux très courts, il était bien maquillé en madame, parfois avec un petit foulard, mais surtout avec un fort rouge à lèvres et une poitrine naissante. Comme j'y vais en dernier recours, donc peu souvent, j'avais un peu oublié ce transgenre aux caisses rapides. Quand j'y suis retourné l'autre tantôt, j'ai eu une vraie réaction d'habitant. Plus ou moins concentré sur la personne qui scannait mon produit, je ne l'avais pas regardé comme il faut et mon cerveau avait vite enregistré qu'il s'agissait d'une jeune femme. Toutefois quand on m'a annoncé le prix, la voix n'avait en rien suivi le processus de changement entamé ailleurs sur ce corps. Je n'ai rien dit, mais j'ai figé comme probablement trop gens figent face à ce pauvre...à cette pauvre femme-en-devenir. Quand la voix trop virile de cette personne qui avait tout de féminin, et maintenant de beaux cheveux longs, s'est fait à nouveau entendre pour me demander comment j'allais payer, je n'ai pas répondu tout de suite, trop saisi par qui je voyais.
Chaque fois que je croise une telle personne, je pense à son entourage. Ses parents. Comment vivent-ils avec une telle décision? Arrivent-ils à comprendre? Ce doit être difficile pour les proches aussi. Les amis. les ancien(nes) partenaires amoureux, les enfants si on en a. Mais ces gens veulent justement changer le regard des autres sur leur propre personne. Comme le leur a nécessairement changé aussi.
Ce qui me parait plus étrange encore, c'est le fait que ces gens ne deviennent pas nécessairement attirés sexuellement par le sexe abandonné. Ils restent hétérosexuels, mais probablement un peu moins actifs à ce niveau, je ne sais trop. Comme sur ma personne, parfois, je me dis que le désir risque d'être la dernière chose qui s'éteindra sur ma personne à la fin de ma vie, je peine à comprendre que l'on puisse ranger au fond d'un tiroir son désir de l'autre.
Bruce Jenner a annoncé la semaine dernière qu'il serait désormais une femme. Qu'il avait entamé la prise d'hormones dans les années 80, avait cessé tout ça quand il avait marié la mère des pénibles Kardashian dans les années 90, mais a repris tout ça pour enfin révéler à 65 ans que son "côté féminin" allait maintenant être plus qu'un sentiment, mais aussi un dessin, un dessin à l'affiche, un dessin affiché et affichable.
Il faut un courage extrême pour que le pommier disent un jour à ses fruits, je vous pondrai maintenant des oranges.
Et peut-être que justement je mélange complètement les pommes et les oranges car je m'y connais peu en restructuration des genres. J'y vois complication (mentale) de soi.
Et ce que je vois comme un désordre n'est peut-être que remettre en ordre. Tout à fait normal pour ceux qui vivent ce que j'appelle tout de même une folie.
La errance c'est une chose, mais la errance par rapport à sa propre identité sexuelle...voilà un fruit encore amer à ma bouche.
Le citron est amer et on le consomme sans problèmes.
Mais un peuplier ne peut pas être un cyprès.
Tout comme un chien n'est pas un chat.
Un citron ne tombe pas d'un poirier.
Je voyais Jenner alors que c'était Joy en 1979.
Peut-être que je continue d'entretenir la confusion.
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