"Ça a déjà été mieux"
Je ne l'ai pas complètement dit car je ne crois pas aux transferts d'angoisse, mais chaque fois qu'on m'a demandé comment ça allait la semaine dernière, je l'ai pensé.
Ça a déjà été mieux.
Au travail, on me trouve une personnalité si intéressante qu'on m'a proposé de travailler toute la dernière semaine de jour, dans la boutique. Face aux clients. Le problème, c'est que je me rends intéressant à qui je veux bien. Aux collègues avec lesquels on fait les cons la nuit dans l'entrepôt, mais le service à la clientèle: JE HAIS.
Pour faire une longue histoire courte, j'ai passé toute le semaine dernière à me faire chier. Mais vraiment chier.
Et comme une pluie de marde ne vient jamais seule, l'amoureuse me concoctais une liste de "faudrait..." pour mes jours de congé qui m'a donné l'impression de ne pas en avoir du tout.
Mais toujours hyper attentif à tout, même dans la merde, je me suis découvert quelque chose sur moi. Je suis insensible à de nombreux codes sociaux.
J'étais arrêté à une lumière avec un ami sur le banc du passager. Il y avait à mes côtés une voiture. Je vous épargne la marque je n'y connais rien, mais c'était une voiture plus grosse que la mienne. Le gars me regardait en appuyant sur son accélérateur. Même si le pied sur le frein car la lumière était au rouge. Je ne savais trop ce qu'il me voulait.
"L'ai-je coupé?" que j'ai demandé à mon passager.
"Non, le gars veut bowtcher"
"Courser au passage du feu vert?"
"Oui, il te défie"
"C't'une blague?"
J'ai fait exprès au passage de la lumière au vert pour rester sur place. Laissant le bachi-bouzouk sur ma gauche faire crisser ses pneus tout seul et bondir comme une panthère. Je ne bois pas de cette eau-là. Mais surtout je ne comprend pas l'intérêt. Ça a autant de valeur et c'est tout aussi juvénile pour moi que si on m'avait dit: "as tu vu ma grosse kékette?".
Non.
Et pas intéressé, merci.
Je ne l'ai pas complètement dit car je ne crois pas aux transferts d'angoisse, mais chaque fois qu'on m'a demandé comment ça allait la semaine dernière, je l'ai pensé.
Ça a déjà été mieux.
Au travail, on me trouve une personnalité si intéressante qu'on m'a proposé de travailler toute la dernière semaine de jour, dans la boutique. Face aux clients. Le problème, c'est que je me rends intéressant à qui je veux bien. Aux collègues avec lesquels on fait les cons la nuit dans l'entrepôt, mais le service à la clientèle: JE HAIS.
Pour faire une longue histoire courte, j'ai passé toute le semaine dernière à me faire chier. Mais vraiment chier.
Et comme une pluie de marde ne vient jamais seule, l'amoureuse me concoctais une liste de "faudrait..." pour mes jours de congé qui m'a donné l'impression de ne pas en avoir du tout.
Mais toujours hyper attentif à tout, même dans la merde, je me suis découvert quelque chose sur moi. Je suis insensible à de nombreux codes sociaux.
J'étais arrêté à une lumière avec un ami sur le banc du passager. Il y avait à mes côtés une voiture. Je vous épargne la marque je n'y connais rien, mais c'était une voiture plus grosse que la mienne. Le gars me regardait en appuyant sur son accélérateur. Même si le pied sur le frein car la lumière était au rouge. Je ne savais trop ce qu'il me voulait.
"L'ai-je coupé?" que j'ai demandé à mon passager.
"Non, le gars veut bowtcher"
"Courser au passage du feu vert?"
"Oui, il te défie"
"C't'une blague?"
J'ai fait exprès au passage de la lumière au vert pour rester sur place. Laissant le bachi-bouzouk sur ma gauche faire crisser ses pneus tout seul et bondir comme une panthère. Je ne bois pas de cette eau-là. Mais surtout je ne comprend pas l'intérêt. Ça a autant de valeur et c'est tout aussi juvénile pour moi que si on m'avait dit: "as tu vu ma grosse kékette?".
Non.
Et pas intéressé, merci.
Aux caisses de ma boutique d'alcool, avec mon teint bronzé "et ma chouette personnalité", on a fait de très bonnes ventes. On m'en a félicité. Je soupçonne même qu'on a voulu me faire dire "Vous savez quoi? J'aime vraiment faire la boutique! Gardez-y moi!" .
Mais non. C'était pour moi la torture. Je hais les clients de notre boutique. Et je n'adhère en rien au dicton "le client a toujours raison". Je ne suis pas assez soumis aux règles de l'argent. Et suis intolérablement indépendant. Si on critique nos produits, je les envoie ailleurs. Si les clients me tombent sur les nerfs aussi. Je ne suis pas grand consommateur en général moi-même, et ne suis pas un grand adorateur des consommateurs. D'ailleurs si je vous vois trop souvent, c'est que vous êtes alcoolo. Et ça. c'est pas rigolo. N'achetez rien. Quittez ces lieux. Je suis votre mort. Idéalement, je ne dois voir personne. Je dois être le contraire de l'achalandage. Je dois être la modération.
En me rendant faire une commission ailleurs, pour faire descendre la liste des "faudrait", j'ai à nouveau été déjoué par certains codes humains. C'est un magasin à grande surface qui est extrêmement surpeuplé et où le rythme est si accéléré qu'on se croirait dans un mix de musique pour le cheerleading. TOUT est agressant dans ce magasin à grande surface. Une fois aux caisses, certains clients sont extrêmement tendus car ils découvrent qu'ils viennent de dépenser pour plus de 700$.
C'est à ce moment qu'apparaît un employé de l'endroit qui tentera de vous piéger.
"Bonjour madame, nous sommes présentement en campagne de financement pour les enfants malades et pour un généreux don de 20$, on vous fait un reçu d'impôt, on l'annonce au micro et on part une musique..."
Il voulait dire qu'il part son système de son et une musique vibre dans le magasin. Enfin, l'intro d'une chanson. Le magasin à l'air d'un véritable Club Med, ce qui est plutôt grotesque.
Bien entendu, 9 personnes sur 10 refusent le 20 dollars de don et proposent plutôt un petit 2$.
Au client tout juste devant moi l'employé est arrivé avec sa tête de vendeur de pacotille.
"...héhéhé...vous me regardez avec votre air voulant dire "Qu'est-ce qu'il me veut celui-là?"" a dit l'employé en éclatant de rire. J'ai complètement échoué à comprendre cet humour. Il n'y avait rien, mais alors RIEN de drôle, pourquoi riait ce solliciteur?
"ouiiiiiiin..., a commencé l'homme extrêmement sur la défensive avant de laisser tomber la bombe, Tu m'as l'air d'un ostie de pedler".
C'était si inattendu que j'ai explosé de rire. Le solliciteur ne s'est pas laissé démonter mais, un peu ébranlé, a raté la fin de son laïus.
"Non merci" a dit le monsieur assez sec. J'avais tout entendu, j'ai pris les devants pour ne pas lui faire répéter tout ce qu'il avait déjà dit 2 fois et j'ai dit "Moi je vais donner 5$". le solliciteur m'a tout de même dit:
"Bonjour Monsieur, Ça va bien?"
"Ça a déjà été mieux"
(En vérité ça commençait à aller mal, cet olibrius se souciait-il vraiment de mon humeur? noooooot! il mettait la main dans mes poches pour en tester la profondeur, il a fait fi de ma réponse, il a enfilé sa cassette quand même)
"C'est que nous sommes présentement en campagne de financement pour les enfants malades et pour un généreux don de 20$, on vous fait un reçu d'impôt, on l'annonce au micro et on met de la musique..."
"J'avais entendu, je voulais t'éviter de le répéter, je vais donner 5$". Il a insisté comme le harceleur qu'il était et j'ai failli retirer mon don, mais j'ai réitéré que je donnerais 5$. Il avait l'air déçu. Je le méprisais sauvagement par en dedans. Vivre du métier de harceleur, quelle tare! Un peu plus loin, à une autre caisse quelqu'un avait probablement donné 20$. On a annoncé quelque chose au micro et parti un beat.
Mon solliciteur a aussitôt eu en bouche toute sa virilité et, se secouant comme une guidoune tout en voulant citer la première ligne, a lancé:
"HEAVY TRUDIE DANCE WOW!"
Heavy
Trudie
Dance
Wow!
Dur de faire pire.
Ça a déjà été mieux.
Il y a de ces codes que je ne comprendrai jamais.
Et ne voudrai jamais comprendre complètement.
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