Faut-il retirer le vin des tablettes quand la mort a été bue?
L'admiration va souvent de paire avec l'envie.
Envie de ressembler à untel ou untelle.
Souhaiter un tier de sa fortune, de son talent, de son charme, de son succès, de son cheminement, d'un trait de sa personalité d'une partie de son corps.
L'admiration dont je veux vous parler ne se trouve un peu là.
Il s'agit de celle que j'éprouve envers une femme et un homme Québécois à qui la vie, dans ses habits les plus trompeurs et avec une cruauté impitoyable, n'a pas fait que des cadeaux.
Je dirais même qu'en ce moment, la vie chez ses deux êtres est allumée par une étincelle dont la source m'impressionne grandement. Là se trouve toute mon admiration pour ces deux êtres.
Leurs existence me défragilise. Je considère que j'ai peu le droit de me plaindre grâce à eux.
Sinon plaindre l'Homme et ses hommeries.
La première avait tout pour elle. Belle fille, elle avait de l'énergie, beaucoup d'amies et un sens de l'autonomie hors pair. Elle savait ce qu'elle voulait et aussi ce qu'elle ne voulait pas. Elle avait "de la drive" comme on dit.
Un jour, en faisant ses études, elle fait la rencontre d'un beau brun, un peu timide mais bel homme. Ensemble, ils étudieront la même médecine et tous deux deviendront d'accomplis professionnels dans leur domaine. Ils tricoteront deux enfants, deux jolies créatures aussi innocentes qu'adorables.
Convaincue trop tard que dans les choses qu'elle ne voulait pas, du moins qu'elle ne voulait plus, il y avait ce beau brun avec lequel elle avait créé deux enfants, elle commenca une relation hors du lit conjugal. Elle avait bien avisé ce beau brun qu'entre elle et lui, il n'y avait plus de lendemains. Que chacun devrait dorénavant faire son chemin hors des sentiers déjà battus ensemble. Se séparant les enfants selon des dipositions que l'on étudierait plus tard.
Toujours plus faible que celle qui savait toujours ce qu'elle voulait, le beau brun, incapable de l'atteindre dans son indépendance a alors choisi de la blesser au seul endroit où il pensait qu'il pourrait le faire. "Tu veux la guerre, tu va l'avoir" lui avait-il promis. Propos qui ne se rendraient jamais aux jurys des années plus tard.
Il commettra la pire des boucheries sur deux enfants qui avaient l'âge de supplier leur père de cesser sa folie. La société québécoise allait décider de l'innocenter pour cause de maladie. Sans considérer celle qu'il venait d'infliger à la mère des deux victimes: la maladie de vivre à moitié-mort.
Mais même morte vive, on l'a vue se battre, on l'a vue monter au front, on l'a vue partout et moins en larmes qu'en croisade. Il n'y a pas assez de larmes dans un corps humain pour pleurer tout ce qu'on pourrait pleurer sur le sujet. C'est un corps vide que l'on pouvait s'attendre à voir jour après jour et pourtant, on a pu voir une énergie, assurément puisée à même le desespoir, qui la rendait si forte et qui faisait de l'autre un être si faible.
On a vu une gagnante qui faisait de l'autre un pire perdant encore.
La société a dit à l'assassin: tu as enfin obtenu ce que tu voulais.
La jeune femme nous dit encore aujourd'hui: survivre à la fin du monde est possible.
L'autre à qui je voue une admiration du même ordre a été un enfant-star. On lui a volé son enfance, on a abusé de lui mais surtout de sa soeur, aussi enfant-star. En surface, il ne laissera jamais rien paraître. Toujours le sourire suspendu aux joues presqu'à en devenir irritant. Les artistes sont tous coupables de vouloir être aimé. Celui-là plus que quiconque. Ne serais-ce que pour rééquilibrer les carences. Ne serais-ce que pour récupérer un peu d'enfance.
Ayant quitté l'école tôt afin de poursuivre un rêve d'entertainer, puisqu'il avait commencé à l'aube de la vie, il est tombé hors des goûts du jour avant la vie adulte. Son talent devenu un peu suranné a été moins sollicité. Il s'est cherché longuement. Peu scolarisé, il ne pouvait légitimement pas se replacer facilement. C'est dans la mémoire collective des gens qu'il existait et pas complètement ailleurs. Chanteur/danseur/chorégraphe, la vie allait lui faire le coup salaud de lui offrir deux enfants sourds. Pas un, deux! privés de ce qui faisait vibrer la vie de son père: les sons.
Quand le drame de sa soeur a été extraordinairement public, il a choisi pour sa part d'aller vivre le sien en privé. L'homme au constant sourire a surement beaucoup pleuré à l'ombre des regards Pourtant, il est encore aujourd'hui presqu'impossible de trouver une photo de lui sans son sourire.
Nous ne connaîtront probabelement réèllement la profondeur de son drame. Drame dont il a choisit de noyer le germe en lui tout seul. Héroïquement. Courageusement.
Et dix milles fois brisé, comme la jeune femme plus haut, il s'est tenu debout.
Et quand il animera les Gémeaux en septembre à la télévision, contre le sourire qu'il affichera, tout aussi trompeur que celui que la vie lui réservait, je souhaite voir appliquée la plus grande des ovations.
Parce que bon/pas bon, là ne se trouvera pas la question.
Allumé et parmi nous, ce sera déjà beaucoup.
Étrangement les 4 mots du titre sont partout dans l'oeuvre d'un autre grand torturé que j'admire.
Les Étoiles: Star, Starman, Stars (are out tonight), The Prettiest Star.
Le Jour: Days, The Next Day, Day-In Day-out, All the Madmen.
Le Temps: Time, Time Will Crawl, Where are we now, la pochette de Hours, son contenu. Rock'n Roll Suicide.
La Nuit: Tonight, Night Flights, Here Comes the Night, African Night Flight, Let's Spend The Night Together.
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