Il faisait franchement chaud ce jour-là. Le type de journée où la peau est tout de qu'il y a de plus dévoilée. Les sourires s'échangeaient facilement sur les rues. La peau avait des effluves épicées. Il faisait bon errer en ville.
En compagnie de deux chevaliers du tonnneau, nous avons pioché dans une SAQ et sommes allés manger dans un véritable paradis culinaire que je recommande à tous. Une discrète terrasse au coeur du plateau, une douce musique moyen-orientale fort agréable, et une délicieuse tablée sur la rue Duluth. Pour une trentaine de dollars, vous goûterez à des plats afghans apprétés avec soin et servi avec une bonne rapidité(même si il y a foule comme ce soir-là).
Mais encore une fois on a une preuve que la religion sème pratiquement toujours la mort. (demandez à Jésus lui-même! y a fallu qui ressucite tellement les gens n'aimaient pas la fin du roman!)
J'étais donc dans des bonnes dispositions mentales pour le lendemain matin visionner le film que j'avais déjà emprunté quelques jours auparavant. Je l'écouterais en faisant mon jogging : A Separation.
Le film n'est pas afghan, ni libien, il est iranien. Moyen-oriental. Là où la foi en Mahomet domine. Moins dans un pays que dans une mosaïque de confessions.
L'affiche est d'abord trompeuse. On y voit en gros plan le personnage de Leila Hatami, ce qui laisse croire que le film sera surtout de son point de vue. C'est faux. Bien que ce soit elle qui souhaite une séparation afin de vouloir quitter l'Iran et élever sa fille là où il sera plus sain* de le faire, c'est surtout l'effet domino de cette décision dont nous sommes témoins dans ce splendide film (oscarisé d'ailleurs) de Asghar Farhadi. Le mari qui doit maintenant se débrouiller seul pour élever sa fille de 11 ans et s'occuper de son père atteint de la maladie d'Alzheimer est admirablement bien joué par l'écrivain Peyman Moadi. Les rôles secondaires, tenus pas Sareh Bayat (FABULEUSE), Shahab Hosseini (Intense et juste), celui joué par la fille du couple qui se déchire, Sarina Farhafdi (REMARQUABLE fille du réalisateur), le rôle de la petite Kimia Hosseini et même celui du juge Babak Harimi sont tenus avec une impeccable rigueur dans un film où le script (du réalisateur Farhadi) est sans faute.
Le tournage a dû être interrompu pendant 10 jours quand le réalisateur a manifesté son appui aux cinéastes Iraniens emprisonnés ou que l'on empêche de tourner chez eux.
Un véritable bon film qui nous laisse entre les mains d'une petite fille de 11 ans (qui m'a arraché une larme dans la séquence finale, je l'avoue) qui aura craint tout le film de ne pas avoir à faire ce qu'elle fera en bout de piste.
Au coeur du tumulte, vers la toute fin, le père discute avec la fille de son ancienne femme de ménage. La scène est douce. Nous sommes dans la maison du couple en voie de peut-être se séparer. Le père souffrant d'Alzheimer fait jouer une musique de sa chambre sur un petit radio. Cette scène m'a complètement déraciné de mon plat 450.
J'étais soudainement en Iran. Je ne remarquais même plus que mon jogging habituel de 30 minutes avaient cette fois duré 1h46.
C'est la foi au Coran qui fera renverser la vapeur à la toute fin. Mais la trame dramatique change de direction si souvent qu'à la fin du 2h02, on a l'impression qu'un deuxième film pourrait être sur le point de débuter.
Brillant effort de la part d'un pays largement incompris de par le monde occidental.
Et dont la foi, à la lumière de ce qui s'est passé au consulat des États-Unis en Libye, voile les chaînes qui les tient prisonniers.
Et ce vulgaire pape qui traine au Liban en ce moment même...
En me plaçant sur ma galerie j'ai vu deux jeunes femmes passer dans la rue toutes en cuisses. Elles promenaient un chien en laisse.
En y pensant bien je me disais que ce chien en laisse...c'était un peu moi aussi au fond...
*Si elle juge le futur de sa fille malsain ce n'est pas parce que son mari est une ordure, au contraire, elle voudrait bien qu'il s'exile avec elle, mais plutôt parce que c'est l'Iran en soi qu'elle juge inadéquate pour l'avenir de sa fille.
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