lundi 10 septembre 2012

Peter Peter

J'avais beaucoup beaucoup aimé ce que j'avais entendu à la radio, un saxophone comme ressuscité de 1986 mais dans une mélodie aérienne de 2012. Un chemin étoilé.

J'avais un certificat cadeau inutilisé depuis un certain temps et j'avais choisi de l'honorer.

J'ai acheté le disque de Peter Peter. Mais je me suis trompé j'ai acheté le premier. Un album que j'ai trouvé très très très bon. Ce n'est que quand j'ai aperçu une affiche de son second effort que j'ai compris que ce que j'avais entendu à la radio était plutôt issu d'un autre album. Celui de l'affiche.

C'est vrai, j'avais tellement aimé ce que j'ai acheté que je n'avais même pas réalisé que le morceau que j'avais entendu à la radio, je ne le retrouvais même pas sur la galette simplement appellée Peter Peter, album originalement paru en 2010. Un fort agréable album que je trouve tout à fait sans défaut.

L'affiche qui m'a appris mon erreur titrait Une version améliorée de la tristesse. Avouez que ça ressemble à une amorce de marketing voulant nous vendre un artiste, non?

J'ai donc aussi acheté le deuxième effort de Peter Peter. D'abord en le maudissant, je l'avoue. J'étais prêt à le détester. Il m'avait coûté 40$. Je le soupçonnais aussi(l'accuse encore un peu) d'être très narcissique. Il ne remercie QUE sa mère sur les deux albums. D'avoir offert au monde son indispensable existence? Sur son deuxième album, il est partout en photos. Simplement lui en couverture et sous plusieurs angles à l'intérieur. J'étais prêt à entendre les mots Facebook ou Twitter dans ses textes* Les refuges par excellence du narcissisme.
J'achetais aussi ce jour-là le premier album de Divine Fits qui y allait d'une splendide pochette, résistant à l'envie de se présenter leurs trois minois sur le dessus. Cette pochette décore ma voiture noire actuellement. Très joli.

Revenons au minois. Celui de Peter Peter m'était extraordinairement familier. L'artiste ressemble à s'y méprendre à un ami, presque un frère, que j'ai eu de 1982 à 1986. Des années capitales dans ma vie. Ce qui nous as séparés en 1986 ce sont nos parents. Bon l'école aussi puisque j'étais mis à la porte d'une école secondaire pour des raisons disciplinaires tandis que lui "choisissait" d'avoir un fils quelques mois plus tard (nous avions 16 ans!!!) ce qui scellait définitivement le sort que nos parents respectifs souhaitaient: celui de savoir la mauvaise influence que l'un avait sur l'autre, loin. Dommage. Nous retirions des plafonds sans faire tomber les murs.

On ne s'est jamais revus depuis. Mais on a tant fait de conneries tous les deux que je pense souvent à lui, Patrick McGood. Et là cette face dans la vingtaine m'a troublé...J'entendais d'un chroniqueur radio que Peter Peter était en brouille avec son père voilà qui expliquait pourquoi il n'a pas de nom de famille et qu'il ne remercie que sa mère. Je me suis pris à imaginer un père absent. Pat McGood avait 16 ans, est-il resté avec la mère de son fils? Peter Peter est originaire de Québec...pouvait-il?...non...J'ai vérifié et il est né en 1984, donc trois bonnes années avant que Pat et moi ne plantions nos robinets dans la tendresse féminine (le même soir et pratiquement dans la même pièce) pour la première fois.

C'était donc impossible. Mais c'est drôle quand j'écoute les deux disques de Peter Peter, j'ai tendance à visualiser mon souvenir de McGood en train de chanter. Un ami, donc.

Mais arrivons-y enfin au contenu de ses deux albums.

En lisant le mot "rien" quatre fois dans les titres des deux albums, je m'attendais à justement, peut-être, le trouver. Et ben non. Peter Peter je le trouve très très bon. Habile. Le premier album est particulièrement sans défauts.

On me dirait qu'il a enregistré ses albums la nuit et je le croirais. Comme je suis un homme de nuit, que mes nuits sont souvent plus belles que vos jours, c'est à la nuit tombée que je savoure pleinement ces deux efforts. Des albums qui visent le pop mais touchent aussi le jazz et dont les structures musicales, sous des airs forts simples, ne font pas oublier les bonnes trouvailles auditives ou textuelles. En son, il y a l'utilisation d'une scie musicale pour illustrer le bruit du vent sur Montréal Neige Sale, ce saxophone amené par Adam Kinner sur 50% du deuxième album, la présence de Coeur de Pirate dans le refrain de Tergiverse, Gregory Paquet des Stills à la guitare sur Les Chemins Étoilés et sur Barbès-Rochechouart (à la basse aussi pour ce morceau) , Francis Mineau de Malajube sur Tout Prend Son Sens Dans Le Miroir, le brio de Jonathan Guilbeault à la batterie sur la pièce instrumentale Dring Dring Pow Pow! dont le titre est chanté par un groupe d'enfants et dont la finale nous surprend avec une innatendue cornemuse, La rage sur Laurie, ses deux morceaux instrumentaux, les multitâches de Peter Peter et Emmanuel Éthier, du violoncelle?, de la harpe?du sousaphone? du iphone? non vraiment y a beaucoup beaucoup à aimer avec Peter Peter.
Les deux albums se terminent avec une dernière chanson qui est, à mes oreilles, le meilleur morceau de chaque galette.

L'application sur les textes et l'inteprétation vocale laisse deviner un grand artiste-in-the-making. C'est le sentiment de confidence de la part d'un ami lorsque je l'écoute. Sur une pièce comme Rien Ne Se Perd, Rien Ne Se Crée, l'interprétation, c'est du miel dans son café. 
Y a un peu de Bright Eyes dans Peter Peter.

Artiste du spleen qui a 100% connecté avec ma sensibilité.
Avec le premier album dans notre système de son de la verrière et le second dans ma voiture, j'en ai même oublié d'explorer davantage Divine Fits acheté en même temps.

Mais si pour Peter Peter, la nuit est vieille et périssable.
Son oeuvre est pour moi, tout ce qu'il y a de plus mémorable.

Aérien Peter Peter, dompteur nocturne de tympan
Je t'ai dans l'oreille pour longtemps.

*Si je ne suis pas prêt à entendre les mots "facebook" ou "twitter" en musique j'avoue toutefois beaucoup aimer ceci...Plaisir coupable.


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