Qu'est-ce que l'injustice?
Il ne faudrait pas compter sur les États-Unis pour nous l'enseigner.
L'assassinat de Salvador Allende et la prise de pouvoir de Pinochet au Chili, le support à la junte dans les factions de droite au Salvador dans les années 80 sous Reagan, les massacres en Palestine de la part d'Israel financés par l'oncle Sam et justifiés par une brouillonne "guerre au terrorisme", les lois sur le bois d'oeuvre au Canada...
Les exemples sont innombrables. Si c'est bon pour les États-Unis, c'est bon pour tous. La position inverse est rare. Ils ne sont pas les seuls, les grands pays industrialisés ont tous leur part d'ombre mais plus on est gros, plus les bourdes sont de même taille.
Quand le hacker australien sans domicile fixe Julian Assange a pris contact avec le NY Times en 2010, il avait entre les mains plusieurs bombes. Des milliers de documents top secrets sur les opérations militaires en Afghanistan, en Irak et autant d'échanges entre diplomates d'à travers le monde. Assange, qui avait un agenda personnel bien précis et l'objectif d'obtenir une certaine renommée, avait aussi choisit comme allié le journal allemand Der Spiegel et le journal anglais The Guardian.
Après plusieurs mois de tractations où les journalistes de chaque journal contactés ont pu vivre la transformation d'un pseudo-punk, Étatsuniphobe, à l'hygiène douteuse en entêté au sens de l'esthétisme étudié; les trois journaux ont publiés, toujours en 2010, les coups d'éclats de Wikileaks, l'entreprise naissante d'Assange, en égrainant l'information selon des délais fixés par ce dernier.
En peu de temps, le nom de Wikileaks et le visage de l'homme à la tignasse blonde ont fait le tour du monde. Assange (malgré ce qu'en pense le Times qui menait alors une vendetta personnelle contre Assange) est devenu l'homme de l'année 2010.
Le journalisme ne serait plus jamais le même à partir de cette année-là.
Assange, homme brouillon lui-même, s'est vite fait des ennemis. En commencant par le NY Times qui le considérait comme une source et non un partenaire. Assange a détesté l'angle choisit pour l'article sur les révélations originales de Wikileaks, trouvant le Times peu accusateur. Il a aussi haï le portrait qu'on a fait de lui dans le NY Times. Puis, troisième prise you're out, il a vilipendé les dirigeants du Times quand ceux-ci ont fait un portrait peu flatteur du soldat héros Bradley Manning. Mais Assange n'aimait pas d'avance les États-Unis d'Amérique. Il les avaient en travers de la gorge avant même de coopérer avec eux. Il voulait manipuler les fils lui-même. Un bon journaliste s'abreuve de la source mais ne suit pas sa campagne de marketing. Il déchiffre la recette.
L'eau bouillante a fini par déborder sur les ronds de poële.
Les fissures chez Wikileaks ont commencé à paraître et des dissidents sont eux-mêmes devenus des sources pour plusieurs autres magazines. En parrallèle de l'entreprise bientôt caduque de Assange. Capitaine à l'équipage vascillant, il s'est vite retrouvé en radeau.
L'impact de ses révélations a toutefois été extrêmement important. La résistance à la réception s'est faite en trois modes:
1-Les documents sont biaisé et proviennent d'un USA hater. De plus, ils ne nous apprennent rien de nouveau
2-Les révélations mettent en danger des vies et identifient inutilement des sources, des informateurs, des manières de travailler et des stratégies qui menacent les opérations militaires et diplomatiques futures dans le monde.
3-Tous ceux qui collaborent avec des punks de cette espèce perdent en crédibilité et accordent un espace médiatique démesuré à des gens qui ne le méritent en rien.
Bref en gros, les gros ne veulent pas frayer avec les petits.
En 1960, un important homme de justice des États-Unis disait que le droit de censure de la presse de la part du gouvernement a été aboli afin que la presse soit protégée et libre de révéler les secrets du gouvernement à jamais. La liberté de presse fût extraordinairement importante entre autre dans les conflits raciaux aux États-Unis, dans la guerre ratée contre le Vietnam, dans le processus de démission de Richard Nixon, dans les mensonges de destruction massive de l'administration Bush fils. JFK, qui était à 99% contre l'invasion de La Baie des Cochons, aurait voulu le révéler à la presse à l'époque. À la place, on retient l'échec. Dans le cas de son assassinat, on a tout enfermé et jeté la clé jusqu'à ce que les réèls coupables meurent tous, un à un.
Les États-Unis sont donc très sélectifs dans la divulgation de leurs secrets.
Bientôt sortira un livre, écrit par les principaux intervenants, sur la vérité entourant la mort de Ben Laden qui se serait tué tout seul se sentant cerné.
Les secrets du blondinet Assange ne plaisent pas aux grands de ce monde. Les abeilles agaçent toujours. Et Assange est celui qui a donné un grand coup de pied dans le nid.
On l'a piégé en Suède en lui mettant entre les jambes deux agents doubles et dans ce pays, avoir une relation sexuelle sans protection entre dans la catégorie "viol" (ce qui est aussi le pire service à rendre au terme viol et qui le discrédite du même coup, bravo la Suède!). Dans ses deux relations sexuelles conscentantes, on a tenté de le faire accuser de viol, une hérésie, et depuis, il magasine les avocats du monde entier pour éviter une prison dont il ne verra jamais les barreaux car tout ça est trop ridicule.
La prison c'est sa vie maintenant. L'Équateur lui a proposé récemment l'asile politique ce qui est tout à l'honneur de ce petit pays. Un pays frontalier, ironique non? frontière entre vérité et mensonge?
Il y a définitivement eu entretemps un longue réflexion sur la pratique du journalisme et des liens diplomatiques grâce à ce punk. Il y a eu un avant et un après Wikileaks sans qui les printemps arabes n'auraient pas connu l'essor de l'an dernier. D'abord en Tunisie, puis ailleurs.
Aujourd'hui les diplomates du monde entier ne s'assoient plus en privé sans dire "So, when will I read about this conversation?"
Dans le parfait esprit cabotin qui animait les gens de Wikileaks, à Noël en 2010 les cartes envoyées aux collaborateurs se lisaient ainsi:
"Dear Kids,
Santa is Mum & Dad
Love, Wikileaks"
Julian Assange ne sera jamais en prison où il est certain qu'il se ferait faire un Jack Ruby special.
Mais il devrait être le plus discret des hommes à partir de maintenant.
Il me semble pourtant que c'est une élémentaire qualité de hacker, la discrétion.
En Équateur il devrait au minimum se rebaptiser:
Julio El Sago
ou
Angelo Saggagio
Il a la tête de l'ange de toute façon.
Un ange biscornu bien entendu...:)
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