Ils vous voudraient cul-de-jatte mais, comme c'est con, vous marchez...
Le plus drôle c'est que cette jeune femme n'est absolument pas carriériste!
À 30 ans, cette ancienne chargée de cours pendant 5 ans à l'Université de Sherbrooke en adaptation scolaire a été aspirée dans le conflit étudiant et a été, comme les trois autres mousquetaires, d'une remarquable intelligence.
On se pense très ouvert au Québec mais fallait voir les journalistes du conflit ne poser leurs questions, à la française, qu'aux garçons au début du conflit étudiant. C'était extrèmement insultant pour la présidente de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (la FEUQ), la doyenne en plus. Ne faisait-elle pas elle aussi face à la même pression, ne rencontrait-elle pas elle aussi les même sourds au gouvernement? Ses membres ne la fouettait-elle pas elle aussi avant qu'elle ne se présente au bâton?
Et au bâton elle s'est présentée à toutes les fois. Elle était si disponible pendant le conflit qu'on pouvait la voir sur trois réseaux le même jour et quelques fois carrémment en studio en train de réagir en direct aux maladresses libérales. JAMAIS n'a-t-elle perdu la tête, n'a t-elle montré d'agressivité, n'a-t-elle montré d'exaspération face aux gens à sa table ou d'en face. Desjardins a toujours été en contrôle d'elle-même et d'une rigueur exemplaire. Elle a fait face à un mur de paternalisme politique et journalistique sans jamais céder à l'envie de hurler. Elle avait pourtant toutes les raisons de péter sa coche.
Dans cette entrevue avec des lunes de la France entre autre, une entrevue HYPER-CONDESCENDANTE ou au lieu d'envoyer paître ceux qui lui disaient que "Martine joue à la révolution? le Québec n'est plus sage? que se passe-t-il?", Martine s'est contentée de rire.
D'ailleurs vous avez remarqué que c'était la seule à trouver à rire à tous les jours? N'étais-ce pas rafraichissant un peu? À côté d'un Dutil désoeuvré, d'une Couschênes matante, d'un Lessard bourru ou d'un Moreau gnochon, il y avait tout à coup ce visage souriant au rire contagieux. Même l'impassible Gabriel Nadeau-Dubois trouvait le sourire à ses côtés.
Desjardins a également travaillé pendant plusieurs années au sein de l’organisme 1, 2, 3, GO ! Saint-Michel, où elle venait en aide à de jeunes parents et des délinquants juvéniles. La diplomatie dans l'excès donc, elle connait. Ancienne gardienne de but de l’équipe de handball du Québec et de Montréal, elle savait aussi venir voir les coups. Mais dans le sport, les coups salauds ne sont jamais sur le gardien.
Ciment du quatuor, souvent la seule fille à une table de trois face à des journalistes d'une autre génération, elle a dû trimer beaucoup plus que les autres pour se faire valoir. La vie publique est plus cruelle pour les femmes que pour les hommes. Si Léo et Gabriel n'étaient pas rasés, mal peignés, s’ils semblaient fatigués, c’était compris qu’ils travaillaient fort. Pour Martine, si elle avait l’air fatiguée, c’est qu'elle était complètement épuisée, débordée par ce qui se passait. C'était l'impression que les gens se faisaient. Même parmi les journalistes féminins. C'est d'ailleurs toujours comme ça (à tort)avec les femmes en général.
En politique tout est impression. Elle l'a appris, tout comme elle a appris à se mettre du cache-cernes.
Femme de tête, femme de coeur, femme remarquable dans le conflit étudiant qui s'éternise, Martine Desjardins aura fait forte impression sur le Québec.
À la fin de son mandat de présidence, elle ne sait pas ce qu'elle fera vraiment. Pas carriériste je vous dis.
Mais je ne suis pas inquiet pour elle. Son entrevue pour son prochain emploi aura duré plus de 110 jours.
Et elle a brillé sans arrêt.
Bravo Martine et surtout merci d'avoir été un phare pour tant de jeunes et moins jeunes.
Des gens de qualités comme toi, il s'en fait peu.
Tu es parmi ce que le Québec fait de mieux.
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