Brillante élève, elle gagne une bourse à 16 ans pour étudier à la Wimbledon School of Art. Elle se mérite un diplôme en lithogtaphie pour ses 18 ans puis un autre en design de vitrail la même année. C'est ce dernier diplôme qui l'envoie au Royal College of Art jusqu'en 1961. C'est la peinture qui l'intéressait mais les femmes sont extraordinairement rarement admises, ce qui la décourage. Ceci ne l'empêche en rien de peindre quand même (chez elle) et de se lier d'amitié avec de jeunes David Hockney, Derek Boshier, Peter Phillips et Peter Blake. Très vite, ses amis la surnomme The Wimbledon Bardot, pour sa ressemblance avec la grande sex-symbole de l'époque.
Elle se développe une panoplie de talent en parallèle, chantant, dansant, faisant l'actrice au théâtre, à la télé, dans des pièces aux sujets risqués, publiant de sa poésie dans des revues alternatives, et étant une figure scolaire d'importance dans l'exploration de la nouvelle vague européène cinématographique.
1962 et 1963 sont assurément ses deux années les plus productives. Elle se développe une signature iconographique qui sera aussi appelé par Warhol du côté de l'Amérique: le pop art. Elle expose 20 collages avec son groupe Blake, Boty, Porter & Reeve dans ce qui serait la toute première exposition anglaise de pop art.
On la place au centre du mouvement pop art mais on interview continuellement ses collègues masculins. On exige d'elle d'être jolie, c'est tout. C'est frustrant. Elle décide d'en tirer profit et fait l'actrice davantage. Toutefois, sa réputation de peintre s'en trouve légèrement méprisée.
Unique représentante féminine des pop-artistes anglais, elle peint beaucoup la sexualité du point de vue féminin dans ses premières oeuvres. Elle peint aussi ses fantasmes féminins, Elvis, Jean-Paul Belmondo, l'auteur britannique Derek Marlowe. Monica Vitti et Marylin Monroe sont aussi parmi ses "prises" sur toile. Warhol fait la même chose en Amérique, Boty recycle des morceaux de publicité et s'inspire de photos de presse de célébrités connues. Au grand dam de ses multiples soupirants, elle épouse Clive Goodwin, un agent littéraire et producteur de télévison après seulemeny 10 jours de fréquentation. La liaison de Boty avec le réalisateur (marié) Philip Saville aurait inspiré le scénario du film Darling qui a donné un oscar a Julie Christie.
L'appartement de Boty et Goodwin devient le repaire de plusieurs artistes, musiciens, écrivains émergents. C'est elle qui reçoit Dylan en Angleterre, Hockney, Peter Blake, le producteur du Rocky Horror Picture Show et de Monty Python & the Holy Grail, le scénariste de The Italian Job, Les auteurs John McGrath, Kenneth Tynan & Dennis Potter et le poète Roger McGough.
Son mari, Goodwin, fonde un magazine politique radical (Black Dwarf) et encourage Boty d'inclure dans ses oeuvres des élans politiques. Boty inclura effectivement de plus en plus d'évenements politiques dans ses oeuvres: l'assassinat du président Kennedy, la guerre du Viet-nam, les émeutes de Birmingham, Cuba.
En 1964, son collage It's a Man's World I place côte à côte Albert Einstein, les Beatles, Lenine, Muhammed Ali, Marcel Proust suggérant que malgré la domination mâle dans le monde occidental, la notion de la masculanité mâle en soi était peut-être en train de se fracturer.
En 1965, Boty est enceinte d'un enfant non prévu. Encore moins prévu, cette tumeur cancéreuse maligne qu'on lui découvre. Elle a 27 ans. Elle refuse à la fois l'idée d'un avortement et la chimiothérapie qui aurait affecté la croissance du bébé. Elle fumera de la marijuana pour tenter de maitriser le cancer. Elle continue de recevoir ses amis à l'appartement et dessine les Rolling Stones même très malade.
Sa fille nait en février 1966. Sa dernière oeuvre serait une peinture pour la revue musicale de tiré du théâtre expérimental, Oh Calcutta! de Kenneth Tynan.
Elle décède le 1er juillet 1966. Elle avait 28 ans.
Dans un triste rappel du destin sa fille partira elle aussi à 29 ans, en 1995, victime d'une overdose.
Pauline Boty aura été une brève mais importante fondatrice du mouvement pop-art anglais, une peintre d'envergure dont les oeuvres avaient été rangées de 1966 à 1996 dans une grange avant d'être redécouvertes et appréciées à nouveau. Ses peintures et ses collages ont souvent dévoilé une joie et une assurance dans la féminité et la sexualité assumée. Son art rebelle, dans un monde d'hommes qu'elle a souvent critiqué, et son style de vie tout à fait libre en ont fait une icône du féminisme des années 60.
Dimanche prochain, marquera le 46ème anniversaire de son départ extrêmement prématuré.
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