Flanelle avait déjà été amoureuse.
Comme tout le monde.
26 fois en fait. La plupart du temps elle avait simplement flirté avec l'amour.
Les 12-13 premières fois, adolescente, c'était naif, l'exploration. Jeune et immature, Flanelle devait faire toutes les expériences que la jeunesse lui commandait. Et les expériences lui allaient assez bien. Bah! pas de grosses victoires! mais bon... elle était encore jeune et se construisait peu à peu une personalité, forte tout en ne s'en laissant pas imposer. À force de se faire quelques fois mépriser simplement parce qu'elle parlait la langue de Molière, elle avait réussi à se faire respecter par sa simple combativité.
Puis il y a eu le bien nommé Dick. Un homme qui la comblait à tous les niveaux. Dick allait lui faire faire des pas de géants pendant 15 ans. Puis tout de suite après elle tomba amoureuse d'Hector, un homme qui allait changer sa vie. Il pouvait faire à ses orteils ce que personne d'autre n'arrivait à faire avec leur langue ou leurs mains. 13 ans comme ça, elle pouvait facilement en compter 7 de parfait bonheur. Mais comme l'annonce l'expression seven year itch, et bien qu'Hector avait été son Pygmalion, la relation avec Flanelle avait besoin d'un nouveau souffle.
Jamais toutefois, elle n'oublierait Hector, elle ne pouvait pas. Avec Hector elle aurait trois inoubliables garçons: Fusée Gros Bill et Petite Fusée.
Elle aimerait Claude puis Al mais c'était grâce à sa rencontre avec Scotty qu'elle connaîtrait probablement les 8 meilleures années de sa vie. Dans la force de l'âge, elle vivrait 6 années de rêves sur 8 où la présence de ses quatres nouveaux fils, Yvan, Guy, Ken et Larry ne serait pas étrangère au bonheur de ses années. Les gens l'ont tant aimé à cette période et de partout dans le monde, qu'on la voulait "sainte", avec un petit quelque chose de glorieux.
Puis, ce fût les années de errances. Les années 80 ont été dures pour bien des gens, Flanelle ne faisait pas exception. Elle prenait de l'âge. C'était une période d'amours multiples et furtifs, Flanelle aurait de bon succès professionnels en 1986, alors amoureuse de Jean mais le trompant avec Jacques L.. Elle aura un enfant avec l'un des deux, un autre garçon, Patrick E. Toutefois l'absence de père claire rendrait cet enfant-là, taxé du complexe de Dieu. Au bout du compte c'est son amoureux de 1993 qui l'adopterait, un autre Jacques, Jacques D. moins éduqué que ses amoureux précédents mais tout ce qu'il y a de plus bienveillant. Un bon bougre, honnête, pieux et travaillant. Un bon papa.
Là commencerait un cycle très douloureux.
Tel une alcoolique prétextant quitter la bouteille mais couchant dans le bar, puisque ses 4 derniers amoureux avaient été francophones, elle avait maintenant décidé qu'elle ne fréquenterait que des frenchies. C'était discrimanatoire en quelque sorte car elle se privait de splendide candidats mais bon...qui était pénalisée sinon Flanelle elle-même?.
Ses enfants parlaient pourtant anglais, russe, tchèque, suédois...
Elle n'était plus tellement jeune et ses idées se brouillaient. Comme une fixation malsaine, les six amoureux suivants seraient francophones. Les échecs seraient tout aussi nombreux. Elle aurait une brève relation avec Randy mais son entourage, malsain lui aussi, l'obligerait à le domper assez rapidement. Le pauvre Randy serait condamné dès le début de la relation mais avec un courage remarquable il ferait son bout de chemin. Envers et contre tous.
Flanelle redevenait immature et illogique, c'est ce que l'âge peut faire des fois. Faire baigner le cerveau dans la jeunesse infantile.
Lisant une brochure qui soulignait qu'il était peut-être possible qu'un couple séparé réussisse à renouer avec le succès amoureux, elle reprit avec Michel, un amoureux du passé, elle l'avait déjà fait avec Bob. Avec Edouard et Léo aussi il y a tellement longtemps qu'elle ne savait même plus si ces "reconnections" avait été heureuses.
Haaaa Michel!...se pratiquait-elle à dire à nouveau dans les draps meurtris bandant le flambeau. Mais Michel ne lui appartenait plus de toute façon. Il était déjà à d'autre. Ce n'était pas simplement lui qui revenait mais son entourage au grand complet.
Elle avait vomi une diahrée incohérente parlant de la défense de la langue française et de la bataille continue pour faire face à l'adversité internationale, mais au fond, à son âge, c'était franchement le monde entier qui lui faisait peur. Du délire âgiste.
Les moins nantis diraient "c'était le seul choix possible" comme si le reste de la planète ne comptait aucun homme qui avait de l'allure. Mais à son âge, elle ne voyait plus aussi large que son carré de sable. Elle ne voyait plus que les garçons de sa rue.
C'était le choix cheap, probablement pas le bon, mais elle était si vieille...c'est difficile de penser toute seule à plus de 100 ans.
C'était son choix...enfin... un peu le sien...de moins en moins...elle n'arrivait tellement plus à penser toute seule.
L'âge...mais on l'aime quand même.
Espérons qu'elle soit heureuse malgré tout.
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