dimanche 19 avril 2009
124 grandes minutes
Ma douce s'était loué un film pour contrer son veuvage du samedi soir. Moi je m'étais réservé le 3 heures de torture Montréal-Boston.
D'habitude elle tombe dans le léger. Ses semaines sont aussi lourdes que les miennes alors quand elle peut tomber dans le poids léger, elle le fait. On est souvent à la limite du karaoké. Nick & Norah`s Infinite Playlist ou Mamma Mia des choses du genre.
Comme je m'étais planté en lui louant Rachel Getting Married la semaine dernière, hier elle s'en est chargé elle-même. Elle est tombé dans le sérieux.
"Tu vas aimer ça tu devrais l'écouter, un film qui commence à Berlin et qui finit à New York en plus...tout à fait dans tes cordes"
Quand ce refrain sonne dans la matinée il n'en faut pas plus à Roger pour s'écraser.
Je crois que dans mon for intérieur je n'avais pas encore pardonné au tandem Stephen Daldry (à la réalisation) et David Hare (au scénario)de nous avoir signé leur film soporifique The Hours il y a quelques années. J'avais trouvé cette oeuvre lourde. Avec des performances affectées, surtout chez Nicole Kidman qui avait, malgré toutes les apparences, manqué de pif dans son interprétation à mes yeux. (Souvent dans ces cas-là ils leurs donnent un oscar). J'avais trouvé que cette oeuvre faisait appel aux initiés des livres de Virginia Woolf et de son livre Mrs Dalloway, initié que je ne suis pas, et je m'y étais assez fortement ennuyé.
Et comme le livre de Bernard Schlink était en vente à moins de 12$ depuis si longtemps, je sentais la mauvaise adaptation et me tenais donc loin de The Reader qui réunissait le même tandem cinématographique Daldry/Hare.
Erreur.
Ce film écrit, tourné et joué avec une grande intelligence touche un sujet délicat, soit la responsabilité morale. La responsabilité morale chez un peuple, les allemands, qui n'a jamais chassé complètement les horreurs commises lors de la deuxième guerre mondiale.
Kate Winslet y est comme toujours extraordinaire et le jeune David Kross est tout simplement parfait dans le rôle principal du jeune homme torturé par celle qu'il croyait connaitre et celle qu'il découvre. Ralph Fiennes hérite du même personnage que Kross mais à un autre âge et y tient un rôle extrèmement complexe. Une scène avec Lena Olin vers la toute fin est tout simplement magistralement écrite, jouée et livrée dans un exercise extrèmement chargé d'émotions contradictoires.
Voilà un film qui naviguera longtemps dans la mémoire.
C'est d'ailleurs tout un pari que les producteurs s'étaient donnés que de tenter de réhabiliter le souvenir de la responsabilité sous le troisième reich. Il fallait du doigté. Les scènes de bain et de chantier en construction sont multiples et font de l'excellente métaphore subtile afin d'illustrer le souvenir de l'impensable chez les Allemands. Des souvenirs dont on voudrais se rincer, reconstruire autrement.
L'ironie dans tout ça c'est que ce fort habile film sur la mémoire a été produit par deux grands producteurs disparus: Sidney Pollack & Anthony Minghella. Deux producteurs qui n'auront pas survécu à leur chef d'oeuvre.
Mais que leur chef d'oeuvre nous fera garder en mémoire pour toujours.
Je suis heureux de découvrir par hasard que Daldry travaille présentement à adapter une oeuvre d'un auteur que je lis et découvre avec délice en ce moment même: Michael Chabon.
Faut crère que j'ai du flair dans les choses qui sauront me plaire c't'affaire...
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