Il a été le premier maire de Paris élu par le peuple en plus d'un siècle. Auparavant, le poste de Maire était choisi par la présidence du moment.
Il a d'ailleurs régné comme maire, de manière présidentielle. En petit roi. Ce qui tracerait aussi le chemin jusqu'à sa présidence qui durera 12 ans (puisque le règne de 7 ans, sera réduit à 5, par lui-même).
Il a marqué la France de la meilleure des manière, mais des pires aussi.
On l'aimait quand il était près des gens, animé par le monde agricole, flattant les animaux, près de sa population.
On l'a moins aimé avec des accents racistes, divisant "le travailleur français" de celui "qui fait du bruit et qui répand des odeurs".
Il a fait plus de 40 ans de politique française. Un pays qu'il n'a pas que dirigé, mais qu'il a adoré. Et qui ne se gênait jamais pour le dire. Plantant des inflexions vocales appuyées sur ses "vive la république, vive la France". Il offrait un certain côté "cool" que ses prédécesseurs ne pouvaient accoter.
Il n'a jamais été plus brave que lorsqu'il a tenu tête aux États-Unis et à l'Angleterre de Tony Blair, qui eux, partaient en guerre, comme deux poules sans têtes. Il avait envoyé De Villepin dire aux États-Unis que ce serait non. Que cette guerre dépassait la raison. Qu'elle serait catastrophique dans tout ce qu'elle ferait naître de mal ailleurs.
Et il avait tellement raison.
Il adorait le sport. Le regarder. Le Sumo, passion qu'il gardait secrète, mais qui lui plaisait grandement. Il faisait rire en sports. Ne connaissant pas les noms des joueurs, mais étant si volontaire à les crier. Ou encore demandant à la super vedette de handball, Jackson Richardson "do you speak french?" alors que celui-ci était originaire de l'Île de la Réunion. Embrassant Barthez sur la boule.
On l'a découvert fourbe. En fin de vie, on le trouvait coupable de tricheries. Créateurs de faux emplois, fournisseurs d'appartements à faible prix pour les proches et amis. Tricheur. Il sera aussi le premier maire condamné criminellement. Même si une certaine pudeur n'osera jamais appliquer la peine.
Il a eu la classe de reconnaître le tort de la France dans son traitement des Juifs pendant la Seconde Grande Guerre. A reconnu la responsabilité fatale d'une certaine France.
Il était le dernier des Gaulistes, et l'a modernisé au sein des ses troupes. Non pas sans créer quelques schismes. Les Français le sentaient près d'eux. Même si il détournait des fonds dans sa tour d'ivoire. Il aurait pour défense le mou "Mais tout le monde le fait depuis tout le temps".
Il était l'ami du Québec. Recevant René Lévesque et son entourage, au grand dam du Canada de Trudeau d'alors, en 1976, quand le PQ prenait le pouvoir avec éclat. Il sera bon pour tous les gouvernements du Québec. Il charmait absolument tout le monde. Journalistes comme convives.
Chirac passe à la mémoire collective non pas pour son bilan, mais parce qu'il était une bête politique, ayant tenu presque tous les rôles, de maire à ministre à président. Il sera le premier premier ministre qui inventera la co-habitation. Plus à gauche que son président Mittérand, il sera forcé à une grande diplomatie. Et à du charme encore et toujours, pour que mieux passent les idées.
Il a rejoué cette dynamique à l'inverse, lui président, Lionel Jospin, Premier Ministre, par la suite.
Il a forcé la souplesse en gestion de la politique française.
Sa présidence aura été marquante, pour les bonnes ou les mauvaises raisons.
Hier, tout le monde mentionnait son nom.
On le fera encore pour longtemps.
Maintenant qu'il a changé de planète, à 86 ans.
"Notre maison brûle, et nous regardons ailleurs" avait-il habilement phrasé en parlant des changements climatiques.
Jamais autant qu'aujourd'hui n'aura-t-il été aussi pertinent.
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