lundi 2 septembre 2019

Boris & Charles

Il n'est pas roi, mais il est aussi isolé et autocratique.
Ça c'est déjà vu en Angleterre.

Quand un Premier Ministre Britannique non élu, qui n'a que pris la relève de la monarque précédente, proroge son parlement, il devient facile de le comparer à Charles I, Premier Ministre du 17ème siècle.

Comme le soulignaient quelques-uns la semaine dernière, avec Charles, ça ne se terminait pas bien.

En 1629, Charles 1 prorogeait lui aussi son parlement. Les 11 ans qui ont suivi ont été une dictature. Décorativement, pour faire bien, on a parlé de son règne comme d'une tenure de "lois personnelles". L'emprisonnement de ceux qui s'opposaient à lui étant une de ces lois. Boris Johnson réserve-t-il ce sort à Jeremy Corbin?

Similitudes ou paresseuse rhétorique?

Le problème de Charles était qu'il méprisait ouvertement toute notion d'adversité politique. Même issue des riches propriétaires de terrain qui dominaient les parlements du 17ème siècle, duquel il avait besoin de l'appui pour augmenter les taxes, afin de subventionner son armée en conflit avec l'Espagne. Ce conflit déchirant l'Angleterre même si, en surface, elle ne devait pas en faire partie vraiment.

La garde rapprochée de Boris Johnson est une petite clique de rien du tout. Mais qui a des dents. Bien avant que Boris ne scande "fuck business", il était évident que les affaires en Angleterre prendrait un coup avec le Brexit.
99 des 100 entreprises de la Financial Times Stock Exchange hurlaient de rester dans l'Union Européenne. Mais c'est la minorité de la minorité qui a convaincu à force de dresser les épouvantails.

La "monarchie" de Boris le place assez seul sur son vélo. Les Brexiters conservateurs ne représentent même pas la majorité de ceux qui ont voté en faveur du Brexit. Les voteurs n'ont jamais choisi une alliance Trump/Johnson (pas certain encore, mais dans l'air) ni une version du libre marché pour laquelle ils n'ont pas voté non plus, puisque Johnson n'a pas été élu.

Johnson est donc doublement isolé. De son propre parti, qui porte le masque de la défaite plus que n'importe quel autre. Et isolé aussi des voteurs, des gens ordinaires, duquel il ne suit pas les envies. Qui tendent vers une sortie avec une entente et non une sortie de l'Union, sans entente.

Un autre parallèle pouvant être fait dans cette idée que "négocier est inutile". On est retourné dans ce même type d'intransigeance politique. Et plus ou moins mature.  Il semble palpable que de l'action serait nécessaire alors que voilà, on paralyse le parlement jusqu'en octobre.

Après 11 ans de dictature, Charles avait été forcé de reformer son gouvernement. Des masses de Londoniens se sont rassemblés devant le parlement de Westminster, parmi eux des gens emprisonnés par le passé par Charles. Des gens qui voulaient que Charles soit trainé en cour par ses conseillers. Qu'une souveraineté parlementaire soit établie.

Les manifestations populaires ont eu raison de Charles qui a dû fuir avant de revenir en 1649, trainé en cour, afin de défendre sa vie.

Le peuple avait fait bouger les choses.
Johnson clame que le peuple est derrière lui, mais ça reste encore à prouver.
Quand la démocratie est en péril, son salut dépend de l'envie du peuple de faire valoir ses droits.

Au 17ème siècle, le peuple avait résisté à ses autocrates.
Boris n'est pas encore 100% autocrate.
Mais il semble vouloir en enfiler le costume.



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