Né en 1946, il grandit à Châteauguay. Il est né d'un père employé de mercerie avant de devenir directeur de caisse populaire. Bien que diplômée pour être enseignante, maman sera d'abord employée d'Imperial Tobacco, avant d'enseigner pour la première fois, à 45 ans.
C'est au collège qu'il se lie d'amitié, pour la vie, avec Julien Poulin.
Ado, il découvre un livre sur les Patriotes. Il y découvre des mots nouveaux, il y découvre sa propre histoire, il explore les écrits de De Lormier, il est captivé pour toujours.
C'est en 1962, quand il a 16 ans, que son père le mène à une assemblée publique en pleine campagne électorale de Jean Lesage. Il apprendra de son père que plus l'enjeu est grand, plus c'est difficile. Et plus c'est excitant. Il devient aussitôt membre du RIN de Pierre Bourgault, Guy Pouliot, André D'Allemagne et Marcel Chaput.
Sa passion pour un projet indépendantiste sera ferme et permanent. Et de toutes ses oeuvres.
Il entreprend des études en anthropologie à l'Université de Montréal. La crise d'Octobre, alors qu'il est toujours étudiant, le marque profondément. Il reste sans voix face à la nouvelle de la mort de Pierre Laporte, mais militera devant la prison de Parthenais afin de faire libérer les 500 innocents qui s'y trouvent.
Réalisant que les images lui servent mieux que ce qu'il tente de traduire en mots, il filmera son projet de maîtrise. Son premier court-métrage est sur la lutte mais garde une teinte politique.
Avec son ami Poulin, il tourne plusieurs courts-métrages, aussi drôles que politiques . Poétique aussi. Il nous raconte toujours nous, fièrement. Il choisira toute sa vie de rester un enfant. Un enfant en colère. Mais ludique aussi.
Toujours avec Poulin, il tourne une caricature de la petite bourgoeisie canadienne-française-fédéraliste, avec trois courts métrages réalisés entre 1981 et 1985. Le collage des ces trois courts-métrages fera un moyen métrage qui passera au folklore Québécois.
En 1985, découragé de voir ses projets refusés par Téléfilm Canada, il réussit, avec l'aide de sa compagne, à faire accepter un projet de documentaire pour l'ONF sur le prestigieux Beaver Club. Habilement, il réussit à se glisser dans les festivités des 200 ans du Beaver Club, célébrés à l'Hôtel Reine Élizabeth, où Gérard D.Landry, et de nombreux bourgeois et pseudos-aristocrates sont dMune obscénité navrante. Il colle aux images un texte inspiré du Prince de Machiavel, et fait des parallèles avec la défaite des Plaines d'Abraham et la domination physique, économique et psychologique des anglais chez nous. C'est un 15 minutes de pur chef d'oeuvre. Qui ne sortira que 8 ans pus tard.
En 1988, il concocte avec l'ancien Felquiste de la cellule qui avait assassinée Pierre Laporte, Françis Simard, le film Le Party, adapté par Falardeau des écrits de Simard sur ce qu'il sait de la prison. Le film est formidable et nous fait tous découvrir Richard Desjardins.
Avec sa compagne, il tourne un documentaire pour l'ONF sur l'univers du boxeur Gaetan Hart.
En 1994, il créé la controverse au Canada en tournant la crise d'Octobre, du point de vue des 4 Félquistes qui ont tué Laporte. Parmi eux, Françis Simard, qui collabore encore au script tiré de son livre Pour en Finir Avec les Felquistes. Le film est formidable d'humanité. Dans l'horreur inhumaine.
La grotesque dérape de 1970 fait du bruit.
Falardeau écrit des essais et des lettres ouvertes ici et là, qu'il réunit dans son livre La Liberté n'est Pas une Marque de Yogourt. Le Québec perd son référendum de 1995 par une fesse. Falardeau en sera outré.
À partir de maintenant, il ne se gênera plus pour faire du bruit. Il commence par travailler sur le projet d'une adaptation de ce livre sur les Patriotes qui l'avait tant marqué plus jeune, sur le Chevalier De Lorimier. Mais le Canada, et bientôt même le Québec, trouvent que ça fera trop de vagues si ce projet est mis entre ses mains, et refusent de le financer.
Son franc-parler offusque autant qu'il séduit. Il dira "salut pourriture" à Claude Ryan, le jour de sa mort et "que c'était une bonne chose de faite". Ce qui reste d'un goût douteux, Mais considère l'idée d'acheter une banderole derrière un avion, qui passerait au dessus de la procession funèbre de Pierre Elliot Trudeau, avec les mots "Mange de la Marde", ce qui aurait été adéquat (c'était les mêmes mots que P.E.T avaient lancés aux grévistes de la poste).
Pour financer son projet patriote, il tourne trois projets autour d'Elvis Gratton. Qui rapporteront beaucoup.
Il réussira à tourner le dernier 24 heures de deux patriotes condamnés à la suite des rebellions de 1837 et 1838. Deux patriotes dont De Lorimier. Le film est à nouveau formidable.
Il revient à Elvis et vend les droits d'adaptation télé pour financer son prochain projet, Le Jardinier des Molson. Projet qui ne sera jamais complété. Sinon en BD pour adultes.
Pierre, mêlant souvent joual, réflexion intellectuelle et vulgarité, s'éteint à seulement 62 ans du cancer.
Hier, il y a 10 ans, déjà.
Je vous en parlais il y a 10 ans, je vous en parle encore un peu.
Il nous manque dans ce pays parfois décolorisé.
Comme dira Julien Poulin le jour de son enterrement:
"Le Québec résonne de ton silence"
Aucun commentaire:
Publier un commentaire