lundi 26 août 2019

Tu Ne Seras Jamais Autrice

Ni dans ma bouche, ni dans mon blogue, ni ailleurs.

Ce n'est pas platement une question de "Ça sonne pas beau". Ce serait trop ridicule. L'un trouve beau, l'autre non, la discussion n'existe déjà plus. C'est plutôt une question de "Kébékitude".

Tu seras toujours Auteure.

Depuis février 2019, l'Académie Française, se donnant la tâche de parfois régir le langage francophone mondial, a autorisé le retour du terme "autrice" pour définir une auteure ou une écrivaine.

Autrice divise.

Soyons clair: L'Académie Française ne sert absolument à rien. C'est un groupe de ronfleurs, presque 100% (5 sur 40) masculin, qui de temps à autre, se réveille pour parler de ses drôles de rêves.

Avant le 17ème siècle, le mot autrice existe parce qu'il est utilisé. Mais ironiquement des femmes qui écrivent, il y en a pas. Quand celles-ci se mettent à écrire, toujours au 17ème siècle, est formé l'Académie Française. Comme il y a résistance dans un monde encore plus misogyne (oui, ça se peut) que celui de nos jours, on interdit complètement l'utilisation du mot. Avec l'inconscient objectif que s'éteigne toute seule cette tendance qu'ont les femmes, Oh! pardi!, de maintenant oser écrire!

Et quoi encore? Elles voudront qu'on les respecte comme les hommes?

On approuvait pas non plus écrivaine. Une femme était écrivain. C'est l'Afrique, puis la Suisse, puis le Québec qui a commencé à utiliser écrivaine. En 1979, le parti Québécois choisit de féminiser des noms de métiers que les Femmes pratiquent autant que les hommes, parfois plus, dans le but d'égalité entre Hommes et Femmes, mais surtout afin d'être en communion avec son époque. Sauveteur devient salvatrice, facteur devient factrice, écrivain devient écrivaine, auteur devient auteure.

On vit sur une planète où il semble convenu que la langue la mieux parlée serait issue de Paris (PFFFFFFFFFFFhahahaha!) et qu'il y aurait en plein centre 40 bachi-bouczouks, AUCUN d'entre eux linguiste!, qui parleraient encore mieux. Et qui décideraient, du pays de la misogynie profonde, comment les Femmes devraient s'appeler entre elles. 30 hommes, 5 femmes et 5 morts. Car ils sont archi vieux  les académéciens (Dany Laferrière, 66 ans, est le deuxième plus jeune) et 5 d'entre eux sont morts et leurs sièges sont en ce moment à prendre.

Sur les ondes de Radio-Canada, radio, on utilise le mot autrice souvent. Je ne suis pas contre. Tant mieux si on se sent mieux en le prononçant. Mais je ne vois pas pourquoi l'ancestrale Académie Française, issue d'un pays qui a encore des vues ancestrales sur le rôle de la Femme en société, viendrait nous dicter notre féminisation des mots. Nous féminisons déjà mieux que la France à bien des endroits depuis plus de 40 ans. Et là on viendrait nous dire que auteure ou écrivaine ce serait erroné?

Jamais.
Tout comme espadrilles ne sera jamais baskets dans mes traductions.
Dans mon métier de traducteur, Hidalgo Jones de la Mancha se bat continuellement contre les vieux moulins français. C'est une réelle dualité. 
Une caisse pour parler d'une voiture c'est de l'argot de France. Pas d'ici. Ici on parlerait d'une bagnole ou d'une carlingue. Deux mots qui sont aussi issus de la vieille France.

Mais autrice...ce serait un rappel qu'au Québec, ce serait la France qui féminiserait nos voix.
Fuck no.

Ironiquement c'est une femme de l'académie française qui a porté le dossier du mot autrice en disant, de manière stupéfiante, sommes nous vraiment en 2019 là-bas?, que les Femmes ne savent plus comment se nommer, pharmacien ou pharmacienne? Et dans le même souffle, elle a aussi dit qu'elle trouvait difficile de porter le mot "féministe", que ça la rendait donc inconfortable...et gnagnagna...ce qui a dû amadoué les 30 hommes pour faire accepter cette petite douceur.

Dominique Bona, êtes vous sur le bon siège?

Au nom du féminisme QUÉBÉCOIS, j'utiliserai toujours auteure et écrivaine.

Jamais autrice.

Trop proche de triste.

Et la France doit non seulement cesser de nous dire comment parler, mais aussi cesser de gérer le féminin pour nous.

Là dessus, c'est nous qui sommes 400 ans en avance sur eux.

Les mots auteure et écrivaine ne sont pas retirés. Autrice est ajouté.
C'est l'usage qui décidera de la vie d'autrice.

Mais moi, traducteur, mon choix est fait.
Autrice si ça te tente, mais je ne t'appellerai jamais ainsi.

Tu seras immortelle quand même. 
Et auteure toute en HAUTEUR!

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