On ne choisit pas de quelle planète on atterrit.
Ni où.
Peter Fonda est né dans une famille largement connue. D'une mère vivant avec une tête largement bipolaire. Et qui avait avorté 9 fois avant d'avoir sa soeur Jane, puis Peter, par la suite.
Quand Peter a 10 ans, sa mère est internée dans une institution psychiatrique et papa, le célèbre acteur Henry Fonda, lui a demandé le divorce trois mois et demi avant. Maman se tranchera la gorge avec des lames de rasoir pour soulager sa propre tête en parfait désordre. Peter ne saura la vérité sur tout ça que 5 ans plus tard.
Papa est si populaire et si occupé que la relation de Peter avec lui sera relativement mince. À 11 ans, Peter, au pays des fusils, se tire accidentellement dans son propre abdomen. Et meurt presqu'aussitôt. C'est en Inde qu'on réussira à le garder en vie. Papa Henry l'envoie assez jeune étudier le théâtre à l'université d'Omaha, au Nebraska, là où Henry, lui-même, a débuté sa carrière et où Marlon Brando a fait de même, entre autres acteurs.
Au début des années 60, de retour à New York, il trouvera du travail à Broadway et à la télévision.
Robert Rossen, qui avait reçu les meilleures reconnaissances pour All The King's Men, le remarque et l'aime beaucoup. Il l'engagera dans ce qui sera son dernier film. Il aura vite un premier rôle au cinéma.
Enfant de la balle, portant le lourd nom de Fonda, il devient vite intimidant. Comme il se laisse pousser les cheveux, pratique la moto, semble adopter l'attitude de celui qui abandonnera le métier assez vite car le nom de la famille n'en demande pas tant, et surtout parce qu'il est un régulier consommateur de LSD, on le classe vite comme non conformiste, et l'industrie l'ostracisera un peu. C'est d'ailleurs dans un trip de LSD, partagé avec Ringo Starr, George Harrison et John Lennon, qu'il confessera à l'oreille de John, plusieurs fois dans la même soirée, "Qu'il sait ce que c'est que d'être mort" (depuis ses 11 ans, et en réponse à George qui menace de faire un mauvais trip). John en sera inspiré pour un morceau de l'album suivant des Beatles. Sur lequel Paul ne jouera pas. Par opposition à leur consommation de LSD. La même année, Fonda est arrêté (Jack Nicholson aussi) dans les émeutes de Sunset Strip, au Whisky a Go Go.
Buffalo Springfield et Gram Parsons, des Byrds, seront inspirés de cet incident, Parsons faisant même chanter Fonda, en 1968, sur le sujet.
Avec Roger Corman, Fonda obtient le rôle principal dans un film sur la contre culture californienne qui lui colle si bien à la peau, quand George Chakiris, qui devait le tenir, reconnait ne pas savoir conduire une moto. Le film est un immense succès populaire.
On refait alors vite équipe dans un film scénarisé par Jack Nicholson. Il voyage ensuite en France afin de tourner avec sa soeur et le sous la direction du mari de celle-ci.
Le projet suivant marquera sa carrière et celle des États-Unis. Quand Corman et sa maison de prod refusent de financer un film qui serait réalisé par l'inconsistant acteur Dennis Hopper, la maison Columbia Pictures acceptent timidement, elle d'investir 360 000$. Le film, produit, co-scénarisé par Fonda (avec Terry Southern et Hopper) et joué par Peter au volant d'une moto, récoltera plus de 40 millions au box office. Et sera enregistré à la librairie du congrès National des États-Unis en 1998. Bridget, 4 ans, fille de Peter et de Susan Brewer, y fait ses débuts au cinéma. Le film sera nommé deux fois aux Oscars.
Dennis Hopper réitère presqu'aussitôt avec son ami pour son film suivant. Et Fonda s'essaie derrière la caméra à son tour. Il refait le coup du cinéaste en 1973, dans la science-fiction, cette fois. Il reste toujours acteur quand même.
Fonda divorce Brewer et tourne dans la peau d'un héros de course automobile. Il sera héros de films d'action pour la grande part des années 70. Il termine la décennie en dirigeant un nouveau film, fort controversé, où il incarne un homme de 39 ans, plutôt amoureux d'une Brooke Shields de 13 ans. La seule fois où Peter et Henry joueront dans le même film sera cette fois.
Il sera plus rare dans les années qui suivront, oscillant entre télé et cinéma. Jouant même avec sa fille, dont je suis follement amoureux jusqu'à nos jours. Décrochant d'excellents rôles secondaires, dans des films risibles, d'autres fois héritant de rôles qui le mèneront aux Oscars pour le meilleur rôle masculin (qu'il ne gagnera pas).
Il ne cessera jamais de travailler, mais en même temps, sera de ceux qui n'en avait pas tant besoin grâce à leur nom. Il fera du sien un sain nom. Légèrement terni par quelques écarts comportementaux sur Twitter vers la fin de sa vie, et qui avaient à la source, un président plus déséquilibré encore.
Captain America, petit frère de Jane, fils d'Henry, père de la formidablement jolie Bridget, s'est éteint à 79 ans, vendredi dernier.
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