mardi 27 août 2019

Barbet Schroeder

Né à Téhéran, en Iran, il est le fils d'un géologue suisse et d'une physicienne d'origine allemande.

De l'âge de 6 à 11 ans, il grandit en Colombie où son père devient diplomate pour le gouvernement suisse. Sa famille quitte pour la France, où il y sera étudiant à la Sorbonne, à Paris.

À 23 ans, il fonde la maison de production Les Films du Losange qui fera sa fortune avec pratiquement tous les films de la Nouvelle Vague Française.

Il passe lui-même derrière la caméra, sous un scénario explorant les effets de la contreculture américaine, co-écrit par lui et Paul Gégauff, et dont la trame sonore est assurée par Pink Floyd, en 1968, au coeur de son époque. Son film est un succès sans retenue. En 1972, Pink Floyd refait le coup de la trame sonore avec Barbet qui tourne La Vallée, un film marquant pour le réalisateur qui y trouvera, sous l'oeil de la caméra, dirigée par sa main, l'élue de son coeur: l'actrice Bulle Ogier.

En 1974, il tourne le formidable documentaire General Idi Amin Dada: a Self Portrait, avec la large participation de son sujet, le dictateur ougandais qui ne semble pas réaliser l'odieux qu'il révèle à sa caméra. Il ne fait aucun doute qu'il est un criminel de guerre international et il domine à peu près tous les plans, assurant même la direction par moments en ordonnant que l'on film un hélicoptère. Dada met en scène plusieurs moments, révélant sa totale domination sur les gens qui l'entourent. Schroeder tourne une version d'une heure et demie pour Dada, qui plaira au dictateur. Mais pour l'international, il monte une version différente montrant Dada, plus outrancier, grossier, et on le voit enguirlander vertement son ministre des affaires étrangères tout en faisant des blagues quand il réalise qu'il est filmé. Deux semaines après la sortie du film, le corps du ministre est trouvé mort, flottant sur le Nil.

Dada exige un nouveau montage quand il envoie un espion voir son film en Angleterre. Shroeder refuse. Dada prend alors en otage 200 citoyens d'origine française, vivant en Ouganda, et menace de les délivrer seulement si les coupes sont faites comme il le souhaite. Shroeder s'exécute. Mais remonte le film comme il l'entend, quand le régime de Dada est forcé à l'exil, en 1979.

Shroeder provoque la controverse en 1975 en tournant avec Depardieu et Bulle Ogier une comédie sur l'univers du sado-masochisme et des dominatrices. Le film sera coté X jusqu'au début des années 80, où les moeurs sont de plus en plus tolérantes. Il tourne toujours avec Bulle, et Jacques Dutronc cette fois, des arnaqueurs de première, en 1984. Un an plus tard il tourne un documentaire avec Charles Bukowski où celui-ci, à un certain moment, réagit violemment face à sa femme. Ce documentaire mènera à son film suivant, une autobio de Bukowski, magnifié par lui à l'écrit, avec Mickey Rourke l'incarnant.

S'intéressant souvent aux sujets tordus, il choisit comme projet suivant le flou autour de Sonny von Bulow, femme liée à une grande fortune, qui sera rendue neurovégétative par surdose d'insuline. Son époux Claus est accusé du drame. Le film donnera à Jeremy Irons son Oscar du meilleur acteur.

Shroeder sera conseiller pour Patrice Chéreau pour l'excellent et brutal La Reine Margot.
Il tourne un thriller avec Bridget Fonda et Jennifer Jason Leigh. Il tourne avec Nicolas Cage, Meryl Streep, joue le président de la France pour Tim Burton et tourne aussi avec Micheal Keaton.

Il produira l'adaptation d'un scénario Colombien et tournera ensuite avec Sandra Bullock. Il tâte encore du documentaire, et fait un peu l'acteur chez son ami Rivette ou chez Wes Anderson. Il tourne l'isolement puis, ne lâche pas le documentaire, plantant sa caméra chez les bouddhistes, la terreur, encore.

Barbet n'a jamais eu froid aux yeux.
Il a aussi tourné le 12ème épisode de la saison III de Mad Men.

Il a eu 78 ans hier.

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