Chaque mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois grandes passions (outre les Femmes), la littérature.
Lire n'est pas un réel effort pour moi. Je suis traducteur et c'est pas mal une nouvelle manière de respirer de temps à autre.
Lire c'est entrer dans un monde nouveau, c'est ouvrir les vannes de l'esprit et de l'imagination. Lire c'est s'ouvrir les yeux. C'est zoomer sur autre chose que soi. C'est aussi, parfois, se comprendre soi-même. Lire c'est voir le monde différemment.
Lire c'est un souffle, c'est respirer différemment. C'est donc vivre.
KIM de RUDYARD KIPLING
Indien, mais aussi britannique, le génie de Rudyard était admiré par d'autres génies comme Goerge Orwell ou Henry James. Kipling sera le plus jeune lauréat du prix Nobel de Littérature de langeu anglaise, le gagnant à 42 ans, en 1907.
Mais 6 ans avant, il signait un fameux livre géostratégique, mettant en vedette un jeune Indien, qui donne son nom au titre, trempé dans un monde masculin impérialiste, dominé par le voyage et l'aventure, dans un monde où la question de la séparation des blancs et de non-blancs n'existe pas.
Deux Hommes, un jeune et un vieux, sont au centre du roman. Kim est indien, mais blanc, comme Rudy. Il est séduit par le grand jeu, une géostratégie bien peu de son âge, et dans lequel il sera plongé. Camaléon, il se meut entre deux cultures, avec le but avoué de réconcilier les visées sociales opposées. Le vieux lama cherche la rédemption spirituelle dans le cycle de la vie.
Le livre est une célébration de l'amitié entre frères, une ode à le beauté dans un environnement souvent hostile. Kilpling saisit l'opulence de l'exotisme indien, qu'il connait depuis sa naissance. On sent le menace de l'impérialisme britannique et le doute russe, perpétuel. Le charmant et le fébrile se côtoient. Le poétique et le sordide. On y sent la lourde influence colonialiste britannique avec cette facilité à utiliser le terme nigger pour quiconque n'aurait pas la peau aussi blanche que le britannique.
Le livre est de 1901 et pourrait ainsi passer pour raciste avec certains passages. Mais il faut le lire avec un esprit de début de siècle. On mentionne d'ailleurs beaucoup de stéréotypes raciaux, mais les personnages ne les incarnent en rien. Et Kipling nous laisse les juger de par leurs actions.
Kimball O'Hara à lui seul est une bonne raison de lire ce livre. Il est extrêmement intéressant. Aimable, pertinent, attachant. L'école de la rue de Rudyard Kipling a servi les dialogues brillamment. Il est rusé, fin renard, a le sens de la répartie, bien que toujours un enfant, capable d'ennui, de manque d'imagination, de solitude et de frayeurs. Il est aussi riche en complexités. En exemple, tôt dans le livre, il est vite établi qu'il n'est pas au dessus de l'idée d'exploiter la foi et certaines superstitions religieuses afin d'arriver à ses fins, mais il laisse tomber ce côté opportuniste afin de lui-même croire aux prophéties et au idées supernaturelles.
On y parle quête spirituelle mais ce livre est aussi un thriller d'espionnage. Rare combine. Le contrôle de l'Inde au 19ème siècle est au coeur de ce récit. Impliquant Britanniques, Russes et Indiens. C'est aussi un livre qui fait se côtoyer hindous, jainistes, sikhs, musulmans et chrétiens avec de variés degrés de respect et de tolérance.
C'est un livre de plus de 100 ans, qui parle encore de nous, aujourd'hui.
Et de nos beautés croisés de nos travers.
Intelligent, drôle, touchant. Un grand auteur, un grand livre.
Kipling, a qui on avait demandé d'écrire un truc sur les ingénieurs, écrira si brillamment sur le métier, que le Canada en fera le passage obligé de tous les ingénieurs lors de la remise de leur bague.
Un immense auteur qui est beaucoup plus que son Livre de la Jungle.
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