vendredi 30 août 2019

PKP Scott

Micheal Scott est un personnage fameux de la télévision. Il est incarné par Steve Carrell aux États-Unis. Mais sa genèse et son réel créateur est l'increvable britannique Ricky Gervais que je respecte beaucoup et dont je respecte à peu près toute l'oeuvre.

Micheal Scott aura duré plus longtemps, David Brent, en Angleterre, n'a créé pour la télé que deux saisons et un épisode de Noël.

Mais les deux personnages, issu du même créateur, avaient la même ritournelle toujours amusante, mais toute aussi déplorable, soit l'envie de complicité dans un moment où la caméra les surprend en interaction, un moment de complicité souvent peu partageable.

J'ai pensé à Micheal Scott l'autre tantôt quand un matin, assez tôt, c'était peut-être à l'émission de Michel C.Auger, donc peut-être pas si tôt, j'ai pensé une seconde, en entrant et sortant du camion, que j'avais peut-être changé de station par erreur.  Pierre-Karl Péladeau y était en parfait monologue et contrôlait absolument mal son ton. On m'aurait dit qu'il était en boisson que je l'aurais peut-être cru. Il discutait de la situation des médias en péril et cachait mal sa satisfaction à voir les bateaux couler quand son propre navire se porte pas si mal.

Péladeau pateaugeait tel un poisson en mer agitée. Il soliloquait. Voilà pourquoi je ne me rappelle plus à quelle émission il jasait, mais, sans le dire ouvertement, il était animé d'une certaine joie mal contenue en parlant des déboires de Capitales Médias.

Je trouve que Micheal Scott/David Brent a/ont beaucoup de points en commun avec PKP.
Même type de maturité. 

Puis, je l'ai réetendu cette semaine, témoignant dans le cadre des auditions sur la crise des médias, qu'on voyait venir comme le Hindenberg de 1937, est maintenant devenu quelque chose de plus urgent pour les créateurs de ses médias, en péril depuis plus de 10 ans, mais prêchant dans le désert ou regardant passer les trains. Ce qui reste plutôt rare dans le milieu du journalisme. Les trains, on les conduits, les construits ou les étudient en général. Parfois les trois en même temps.

On a sensiblement tous dit la même chose: taxer les maudits GAFAM. (Google/Amazon/Facebook/Apple/Microsoft)
Surtout Google et Facebook. Tuant directement les médias imprimés.

Les versions papiers se dirigent vers la mort, on le sait depuis un bon bout de temps. On a pas voulu le croire. On est aujourd'hui forcé de le faire. Tout le monde souffre. Même Le Devoir, La Presse et Québécor. Ce que personne n'avouera présentement, mais c'est le cas. La gratuité de la Cyberpresse était une erreur mortelle. Le Devoir est extrêmement niché et pourra survivre. Le Journal de Québec et le Journal de Montréal ne survivent que grâce aux autres propriétés de Québécor. Ce sont deux choses qui ont gardé le Journal de Q et celui de M au sommet de la pyramide depuis toujours.
1) Le format.
2) La facilité toute Québécoise de s'insurger de quelque chose tous les jours. Le sensationalisme.

En ce qui concerne la qualités et la précision des textes, on tourne les coins ronds, mais de très bons écrits ont été faits dans ces deux journaux, mais beaucoup moins souvent que le contraire.

Donc les entreprises de Péladeau ne sont pas sous respirateur artificiel (yet). Il s'est donc présenté cette semaine pour monologuer plus que pour répondre à des questions, a plus ou moins pointé tout le monde, les accusant de mal gérer leurs affaires, et a clairement traité tout le monde de "quêteux".
La vérité étant que les magazines de Québécor ont profité du tier des subventions des gouvernements et le centre vidéotron est un éléphant blanc largement payé par le gouvernement et les citoyens eux-mêmes.
Quand Catherine Dorion, députée du cabinet fantôme de Québec Solidaire concentrée sur la Culture, et ancienne blogueuse sous le giron de Québécor s'est inquiétée de la concentration de l'info si une offre de Québécor était acceptée, PKP a réagi en moron.

Dorion a été avertie, lorsque sous emploi de Québécor, de ne jamais parler contre le patron ni l'entreprise, son inquiétude était légitime. Sa lumière, pertinente. Son ton, toujours à mieux travailler.

PKP a choisi de répondre, faussement en maîtrise de ses émotions, (qu'est-ce que le jupon dépassait!), que madame voulait faire son spectacle et qu'il n'avait qu'à lui dire bravo devant une telle performance. Le mot "condescendance" est 100% applicable ici. Dorion a tout de suite répondu que c'était une vraie question qu'elle posait. "doit-on s'inquiéter de la liberté de presse si on fini par céder aux propositions d'achats de Québécor?". PKP a répondu du tac-au-tac, (donc impulsivement, sans contrôler ses émotions) qu'il lui avait donné une vraie raison...

En-fan-til-la-ge.

Dorion n'a pas été offusquée outre mesure. Mais PKP, qui aurait dû la connaître puisqu'elle avait travaillé pour lui, si il avait été un brin plus vif d'esprit, mieux entouré, si il avait usé d'une meilleure intelligence, aurait pu la revirer comme une crêpe sur ses anciens écrits, de manière beaucoup plus habile. Et le clip retenu aux nouvelles aurait plutôt tourné à soin avantage.

Mais PKP n'est pas des cette racine futée.

En entendant sa manière de dire "quêteux" à la radio  toute la journée, toujours dans le même extrait des l'audience,  ses accents toniques, je ne voyais qu'un visage qui n'était pas seulement le sien.

J'entendais son père.

Un autre qui aimait faire aller sa gueule, un peu colon, et qui était aussi convaincu de la complicité des gens qui le regardaient, même si il n'avait pas été aussi plein d'esprit qu'il le pensait lui-même.

Comme Micheal Scott.

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