jeudi 27 septembre 2018

Les 15 Proscrits en 1985

Les États-Unis amusent.

Le clown Trump l'a bien montré à l'ONU cette semaine quand il a commencé à complètement délirer.

En 1985, j'avais 13 ans. Nous avions toute la vie devant nous. L'école secondaire nous ouvrait la porte de la vie de jeune adulte. Les vidéoclips étaient la publicité qu vendait la musique que nous pouvions aimer. C'était bien souvent primaire comme vidéo. Un chanteur, une chanteuse, un micro, un band, une image à vendre avec le produit musical. On avait pas 100% encore compris comment l'image pouvait vraiment vendre le produit, comme aujourd'hui.

De nos jours, si tu est incapable de vendre la musique, vend le corps.

Avant que Madonna nous apprenne à vendre le corps d'abord, certains textes inquiétaient les conservateurs Étatsuniens. 4 Femmes de politiciens (elles n'étaient que ça, parce que travailler c'était pas pour les femmes) dont Tipper Gore, femme de Al Gore, avaient fondé le Parents Music Ressource Center (PMRC).

Ce regroupement dénonçait l'évocation du sexe (bien que plusieurs de ces femmes ne vivaient alors que comme des usines à bébés), de la violence, du satanisme, et de la vénération de l'usage de drogue et d'alcool, dans l'univers croissant de la musique. Ce sont eux qui forceront sur plusieurs albums, dès 1985, le bandeau noir et blanc spécifiant Parental Advisory, Explicit Content,  qui coiffe ce billet. Et

Ça nous faisait bien rire ces gens qui puaient la poudre à bébé Johnson. Même à 13 ans. L'âge mental actuel de Donald Trump.
La première action que ce groupe avait fait avait été de nous faire une liste de compilation.

euh...

Non...
C'est devenu une liste de morceaux à enregistrer sur une cassette (ça prenait une 90 minutes avec 45 minutes de chaque côté), pour nous, mais à l'origine, c'était une liste de "filthy fifteen", 15 titres jugés sales, mal bienvenus, grossiers, à proscrire, qu'il fallait éviter à tout prix, ce qui a, bien entendu, créé l'effet contraire.

Voici les 15 titres, devenus des pistes de lectures pour plusieurs d'entre nous:
1. Darling Nikki de Prince.
Prince était populaire, pas ce morceau. Qui parle assez ouvertement de sexe, prostitution et de masturbation. Prince est définitivement un artiste extrêmement sexuel. Il signe deux des morceaux et a pu être une influence pour un troisième dans ces 15 qui leur faisaient si peur. Mais qui n'avait qu'attiré nos attentions adolescentes.


2. Sugar Walls de Sheena Easton.
Chanson signée Prince aussi. On lui reproche d'évoquer le sexe, le sucre étant plutôt le fruit du ding dong masculin colorant les murs. Une caméra épaule presque tout le clip, ça ne proposait rien de vulgaire en images. Mais le texte...Prince n'avait que la tête au sexe.

3. Eat Me Alive de Judas Priest.
Le titre dit tout. On parle du sexe. Toutefois, et je ne suis pas convaincu que le PMRC savait aussi que le chanteur lançait ces mots probablement à un autre homme. En effet, il est gay. Ce qui n'était pas tellement su alors. Et je suis certain que dans leurs têtes de linottes, ça aurait été considéré comme pire encore, si ils l'avaient su. Ça ne jouait que dans les chambres de hockey cette musique. Et personne ne réalisait l'homo-érostisme évident des textes. Ou peut-être le savaient-ils pertinemment?...

4.Strap on Robbie Baby de Vanity.
Prince & Vanity ont été deux personnages très sexuels dans nos croissances personnelles. Dans Purple Rain entre autre. Film culte pour ma génération. Après qu'elle et Prince se soient quittés, elle a débuté une carrière solo dont ce morceau, parlant de son objet sexuel qu'elle a baptisée "Robbie", faisait parti du premier album. Jamais vraiment joué à la radio.

5. Bastards de Mötley Crüe.
Signé Nikki Sixx, comme la plupart des morceaux du band, le PMRC condamnait la violence des propos et le langage. On y parle d'agressions contre un ennemi expliquant dans le menu détail comment on le tuerait. C'est juste une toune! Poche en plus.

6. Let Me Put My Love Into You de AC/DC.
Ben non, ce n'est pas de l'amour que les gars d'Australie voulait mettre dans madame, qu'est-ce que vous pensez? c'était beaucoup plus simple. C'était le bambou, c'est tout! D'ailleurs vous remarquerez que le lien que je vous place a inspiré des "into you" jusqu'en 2016.

7. We're Not Gonna Take It de Twisted Sisters.
Le terrrrrrrrrrrrrible video proposait l'insubordination. Le PMRC condamnait la violence suggérée. Ils ont dû s'expliquer devant les saintes nitouches.

8. Dress You Up de Madonna.
Pour vrai? Like a Virgin était plus claire encore. Ce morceau me semble bien bénin. C'est la Madonne elle-même qu'on visait, devenue véritable sexe symbole à son quatrième vidéo tiré de cet album multimillionnaire.

9. Animal (Fuck Like a Beast) de W.A.S.P.
Pfff! ça ne jouait tellement nulle part publiquement! Le sexe, le langage, le ton leur faisait peur surtout. Les cheveux aussi. Trop poilus ses bands pour une époque où les petites madames se faisaient faire des coupes courtes faciles d'entretien.

10. High 'n Dry (Saturday Night)de Def Leppard.
On condamnait la consommation d'alcool et de drogues. On avait pas besoin de ça de toute manière. On avait trop de fun avec le sexe.

11. Into The Coven de Mercyful Fate.
Ces nerds prog metal ont réussi à terroriser les conservateurs banlieusards religieux qui y ont vu détecté de l'occultisme. En effet, on y détaille une séance de satanisme. Ce n'était pas invitant. Juste fascinant.

12. Trashed de Black Sabbath
Si le PMRC s'était donné la peine d'écouter le morceau, ils auraient compris que le morceau condamnait plutôt l'alcool au volant. Ça leur a valu, à Black Sabbath, de nombreuses ventes supplémentaires. Ce qui n'était ni prévu du PMRC, ni anticipé de Black Sabbath.

13. In My House des Mary Jane Girls.
Quel genre de maison pensez-vous? Le vidéo nous dirige dans la maison des filles de Mary Jane pour un peu de paix d'esprit. J'avais oublié comment ce morceau m'avait alors plu. L'ai rajouté sur mon téléphone.

14. Possessed de Venom
Occultisme, le nom de Satan (son fils) tombe autour de la 30ème seconde. C'était suffisant pour ces parents-boucliers.

15. She Bop de Cindy Lauper.
Le thème de la masturbation y était claire. MAIS PERSONNE NE S'EST JAMAIS MASTURBÉ! surtout pas mesdames! Elles n'ont jamais boppé! Pas sous le regard de Dieu! L'une des meilleurs chansons de Cindy. Sur mon téléphone depuis longtemps.

John Lydon, des Sex Pistols, dira de ce comité "Dans le pays des fusils qui tirent partout et de la pollution massive, ces gens s'en prendront aux mots des autres? Laissez-moi rire!"

En 1987, la formation NOFX titrera son mini album The PMRC Can Suck on This.

Tipper Gore sera une cible de bien des artistes par la suite.

Les États-Unis peinent toujours à donner des leçons de morale.

Un pays amoral ne peut pas se le permettre.

Le comité du PMRC doit faire dans ses couches de nos jours avec ce qui se dévoile un peu partout...




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