Andrei est né dans le village de Zavrazhye, en Union Soviétique, en 1932. Son père était poète traducteur, sa mère correctrice. Son père quitte la famille quand il a 5 ans et disparaît à la guerre, en 1941. Pendant cette sale guerre, Andrei, sa soeur et sa mère, sont en continuels déplacements. À l'école, il est très populaire et au coeur de toutes les attentions.
Adolescent, il sera séquestré à l'hôpital, souffrant de tuberculose. Plusieurs des thèmes qu'il abordera plus tard seront l'enfance, l'évasion, une mère et ses enfants, le père absent, les hôpitaux. Son film de 1975 surtout.
Bien qu'il soit populaire, il est un terrible élève. Ce qui ne l'empêchera pas de graduer. Il lâchera ses études en langues arabes (qu'il parle très bien) pour devenir prospecteur pour l'Académie des sciences pour métaux non-ferreux et or. C'est lors d'une expédition d'un an qu'il prend goût des décors et se développe un intérêt pour les films.
À 22 ans, il fréquente la Gerasimov Institute of Cinematography (alors appelée State Institute of Cinematography) et il tombe amoureux de l'actrice Irma Raush. Ils s'épouseront trois ans plus tard. Sous le règne de Kroutchev, l'accès aux films internationaux devient plus facile. L'Union Soviétique présente des films du néo-réalisme italien, de la nouvelle vague française, de Kurosawa, Bunuel, Bergman, Bresson, Mizoguchi et Wajda.
Le premier court-métrage étudiant de Tarkosvki sera une adaptation d'une nouvelle d'Ernest Hemingway. Il se lie d'amitié avec Andrei Konchalovsky, avec lequel il co-sénarisera quelque chose qui ne trouvera pas preneur. Leur second effort, en revanche, trouve preneur et sera leur projet final de graduation.
Il tourne un court métrage en 1958 et scénarise en 1959, un projet inspiré de son voyage dans la Taïga, en prospection, qui ne sera jamais tourné, mais qui inspirera, 20 ans plus tard, un autre de ses films.
Son premier long métrage lui tombe dans les mains quand Eduard Abalov abandonne la réalisation du même film. Tarkovski est toujours populaire à l'école mais cette fois ces professeurs l'adorent. Et il est fortement recommandé par eux. Le film voyagera bien et gagne même le Lion d'Or du festival de film de Venise. Son fils naît la même année.
Trois ans plus tard, il tourne son premier long métrage signé de sa main (et Konchalovski) de bout en bout...
...enfin...presque signé entièrement de sa main.
C'est l'Union Soviétique après tout. Comme il traite du peintre Andrei Rublev, il traite d'un sujet soviétique dont le gouvernement veut contrôler l'image. Jusqu'en 1971, il fera et refera plusieurs montages différents du même film, selon les exigences du politburo. Une version est présentée à Cannes et fait très bonne impression gagnant le prix des critiques internationaux. Il divorce Irma Raush en 1970 et épouse son assistante de production sur Rublev. Ils habitaient même ensemble depuis 5 ans. Un autre fils naît de cette nouvelle union.
Avec Fridrikh Gorensteihn, il adapte le livre de science-fiction de Stanislaw Lem, Solaris. Le film est le parfait petit frère de 2001, a Space Odyssey. Même parfaite exécution. Même type de chef d'oeuvre. Un ton formidable. Un grand film. Spatio-existentiel. Il gagne le grand prix du jury de Cannes, le prix des critiques, et est nommé pour la Palme d'Or.
Entre 1973 et 1974 il tourne un projet plus personnel qui parle de sa propre enfance, et qui inclut même des poèmes de son père. On y parle de l'impact de la guerre sur les enfants. La structure narrative est non conventionnelle et autobiographique. jeu de miroir adroitement filmé. L'Union Soviétique n'aime pas. Jugé trop élitiste. Les autorités le place en distribution très limitée. On l'accuse alors, (au gouvernement) de dilapider les fonds donnés par le gouvernement. Ça écoeurera beaucoup Tarkovski.
Il scénarise sur l'écrivain allemand E.T.A Hoffman en 1974 mais le film ne se matérialisera jamais. En décembre 1976, il dirige son unique pièce de théâtre, Hamlet. À Moscou. À la fin de 1978 il co-scénarise un film avec Aleksandr Misharin. Sardor, ce film, ne se tournera pas non plus. Avec Misharin, il co-scénarisera aussi un film sur la vie de Dostoievsky.
Inspiré d'un roman des frères Arkady & Boris Strutgatsky, Dead Mountaineer's Hotel, il adapte pour film. Mais, commençant le travail au début des années 70, il change d'idée et choisit plutôt de travailler l'adaptation d'un autre de leur livre, Roadside Picnic, ce qu'il travaille dès 1976 mais ne tourne que deux ans plus tard. Le film sera fatal à plusieurs niveau. Stalker est tourné en Estonie dans un champs radioactif toxique. 3 membres du tournage, dont Tarkovski lui-même, hériteront de cancer. Peut-être par le plus grand des hasards, mais par une étrange coïncidence aussi. Tarkovski tourne avec de nouvelles bobines extérieures Kodak couleur. Mais l'Union Soviétique n'est pas familière avec ce type de rubans et détruit par erreur tous les extérieurs. Tarkovski doit retourner (de la les "deux parties" dans le film, ce qui aurait pu être évité d'être souligné puisque le décor était déjà assez déroutant et n'aurions pas remarquer de réels changements.) Le tournage dure un an. Stalker, un road movie dystopique hypnotisant et régulièrement cité parmi les meilleurs films à voir avant de mourir, sera son dernier film en territoire soviétique. Tarkovski est victime d'une crise cardiaque l'année de ses déboires autour de Stalker. Qu'il croit avoir été saboté, une première fois, par des gens en Union Soviétique qui lui en voulait.
Il co-scénarise The First Day avec son partenaire de toujours Andrei Konchalovsky mais soumet un faux scénario au comité de révision et d'acceptation soviétique. Il omet toutes les critiques de la religion en Union Soviétique. Mais au milieu du tournage, il devient apparent que le film tourné n'est pas le film tourné. Et on fait arrêter le production. Tarkosvki est si outré qu'il détruit tout ce qu'il a filmé et émigre pour l'Italie.
Il y tournera un documentaire avec son ami Tonino Guerra. Il retourne l'été suivant pour co-scénariser avec lui Nostalghia, son prochain film. Qu'il tournera en Italie, en 1982. Avec ce film, il gagne le prix du jury oecuménique et le prix du jury international à Cannes. Il partage aussi un prix avec Robert Bresson, Le Grand Prix du Cinéma de Création. Les autorités soviétiques interviennent dans le jury de Cannes afin que Tarkovski ne gagne surtout pas la Palme d'Or. Tarkovski confirme qu'il ne retournera jamais plus là-bas. Il dirige, la même année, l'opéra Boris Godunov au Royal Opera House de Londres sous la direction musicale de Claudio Abbado.
Il passe 1984 à préparer The Sacrifice, son dernier film. Son fils est toujours en Union Soviétique. En 1985 Tarkovski est enregistré dans un camp de réfugiés en Italie, à Latina.
En 1985, il tourne The Sacrifice en Suède. Pays du seul critique de ses films qu'il respecte: Ingmar Bergman. Il est diagnostiqué du cancer du poumon, en phase terminale. En janvier 1986, il commence des traitements à Paris où son fils est libéré de l'Union Soviétique (qui l'empêchait de partir) pour venir le rejoindre. C'est son fils qui ira chercher les prix du jury oecuménique, le grand prix spécial du jury et le prix des critiques internationaux à Cannes cette année-là car il est trop mourant.
Il décède en décembre 1986. Certains ont avancé que le KGB pouvait y avoir mis son grain de sel dans sa disparition à 54 ans. Les Russes ne feraient jamais une telle chose...
Son style, lent et offrant souvent de longs plans réflectifs, est l'antithèse d'un film de Baz Lurhmann, où le montage y est souvent formidablement bien allégé. Se laissant regarder comme une splendide (ou inquiétante) fresque.
Lisant Dostoievsky depuis cet été, j'ai viré un brin soviétique.
J'ai écouté Stalker ce week-end, dont les images ne ne me décollent pas de la tête.
Ça m'a fait réserver Andrei Rublev et The Mirror là où je peux le faire.
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