La première bêtise sur les agressions sexuelles est issue même du système de justice.
Si, depuis quelques années, même avant, on a appris quelque chose des victimes d'agressions sexuelles c'est qu'il y a une constante. La honte est absolue lorsqu'agressée. Une humiliation est TOUJOURS difficile à ramener à la surface. On veut l'enterrer, la cacher, reculer dans le temps pour l'éviter, la chasser de nos esprits. Ça semble être la chose la plus difficile à se faire revivre dans la tête et dans le corps. Plusieurs se sont aussi posé la question si ils avaient été responsable de la chose.
Chrissie Hynde, chanteuse des Pretenders, a même reçu un lot de cochonneries de la part du public parce qu'elle a dit que, plus jeune, elle avait été agressée, mais que ce soir là, elle flirtait avec tout le monde, ivre, et l'avait bien cherché. Fallait pas être honnête Chrissie, Voilà ce qu'ils t'ont dit.
Avouer avoir été violé(e)/agressé(e) est extraordinairement difficile à faire.
Le concept d'un délai de prescription dans les cas de viol est une folie. Bill Cosby, prédateur sexuel dangereux, a drogué des dizaines et des dizaines de femmes sur des décennies. Il vient d'écoper d'un maigre trois ans de prison (il ne fera pas les sept autres, soyons réalistes) pour le viol d'UNE SEULE personne. Alors que l'on sait tous qu'il a répété la chose contre plus de 40 autres!
Un prédateur sexuel détruit la dignité d'autrui. On méprend la dignité pour de l'ego de nos jours.
Prenez le témoignage de Christine Blasey Ford devant un jury judiciaire du Sénat des États-Unis cette semaine. Le président Trump a passé la semaine a tenter de faire dévier l'attention sur une stratégie honteuse des démocrates. Dignité et ego amalgamés, ici.
Christine Blasey a dû se rappeler un traumatisme d'il y a 36 ans. Elle ne poursuivra pas l'aspirant juge Kavanaugh en justice. Le délai de prescription ne s'applique donc pas. On la rencontre et la fait parler pour se demander ensuite: "Coudonc, notre président manque-t-il de jugement à ce point pour continuellement choisir les mauvaises personnes aux mauvais endroits?".
Blasey était terrifiée de parler aux yeux et aux oreilles de l'Amérique du Nord au grand complet. Et peut-être d'ailleurs dans le monde aussi. Elle était émotive. On ne remue pas le cauchemar de rires adolescents en train de tenter de vous violer sans que quelques frissons se transforment en larmes.
Pendant que Blasey était calme et digne, Kavanaugh, qui a aussi témoigné de sa version des faits, était volatile et belligérant. Pendant qu'elle était fortement attentive et soucieuse d'aider quiconque, il était ouvertement agressif envers certains sénateurs, mais plus important encore, elle était crédible et solide sur toutes les questions posées à son égard, là où monsieur a hurlé évasivement s'égarant sur la crédibilité de certains points.
Ce sera lui, le juge!
En hurlant ses plaintes tout le long comme il l'a fait, Kavanaugh démontrait en même temps qu'il avait le tempérament de la brute. Il a raison de dire que, peu importe l'issu de cette saga, son nom sera sali à jamais.
Il n'a fait aucun doute que les réponses de Kavanaugh, entre deux cris, manquaient d'une certaine maturité. L'arrogance du fier batailleur mais surtout la déviation de la vérité suggérée l'ont fait très mal paraître. Il a répété plusieurs fois, si bien que la plupart des journaux n'ont retenu que ça, que tous les gens présents à ce party disent que ce moment ne s'est jamais produit.
Ce qui n'est pas vrai du tout.
Au moins deux ont dit qu'ils ne s'en rappelaient pas. Et l'une d'elle dit que ce serait fort possible et qu'elle croit Miss Blasey sur ce qu'elle connait d'elle et de Kavanaugh.
Différente vérité.
Mike Judge, (ça ne s'invente pas comme nom...) était dans la même pièce que Blasey et Kavanaugh. On ne juge pas bon de le questionner non plus.
Misleading dit-on en anglais. Le pire défaut que pourrait avoir un juge.
Sinon manquer de jugement.
"Avez vous de la difficulté à vous freinez de prendre de l'alcool?" lui a-t-on demandé puisqu'il a crié qu'il aimait la bière et l'aime encore. Kavanaugh a manqué de jugement. Il a crié "I don't know, have you?" renvoyant la question de manière condescendante au sénateur qui avait délicatement posé la question, mais aussi et surtout en évitant de répondre. Il s'en est excusé plus loin, mais ce moment montre déjà deux choses importantes: Il peut manquer de jugement, il est impulsif.
Impulsif comme dans "J'ai besoin de sexe maintenant. Et je suis un homme blanc privilégié. Je peux tout me permettre"
Au contraire, Miss Blasey a dit ce qu'elle se rappelait, mais a surtout été honnête sur ce qu'elle ne se rappelait pas.
Elle n'a rien à gagner de faire ce qu'elle fait. Elle est même cachée avec sa famille puisqu'au pays du fusil et du Trump, on l'a menacée de mort.
Ce qui reste fascinant est tout de même les 11 sénateurs républicains, tous des mâles, incapables de poser UNE SEULE QUESTION à Miss Blasey, laissant la tâche à UNE procureure, une FEMME, pour tenter de questionner et créer des brèches dans son témoignage. Quelle lâcheté. Que c'est néandertal.
Ils ne sont réapparus qu'au témoignage de Kavanaugh. Et moins pour le questionner que pour crier, eux aussi, leur outrance face à ce
En bons petits singes.
Certains ont même tenté d'imiter le style Trump.
Pathétique dites-vous?
Kavanaugh s'est comporté exactement comme un prep school boy qu'on a coincé profiter d'un contrat social d'une autre époque, profitant d'un milieu où un abus et la dénégation de toute notion d'égalité étaient absolument permis.
Et qui ne veut pas être celui qui paiera alors qu'il sait qu'il en existe tant d'autres. Il sera fait juge anyway. c'est certain.
Miss Blasey met sa vie en danger.
En faisant que son devoir.
Notre Amérique du Nord commence à écouter les femmes.
Faudrait maintenant commencer à les croire aussi.
Vous savez pourquoi ils criaient tous?
Pour ne pas entendre la petite voix dans leurs têtes qui disait:
"you know you're wrong"
Animaux.
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