Avant même que les Olympiques de Rio ne soient commencées, le Canada se méritait une médaille d'or.
C'était décidé le jeudi 29 juillet dernier.
Les Olympiques, c'est une vitrine formidable pour des sports qui n'ont en temps normal, que très peu de visibilité. Pour le basket, le hockey, c'est plutôt incongru. On y glisse des multimillionnaires complètement en porte-à-faux avec ces jeunes qui sont à la recherche de commanditaires 12 mois par année.
Les Olympiques offrent chaque 2 ans des moments de pure magie qui font le tour de la planète. Pas simplement le tour du village, le tour de la planète entière capable de diffuser et de recevoir des images. La planète devient un village.
Un moment sous les projecteurs qui a le pouvoir de vous rediriger, autant en tant qu'athlète, qu'en tant qu'être humain à peu près n'importe où sur terre.
Un monde de possibles sans limites.
Christine Girard a grandi à Rouyn-Noranda. Elle est née à Elliot Lake en Ontario en 1985. Elle a installé ses pénates en Colombie-Britannique il y a plusieurs années, Province qui lui offrait les meilleurs possibilités pour y faire développer son sport: l'haltérophilie.
Ontario, Québec, B.C., difficile de faire plus canadienne.
En 2012, Christine avait 27 ans. Maiya Maneza du Kazakhstan avait le même âge et Sveltana Tsarukayeva de la Russie avait 25 ans.
La première a raflé la médaille d'or dans la catégorie des 63 Kg. La seconde, la médaille d'argent. Girard est devenue la toute première haltérophile canadienne médaillée de l'histoire.
Mais on a découvert cette année que la Russie était champion de la triche. On le reprochait à plusieurs hockeyeur originaire de la Post-Soviétie. Kovalev, Semin, Radulov, Zubrus, Yashin, ils trichent/trichaient. Ils ont un talent immense, mais ne se présente pas à tous les matchs. On comprend maintenant qu'il faut mettre un bémol à tout ça. La triche était institutionnalisée par l'État gouvernemental. Supervisée. Organisée. Construite dans l'ordre des choses. Les Russes sont élevés dans la triche comme Obélix est tombé dans la soupe.
Les stéroïdes et autres drogues interdites facilitant les performances sont comme des virus informatiques. Ils évoluent. Ça aura pris 8 ans, mais on a prouvé que la plupart des athlètes Russes avaient triché lors des dernières Olympiques à Londres et très certainement bien avant puisque la triche était scrupuleusement travaillée dans les plus hautes sphères sportives et sociales en Post-Soviétie.
On a donc disqualifié la plupart des athlètes Russes pour les Olympiques de Rio.
On est aussi revenu dans le temps et on a prouvé, le 15 juin dernier, que la Khazake Maiya Maneza était sous stéroïdes anabolisants, ce qui la dépouillait de sa médaille d'or. La médaille de bronze de Girard devenait donc une médaille d'argent.
Cependant, les tests d'antidopage du 28 juillet dernier ont aussi révélé que la Russe Sveltana Tsarukayeva était aussi dopée.
La médaille de bronze de Christine Girard est donc une médaille d'or.
Les enquêtes se poursuivent à ce niveau et sa 4ème place au jeu de Pékin en 2008 pourrait aussi changer. En plus de changer l'année de son exploit historique.
Toute cette gloire sera différée.
Vous vous rappelez de Ben Johnson en 1988? Record du monde, médaille d'or, disqualifié 3 jours plus tard. C'est tout ce qu'on se rappelle. Personne n'a retenu que 6 des 8 finalistes de cette course se sont aussi fait prendre par la suite dont Carl Lewis, Linford Christie et Dennis Mitchell, les trois médaillés officiels, dont les États-Unis avaient mieux gérer la triche.
Le monde ne se rappellera pas de Christine Girard.
Elle recevra sa/ses médailles d'or par la poste.
Quand le monde entier aura la tête tournée ailleurs. Sur les jeux de cette année.
Jeux auxquels elle ne participera pas. Elle est aujourd'hui entraîneure et gère son propre club de levée de poids en Colombie-Britannique.
Cette haltérophile en or sera dans l'ombre, même meilleure au monde.
C'est l'époque de triche, l'ère de fraude, appelez ça comme vous voulez avec laquelle il faille composer de nos jours.
Christine Girard (moyennant qu'elle soit propre elle aussi) aura une gloire diffuse. Secrète.
Dommage que son mérite soit resté caché au monde quand la planète sport regardait.
Le monde ne se rappellera pas de Christine Girard. Nous, oui.
Une semaine avant les Olympiques, il aurait fallu célébrer sa gloire tous les jours ne serais-ce que pour rendre honneur au bruit qui aurait été fait alors elle si son exploit avait été annoncé il y a 4 ans, au moment où elle était reine internationale de son sport.
Gerry Gratton, argent en 1952, Jacques Demers, argent en 1984. Christine Girard OR FONCÉ en 2012 et peut-être une autre en 2008.
Première femme. ET EN OR
La seule haltérophile canadienne couverte d'or, ever.
Tout sexe confondu.
Queen Christine.
Les Olympiques, de plus en plus difficiles à prendre au sérieux, tiennent leur cérémonie d'ouverture aujourd'hui à Rio.
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