"Tout le monde attend dans son coeur que la fin du monde arrive"
- Haruki Murakami, IQ84
En 2008, la planète capitaliste a mis un genou au sol. Le géant ne s'est pas encore complètement relevé et ne se relèvera peut-être plus jamais de la même manière.
Nous vivons dans une ère de triche, une ère de fraude. Une époque où tricher est la norme. L'argent et la quête incessante de l'argent créé des monstres.
Des hommes (des femmes aussi surement) ont vu la bête arriver.
Micheal Lewis, Charles Randolph, Brad Pitt et Adam MacKay ont choisi de traiter de 12 d'entre eux dans le splendide et totalement contemporain film The Big Short.
Le film est à la fois informatif, drôle, intense, habile et vulgarise très simplement ce qui pourrait paraître compliqué pour le non initié sur les marchés financiers. Quand la bulle des subprimes a éclaté en 2008, ils avaient avisé tout le monde. Mais personne ne les as pris au sérieux.
Micheal Burry est incarné par le toujours excellent Christian Bale. Burry était et est toujours à la tête de la compagnie qu'il a fondé Scion Asset Management. Il est le seul qui a accepté que l'on utilise son vrai nom dans le film. Il se spécialise dans les investissements alimentaires, principalement l'eau. Il a tout vu venir, a avisé ses clients du crash financier en voie de se produire, qui ne l'ont pas cru, l'ont menacé de poursuites quand il a annoncé à tous qu'il devait leur faire part de la grande fraude que devenait maintenant son métier. Il a misé contre le marché immoblier qu'il avait vu comme une bulle avant l'heure et a fait fortune.
Steve Eisman est incarné par Steve Carrell, rarement mauvais dans toutes les sphères du jeu d'acteur. Eisman travaille en ce moment avec ses parents au sein du Eisman Group. En 2011, il a quitté le fond de gestion dont il était le patron dans le film, mais toute son équipe y est restée. Il prétend que le portrait que Carrell a fait de lui n'était pas parfait puisqu'il ne riait jamais, n'avait plus de sens de l'humour et était en colère en tout temps. Il a aussi fait fortune, mais a tout tenté pour éveiller les gens que les marchés plantaient.
Greg Lippman est incarné par Ryan Gosling. C'est par lui que nous sommes introduit dans le film, dans le coeur de la bête. La bête étant l'argent et sa quête obssessive devenue malsaine. En 2010, il a fondé son propre fond de gestion de risque LibreMax Capital où il en est le principal chef investisseur.
Ben Hockett avait tout lâché, écoeuré par ce que devenait le marché. Ce sont les jeunes Charlie Ledley et Jamie Mai qui l'on sorti de l'exil (il gérait ses choses loin de la jungle de New York, terré en Angleterre). Il est incarné par Brad Pitt, qui produit aussi le film et qui est, selon moi, l'un des acteurs aux choix de sujets et de films,les plus intelligents de son époque. Hockett est, comme dépeint dans le film, écorché par l'horreur qu'est devenu son travail, et se tient loin des marchés tout en ayant quitté le marché. un homme excessivement riche. Mais déçu de la manière dont il s'est enrichi. En misant contre le marché immobilier dont ils avaient flairé la bulle.
Charlie Ledley & Jamie Mai ont tous deux sorti Hockett de son nid et se sont rendus très riches dans le processus, Ils étaient jeunes, le sont toujours et ont fait autour de 120 millions dans les échanges d'investissements immobiliers de 2008. Ils ont misé contre le marché immobilier qu'ils savaient en voie de se planter mondialement. Ledley travaille pour Highfields Capital Management depuis 2010 et Mai est président de Cornwall Capital qui les as rendus si riches entre 2008 et 2010. Ils sont respectivement incarnés par John Magaro & Finn Witrock.
Ces héros obscurs qui avaient tout vu venir, qui ont crié au loup, mais que personne n'a cru ont cherché la rédemption morale. On leur a ri au nez. Ils ont empoché des millions. Le marché s'est planté exactement comme ils l'avaient tous annoncé. Personne n'a compris que la chaleur, qu'ils croyaient du soleil, était en fait celle d'un incendie.
Annoncé pour qui sait voir.
La profondeur de la fissure appelait à un effondrement. Ils ont offerts des vestes de sauvetage aux occupants de bateaux qui coulaient, sans succès.
Ces 12 hommes clairvoyants avaient raison et les États-Unis au grand complet se trompaient.
À la conférence d'Alan Greenspan de 2008, tout le monde a quitté avant même son allocution comme si deux tours jumelles tombaient sur New York à nouveau.
Le 15 septembre suivant Lehman Brothers tombait. L'économie des États-Unis aussi.
Quand la poussière est retombée, 500 milliards d'argent de retraite et de valeurs immobilières, 401 millions d'épargnes et de bons du trésor ont disparus, 8 millions de gens, l'équivalent de plus du Québec en entier, perdaient leur travail. 6 millions, le Québec en entier, perdaient leur maison.
Ces statistiques ne font référence qu'aux États-Unis, mais l'impact fût mondial.
On s'en relève tout juste.
The Big Short est un grand film de société.
De société malade.
Un film marquant.
Une autre cicatrice causée par l'argent,
Aucun commentaire:
Publier un commentaire