jeudi 3 juin 2010
Le Paon et le Aye-Aye
Lors de la croisière dont je reviens j'ai vécu une expérience douloureuse.
Je ne dirais pas l'une des pires expériences de ma vie sans risquer de trahir une nature de privilégié mais une expérience pénible quand même.
Dans cette croisière pour gens fortunés, les têtes grises se comptaient par milliers, les gens de mon âge se comptaient par dizaine et il y avait moins de 10 enfants de 15 ans et moins sur 3000 passagers.
Deux fois sur 13 jours de navigation avons nous eu deux soirées de "Formal Wear". Les onzes autres soirées, les tenues vestimentaires pour manger au restaurant du bateau étaient "casual smart wear". C'est-à-dire que si vous vouliez manger au resto 5 services avec Chardonnay, Merlot ou les deux (blanc au rouge rien ne bouge, même en bateau) il fallait porter des vêtements dits "casual smart". Ce qui était erroné puisque qu'on m'a retourné deux fois à la chambre, une fois pour mes orteils qui dépassaient de mes sandales et l'autre fois pour mes mollets.
Il n'est ni intelligent, ni "casual" pour un homme d'avoir chaud. Même si mes jambes sont moins poilues que celles de certaines femmes, il m'était interdit de me présenter au resto habillé en capri ou en bermuda, même chics.
Comme on n'apprend pas à un lézard à fuir sous les rochers, je me suis débrouillé pour "échapper" mes souliers sous la table et pour dézipper le bas de mes pantalons cargos en mangeant, toujours sous la table tout en les rezippant pour la petit marche de la table à la sortie.
Toutefois les deux soirées dites "formals" m'ont donné de plus sérieux défis.
La première soirée, il faisait si chaud qu'une simple chemise blanche avec un pantalon crême ont passé le test. Nous revenions de deux jours en Turquie sous un soleil brûlant et nos teints bazanés sous nos tignasses blondies nous donnaient tous l'air de Beach Boys/Beach Girls en soirée de gala.
Le calever commence à la deuxième soirée. Le Bal du Capitaine.
Cette soirée là commandait le port du veston ou de la cravate. Idéalement les deux. Mon veston est légèrement défraichi. Passé de mode mais surtout avec des coudes d'une différente texture suite à des années d'accoudement aux côtés des claviers informatiques.
Bref il est usé.
Comme j'étais passager invité par maman d'amour sur cette croisière, en remplacement de mon papa décédé, je ne tenais pas à la décevoir. J'ai récupéré le noeud de la cravate non défait du mariage d'un de mes potes en 2009 et j'ai enfilé le veston surrané.
"Tu dois mettre ta chemise dans ton pantalon" m'a dit maman.
Je ne fais plus ça depuis 1985.
Sérieusement.
Depuis que j'ai vu le gros Lepage faire ça avec ses gilets et ses chemises et que j'ai vu à quel point ça ne mettait jamais en valeur la taille d'un homme. De plus plusieurs femmes, dont l'amoureuse au tout début de notre relation il y a 18 ans, ont été agréablement surprises de me trouver plus svelte qu'anticipé au déshabillage.
"Mais maman, je peux pas faire ça!"
Au son de ses mots vains je me suis rappelé le débat de l'été dernier avec l'amoureuse sur le même sujet pour le mariage d'Anaïs et de Miguel et celui d'avec ma mère en 1989 quand est venu le moment de jaser cravate pour mon bal de finissant. (nous avions signer le traité de paix sur un noeud papillon au bout du compte).
Et il s'agissait bien du BAL du capitaine.
Comme ce que femme veut, homme désavoeu, au risque de me mettre un pied (chaussé) dans la bouche je me suis soumis tel une femme voilée et j'ai enfilé la grotesque chemise dans mon pantalon.
"Détache ton veston,fiston" m'a quand même rappellé maman avant que nous quittions.
Dans la chambre voisine: nos partenaires de voyage. Deux amis de mes parents, lui, 64 ans, ancien professeur d'éducation physique, elle, à l'aube de la cinquantaine dans une robe prêtée par une amie qui lui faisait comme un gant. Elle en étais très fière. Elle se sentais radieuse et voulais parader. J'étais complètement à l'autre bout du spectre. Je me rappelais que mon bal en 1989 n'avait pas été plus fameux. M'y présentant avec une ex, amoureux d'une fille qui étais avec un autre pour le bal nous avions passé la soirée à nous chercher et l'après-bal avait été notre heure de gloire. Le bal comme tel: un jeu de chat et de souris.
Cette soirée du bal du capitaine m'a mis dans un inconfort incroyable. Nous sommes allés prendre un verre au bar The Crooner et je voyais bien que je marchais le dos rond et qu'elle, prenait les devants en se bombant le torse. Je voyais des gens en t-shirt et en bermuda se diriger vers le buffet et je les enviais. Quelques illuminées avaient choisis de porter leur robe de mariée (!?!). Les photos fusaient de partout. Je me suis rendu compte sur le tard que, physiquement je me cachais. Derrière des poutres, assis dans un coin, aux toilettes, pour faire une course inutile à la chambre, derrière ma mère. J'étais horriblement gêné. Pendant que notre partenaire multipliait elle aussi les marches inutiles mais surtout là où on pouvait nous voir.
Deux personnes dans un même quatuor aux antipodes l'un de l'autre.
Elle, fière et voulant étirer la soirée, moi, voulant tracer mon chemin sous la tapis.
Je me suis senti comme se serait sentie la plupart des filles si elles étaient soudainement poussées sur une scène en j-string, les seins au vent, avec un poteau.
Certaines danseraient, improviseraient, prendraient la scène comme notre compagne de voyage. La plupart fileraient derrière les rideaux peu importe les huées.
Mon show à moi il est dans ma tête.
Mon malaise aussi...
Comme par miracle, la fatigue d'une journée de visite à Istanbul (où étais-ce Rome?) nous as achevé vers 21h00.
Mais je le sais maintenant,
je déteste les tenues de clown.
Et j'ai grossi.
Rarement aurais-je autant hai mon miroir dans ma vie.
Pas moyen d'être juste bien?
J'ai un chum qui s'apelle BeauBien.
Pas moyen de se trouver Beau tout en étant juste Bien?
Honnêtement il n'y avait rien de plus joli ce soir-là que ces trois jeunes filles qui buvaient leurs bucks au bar, et qui peinaient à cacher leur envie de rire de ma tenue.
Moment à rayer de mon esprit.
Jogging le gros.
Jogging.
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