mardi 30 mars 2010

Vous serez notre monnaie d'échange pour nos besoins (beaucoup plus importants que les vôtres), petits riens


Il pleuvait, il faisait froid.

Au lieu de la traditionnelle marche de 10 minutes de mes enfants jusqu'à l'école (5 en réalité mais ils niaisent en cours de trajet) j'ai préféré aller les reconduire en voiture.

Sous la pluie et bravant la mauvaise météo un attroupement. Tout juste devant la porte du service de garde. une quinzaine de sixième année.

En regardant avec plus d'attention j'ai remarqué que...non...c'était plutôt un attroupement d'adulte.

La toute première réaction que j'ai eu en voyant mes deux amours marcher sous la pluie en direction de cette ligne de gens qu'ils auraient à franchir en a été une de sévère mépris.

Des pancartes de syndicats, des parapluies colorés avec des messages délavés par la pluie dessus, des k-ways détrempés, à peine quelques visages visibles.

Pour ma fille de 6 ans cette image pouvait être menaçante. Une lignée de grand fadas armés de bouts de bois dans les mains.
Elle pouvait heureusement compter sur son grand frère à ses côtés. Je l'ai vue s'en rapprocher sur le trottoir. Elle va sûrement me demander c'était qui ses guignols. C'était quoi la parade papa?.

Je comprend que les professeurs sentent qu'on les laisse tomber. Leur classe sont menacées d'être beaucoup plus nombreuses pour moins d'effectif. Leurs revendications sont peut-être légitimes. Je dis bien "peut-être" parce que je ne peux me résoudre à éprouver de la sympathie pour les corps enseignants.

Je suis actuellement étudiant à l'Université de Montréal. En fait je l'étais pour au moins 6 cours dans deux classes et 7 dans une autre jusqu'en février. Maintenant je ne sais plus. Nos chargés de cours ont choisi de faire la grève. Si au début j'en étais ravi car ça me donnait au moins un semaine supplémentaire pour préparer un examen qui devait avoir lieu la première semaine de la grève, maintenant je voudrais leur péter la gueule, un par un.

6 semaines plus tard on végète encore chez soi.

Cette fois avec une promesse de peut-être annuler toute la session. "L’Université annonce que, si une entente avec le Syndicat n’est pas intervenue avant le 5 avril prochain, elle sera contrainte d’annuler tous les cours donnés par des chargés de cours au trimestre d’hiver." sont les mots sur le site Info-Grève de l'U de M.

Ses profs se sentent aussi abandonné par leur direction.
Leur solution? abandonner leurs élèves.

Comment ne pas se sentir en tab...après ça?

Qui remboursera les 6 mois de salaire perdu parce que maintenant les dates de session d'été ne concordent plus avec rien?

Je sais que c'est le but d'une grève: faire chier le plus de monde possible pour rallier à sa cause.

J'avais un travail à remettre le lundi 1er mars. Le mardi précédent, tout le monde était avisé qu'à partir du lendemain (le mercredi) tous les cours étaient annulés, informez-vous sur le site de l'U de M pour la suite. Ne sachant trop quoi faire de mon travail à remettre pour le lundi j'ai écrit à mon professeur afin de lui demander si on le lui remettait le lundi quelque part quand même et si oui, où?
Il m'a réécrit de le remettre en classe car le cours avait bel et bien lieu comme prévu. J'ai vérifié sur le site et on disait bien que son cours était annulé. Mais comme c'était le prof lui-même, qu'il avait manifesté à plusieurs reprise en classe que nous étions en retard dans la matière, je me suis dit aussi bien faire confiance au bonhomme. (HA!HA!)

Je me suis présenté au tranquille pavillon où une feuille affichait aussi que son cours était annulé. Une photocopie de la page internet en fait qui confirmait ce que j'avais déjà lu, scotchée sur la porte d'entrée du pavillon.

Nous étions 4 nerds à attendre devant une porte de classe barrée. Quelques pelés et d'autres tondus un peu loin faisaient la même chose pour d'autres classes. Au moins un cours s'est donné ce soir-là dans une classe du corridor. 15 minutes après l'heure où le cours aurait dû commencer nous avons quitté. L'Université en dette de deux heures dans nos vies.

J'ai réécrit au prof pour lui remettre dans la face que bon...nous y étions, nous avons plié bagages après un temps. Je me suis retenu de lui dire "you suck big time". Il m'a menti en répondant "Désolé je ne l'ai su que très tard moi-même".

Tu las appris une semaine plus tard que la télé, la radio, l'internet, les corridors étudiants, les communiqués internes et les journaux yeah right, fuck you bitch.

T'étais où? Dans une grotte avec Ben Laden?

Pour être aussi mauvais dans tes devoirs d'enseignant renseigné tu mérites une démotion, moron.

Dette de deux heures de vies et de six mois de salaire à tous tes collègues. Vous peinez à faire apprendre à nager dans le monde du travail et votre solution c'est d'appuyer à deux bras sur la tête des nageurs dans le creux. Merci.
On ne cesse de trouver de nouveaux moyens pour retarder les entrées sur le marché du travail. Moi ça va, j'ai eu mon tour de piste. Je suis Travolta qui se réessaye sur la plancher de danse. mais les plus jeunes?

Ce que je vais expliquer à ma fille si elle me demande c'était quoi la parade de monsieur à son école je vais lui dire:
"Ce sont des clowns, chérie"

Ce ne sont surtout pas des amis ses drôles de bonhommes.
Ce sont des gens prêts à te prendre en otage un jour ou l'autre.
Sois vigilante.
Ne fais confiance à personne.

Si les profs veulent toujours revendiquer le titre de "plus beau métier du monde" il serait bien qu'ils apprennent à cesser de décevoir.

Les véritables révolutionnaires savent se placer où ils sont nécessaires.

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