dimanche 6 octobre 2024

Skippy Spence

Alexandre Lee Spence est né à Windsor, en Ontario d'un père machiniste, vendeur et musicien. Il était aussi héros décoré de la Seconde Guerre Mondiale. La famille emménage en Californie quand celui qu'on appelle Skip a autour de 10 ans. Il a sa première guitare aussi à cet âge. 

Doué pour la musique, il se saisit de plusieurs instruments assez habilement. Si bien que Marty Balin, alors membre de Jefferson Airplane, le remarque comme guitariste du band The Other Side mais choisit de lui offrir le poste de batteur du groupe car il en a le look cool. Membre clé de la scène psychédélique de San Francisco Bay, dans les années 60, Spence sera du premier album du band. Mais il est limogé quand il choisit de prendre des vacances au Mexique sans aviser personne et déstructure les plans du groupe. 

La formation Buffalo Springfield lui fait de l'oeil, mais il préfère retourner à sa guitare et co-fonder, avec Matthew Katz et Jerry Miller, Moby Grape. La formation comprendra (comme Buffalo Springfield et The Warlocks, futurs Grateful Dead) 3 guitaristes. Un morceau du premier album de Moby Grape est signé de sa main et est considéré comme un des meilleurs morceaux pour guitares. Skip est très investi dans son époque Californienne. Il fume comme une cheminée et pas seulement de la cigarette. Mais toujours du tabac. Et il passe vite aux drogues fortes. Qui ne lui feront plus de bien à partir de 1968. 

Pendant l'enregistrement du second album de Moby Grape, sous l'influence du LSD, dans un hôtel avec le band, il tente d'entrer dans la chambre d'un collègue à grands coups de hache. Convaincu qu'il était lui-même devenu l'antéchrist. Il sera alors poursuivi par leur gérant et envoyé en prison, à New York. Où on lui découvre d'importantes défaillances mentales. Il écrit un album entier, minimaliste, forcément, guitare acoustique principalement, batterie, base ici et là qu'il ajoutera en studio à sa sortie. Sa carrière semble faire écho à celle d'un contemporain britannique, Syd Barrett. Les drogues n'ont fait qu'exacerber ses problèmes mentaux. Pendant 6 mois, on lui injecte de la Chlorpromazine, une sorte de lobotomie chimique. On le diagnostique schizophrène. Selon la légende urbaine, à sa sortie de l'hôpital psychiatrique, en bas de pyjama, il enfile sa moto et se rend à Nashville enregistrer son album solo. Ironiquement, sans connaitre sa vie, quand j'entends son album solo, il me fait penser à The Madcap Laughs de Syd Barrett. 

Il sera encore occasionnel pour Moby Grape, jouera dans un trio appelé Pachura, et ensuite avec les Rhythm Dukes. Ce sont les membres de Moby Grape qui l'aide à survivre. Tour à tour. Jefferson Airplane, maintenant avec Grace Slick & Spencer Dryden, chantent pour lui un tendre morceau. Même si il n'est plus du band. Comme il continue de consommer de monumentales sommes de cocaïne, il régresse à tous les niveaux. Il fait même une surdose d'héroïne et on le considère mort au point de lui poser une étiquette au bout de l'orteil quand il se relève et demande un verre d'eau. On lui offre un petit rat comme animal de compagnie, mais il lui fait aussi sniffer de la cocaïne. Il insiste trop souvent pour inviter des étudiantes chez lui et quand un parent s'en plaint, il est interné. Où on le découvre à un certain moment, du côté des femmes avec on ne sait trop quelles intentions, mais on préfère ne pas savoir.

Quand il est incapable d'accéder aux drogues, il boit de l'alcool autant qu'il peut. Y est aussi accroc. Dur d'être plus toxique. Skippy, à sa sortie, sera un temps, sans abri. À San Jose ou Santa Cruz. Il se trouve un gîte dans une caravane, près de la plage, à Capitola. Plusieurs amis du passé l'encadrent. Peter Lewis, de Moby Grape surtout. Le lâchant peu. Avec lui toutes les 5 dernières années de sa vie. 

La série télé The X-Files lui propose d'écrire un morceau pour la trame sonore de sa série télé. Ce ne sera pas retenu. Sa dernière présence sur scène est avec Moby Grape, en 1996, où il chante comme chanteur principal aux moins deux morceaux. 

Qualifié de l'une des lumières les plus scintillantes de l'ère psychédélique, mais aussi une de ses plus grandes victimes, il apprend qu'il a le cancer du poumon dans la jeune cinquantaine. On lui fait écouter un album hommage quelques jours avant qu'il ne meurt, un album qui réunit entre autres, les talents de Robert Plant, Tom Waits et Beck. Mark Lanegan, Robyn Hitchcock, et son morceau pour The-X Files, en pièce cachée à la toute fin, sont aussi du disque. 

Skippy Spence s'éteint à 52 ans, mon âge, il y a 25 ans, cette année.   

Les excès sont pratiquement toujours toujours toxiques.

Surtout combinés aux problèmes psychiatriques.

Vie et mort d'une ampoule maintenant brulée de la guirlande psychédélique. 

Aucun commentaire: