Lire c'est un peu beaucoup mon métier, qui n'est plus un travail mais une extension de mes regards. Lire c'est incontournable dans ce que je fais.
Lire c'est accepter de plonger dans l'univers d'un autre, c'est se confronter à des idées qui ne sont pas toujours les autres, c'est nager dans la réalité d'autrui, c'est vibrer au travers de personnages de toutes sortes, c'est voyager à très très peu de frais, c'est faire vivre un auteur, une auteure, c'est accepter d'apprendre à respirer sur le rythme d'un(e) autre.
Et respirer, c'est vivre.LE GUÉPARD de Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Inspiré de faits véridiques, et surtout de l'histoire de son propre arrière grand-père Giulio Fabrizio di Lampedusa, lion léopardé, un des derniers princes siciliens dans les derniers règnes des familles royales d'Italie, justement, dans les dernières années de cet empire, qui a par la suite donné naissance à la Sicile.
Giuseppe, presque romantiquement, ne survit même pas lui-même à son unique livre, puisqu'il décède avant publication. Le livre gagnera des prix posthumes par la suite et sera adapté très intelligemment par Lucino Visconti avec Burt Lancaster dans le rôle de Don Fabirizio, Alain Delon dans le rôle de Tancrède, le neveu chéri qui ira se battre aux côté des Garbibaldiens, opportuniste et qui sera plus qu'intéressé par la belle Claudia Cardinale dans le rôle d'Angelica, Paolo Stoppa dans le rôle du père d'Amgelica, il est aussi le maire, Rina Morelli dans le rôle de la prude épouse de Don Fabrizio, Romolo Valli, dans le rôle du Jésuite proche conseiller de Don Fabrizio, Terence Hill (Mario Girotti de son vrai nom italien) dans le rôle du comte Cavriaghi, lieutenant ami de Tancrède, Pierre Clémenti dans le rôle de Francesco, fils du prince Don Fabrizio et de la princesse et Serge Reggiani dans le rôle de Don Francisco Ciccio Tumeo, homme du peuple fidèle à la royauté qui a payé sa modeste éducation. Reggiani se double lui-même dans la version française du film.
Le livre est extraordinaire, et on le voit et le comprend déjà à même le visionnement du film. Surtout vers la fin. Épique.Nous sommes en 1860, en Italie. La famille du prince Don Fabrizio Salina, issue de la haute aristocratie, voit la Sicile d'alors changer peu à peu de régime pendant que les troupes du général Garibaldi sont occupées à révolutionner le pays. Tancrède Falconeri incarne la jeunesse fringante qui relève sous ses yeux la vieille garde. Faisant plonger le prince Salina dans la nostalgie indolente. Les fiançailles de Tancrède avec la fille du mère signe même déclin social de celui qu'on appelle Le Guépard, et la sombre nuit dans laquelle se précipite son âme, impose une introspection vertigineuse où on sent que le blason de la famille s'efface tranquillement.
Lampedusa est décédé en juillet 1957. Atteint du cancer du poumon. Relativement reclus, c'est sur son testament qu'on apprend qu'il aimerait que son livre soit publié. À la fin de sa vie, il enseignait à quelques jeunes étudiants des cours privés sur ses auteurs préférés qui étaient les grands Shakespeare, Byron, Flaubert et surtout Stendhal. On peut reconnaître un peu tout ça dans le style de l'écriture.
Un peu comme dans The Godfather, le premier, la scène du jardin entre Brando et Pacino, on a parfois l'impression que c'est un discours d'adieu (vers la fin surtout). Tout aussi tendre, violent, et empreint d'affection. Je compare à The Godfather (1972), mais en fait, ce serait plutôt ce dernier film, créé après, qui se serait peut-être inspiré de l'arc narratif du Guépard (livre-1958-film-1963). C'est le film préféré de Martin Scorsese et un film que Francis Ford Coppola avait assurément vu et adoré aussi. Il y a beaucoup de l'esprit de cette scène dans le livre.Bouleversements sociaux, tourments politiques, fin de style de régime, nostalgie, renaissance ou résurrection, risorgimento.
Naissance, en quelque sorte de la Sicile.
Très intelligent, fin et intéressant.
Âpreté de la terre sicilienne et ambiance aristocratique des palais palermitains dépoussiérés empreignant ces 330 pages.
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