Il y a cette théorie qui dit que vous aurez entre 8 et 10 ans, en sports, dans la vie, en arts, où vous serez au sommet de votre talent créatif.
C'est une observation que j'ai envoyé aux gens de ma planète sur votre compte, humains terrestres.
La carrière musicale de la formation britannique Supertramp illustre bien cette observation.
En 1969, à Londres, un multi-milionnaire allemand investit largement dans la formation The Joint, mais n'aime plus la direction musicale du groupe. Il trouve que les suggestions du claviéristes Rick Davies sont souvent rejetées et lui offre l'occasion de partir son propre band. Par des annonces dans le magazine Melody Maker, il recrute Roger Hodgson, un chanteur, flûtiste, pianiste, bassiste, Richard Palmer (à la guitare) et Keith Baker à la batterie.
Hodgson est issu d'un milieu bourgeois et d'écoles privées. Il aime davantage la musique populaire. Davies est issu d'un milieu plus ouvrier et est plus axé sur le jazz ou le blues. Bien que très différents dans leurs influences, ils se rejoignent rapidement musicalement et composeront tout ensemble, au début. Palmer y met aussi du sien après que les deux autres aient tricoté quelque chose et s'occupe des paroles. On nomme le band Daddy.
Début 1970, Keith Baker quitte le groupe et pour éviter la confusion avec la formation Daddy Longlegs, on changera de nom. C'est Palmer qui trouve Supertramp, inspiré d'un livre de William Henry Davies. Robert Millar devient le nouveau batteur. On fait de la musique pour des amis ou des films allemands et on entre en studio une première fois.
L'album sera de style progressif et aura des oreilles attentives au Canada et au Royaume-Uni, mais vendra très peu. Il ne sera disponible pour le marché des États-Unis que seulement 7 ans plus tard. On performe au Festival de l'Isle of Wight et Palmer et Millar quittent le groupe avant la fin de l'année. Palmer devient parolier pour King Crimson et on le remplace le temps d'un seul concert par David O'List de la formation The Nice. Roger Hodgson sera habile de la guitare, à son tour et on engage un bassiste, Frank Farrell. L'album suivant sera lancé partout dans le monde en juin 1971. Mais l'album vend moins que leur précédent et le mécène allemand se retire du financement du band, fin 1972.
On remplace Farrell par Dougie Thomson. à la basse et John Helliwell s'installe au saxophone pour longtemps. Depuis le départ de Palmer, le lien entre Hodgson et Davies est plus faible. On choisira de composer chacun de son côté et de tout jouer ensemble par la suite. Le style de vie des deux hommes est très différent. Toute les chansons seront crédités à la Jagger/Richards, McCartney/Lennon, Davies/Hodgson. Même si parfois, c'est simplement l'un ou l'autre qui fait pas mal tout. L'été 1973 sera très productif.
L'album suivant sera extraordinairement populaire. Partout dans le monde et au Canada, en particulier où on leur fera toujours une place de choix dans nos coeurs et nos oreilles. Pendant trois ans, 1974, 1975 et 1976, Crime of the Century sera toujours parmi les meilleurs vendeurs au pays.
Commence alors 10 ans de grande exposition populaire et de richesse.
La maison de disques mettra de la pression pour un produit successeur. Supertramp le regrettera. Ils lancent Crisis, What Crisis? en automne 1975. L'album sera composé de plusieurs morceaux laissés de côté pour leur album précédent, qu'on a retravaillé, mais aucun hit n'en sera issu. Ce qui n'empêche pas l'album de vendre beaucoup, sur le simple pari qu'il pourrait être aussi bon que l'album d'avant. Les critiques sont toutefois bonnes. Mais il y a beaucoup d'insatisfaction autour de cet album. Supertramp se rappelle l'enregistrement de cet album comme l'un des pires moments de leur carrière.
Pour l'album suivant, Roger Hodgson retravaille un morceau qu'il a composé entre 19 et 20 ans qui sera le premier single et celui qui ouvre le disque. Comme pas mal toute leur carrière, la vente des disques éclipsera la vente de leurs singles, et cet album vendra excessivement bien. Au Canada, l'album sera même #1. La pochette pouvant avoir tiré sa photo de nos chaînes de montagnes. Hodgson choisit de vivre à Los Angeles. Ça créé un léger fossé avec les autres membres du band, qui ne fera que se creuser davantage.
Pour le disque suivant, enregistré à L.A., Hodgson s'installe dans un camper près du studio, afin d'être toujours prêt pour aider à la création et à la production du contenu de leur déjeuner en Amérique. Le concept fonctionnera à merveille. Travaillé comme deux individus (Roger & Rick) se répondant sur leur propres différences, le projet, d'abord appelé Hello, Stranger, vendra plus de 4 millions de fois en Amérique, y sera #1 partout et en France, vendra plus de 3 millions de fois. Tout le monde devient riche. Supertramp devient historique. Mais rien sera plus jamais rose.
Hodgson installe sa famille à L.A. et ses idées sont de moins en moins populaires, (malgré le succès) auprès des autres membres du band, qui eux, sont en Angleterre. De plus, la gérante du groupe est l'épouse de Davies, ce qui la fait plus souvent pencher vers ses décisions à lui. Un dernier album avec Roger est lancé. Leur dernier hit majeur est aussi signé, Hodgson. Il lance alors un album solo. Il quittera la formation à la fin de la tournée de 1983.
Un nouvel album, sans Hodgson, sera lancé en 1985. Avec un dernier single se classant généreusement dans les palmarès, Cannonball.
Il y aura des réunions, des retours de personnel, 3 autres nouveaux albums entre 1987 et 2002, et des tournées où on tente de ne jouer que le matériel de Davies. Mais devant la montagne de plaintes on intégrera les chansons d'Hodgson, rapidement.
Supertramp fête les 50 ans, cette semaine, de la sortie de leur album Indelibly Stamped.
Certains de leurs morceaux sont, effectivement, indélibilement collés dans nos mémoires.
1 commentaire:
Meme si j'ai grandi/vieilli et que je suis devenu plus adulte/chiant et que je regarde leur coté niais avec un regard amusé LE groupe de mes 14 ans àet pour toujours dans mon ADN.
Ces émotions que l'on recherche le reste de nos jours et que l'on ne retrouve jamais.
Comme un premier amour.
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