La semaine dernière, un citoyen de Parc Extension, à Montréal, a été victime d'une erreur judiciaire lors d'une intervention policière qui a si mal tourné qu'un troisième individu a battu à coups de barre de fer, le policier, désarmé celui-ci, lui a tiré dessus deux fois (le manquant) et est disparu dans la nature. On s'est trompé sur l'identité de celui qui a tiré, le policier lui-même avait identifié le citoyen à qui il donnait le ticket comme l'agresseur, celui-ci s'était contredit plusieurs fois dans son témoignage des évènements, bref, on avait beaucoup de raisons de croire que le policier, victime de l'agression, disait vrai.
Patrick Lagacé résume très bien tout ce qui s'est probablement passé.
L'innocent, emprisonné, suspecté 6 jours, a la peau noire. Le centre de police qui est au coeur de l'affaire est lui-même enquêté pour des questions de profilage racial, il n'en fallait pas plus pour être tenté de faire 1+1 et de penser qu'on jouait dans le même film qu'on connait depuis trop longtemps. Plusieurs ont vite pris ce train, et l'accusé lui-même pense poursuivre, au privé, les policiers pour le traitement qu'on lui a réservé.
Il est facile d'avoir l'impression de rejouer dans les mêmes films. Mais quand on en voit beaucoup, et avec le temps, on en voit beaucoup, en revoyant ce qu'on pense être les mêmes films, on découvre souvent les scènes d'un oeil différent.
C'est la beauté (et la torture) du passage du temps. Il nous change. Et on revoit les choses avec un oeil (une sagesse?) différent(e). Il faut repenser nos visions des humains à la peau noire ou caramel.
Je lis présentement (entre autre) un livre signé Rob Sheffield sur David Bowie. Je n'ai plus rien à apprendre sur David Bowie. Et maintenant qu'il est décédé, son oeuvre ne progressera plus. Mais j'ai toujours mes cycles de fréquentations de ses créations. Des jours je me sens Diamond Dog. D'autres, Young American. Parfois Scary Monster. Parfois Earthling. Et ainsi de suite. Je couvre pas mal toute son oeuvre. Écouter une fois c'est faire la connaissance. Réécouter c'est fréquenter un ami.
Le livre de Sheffield est un bijou pour les connaisseur du Bowie que je suis et je m'en doutais un peu avant de l'acheter. Je connaissais Sheffield de deux livres écrit précédemment et j'avais compris ce qu'il voulait faire de celui-ci. Ce n'était pas le même film. Il ne s'agit pas complètement d'une biographie comme on les connait, né à Brixton, marié en 1970, star deux ans plus tard, comme ça dans un ordre chronologique, non le livre On Bowie de Sheffield (assez court) est signé d'une autre main. Une main plus poétique. Une main issue d'un coeur attendri.
Il écrit SUR Bowie. Sur l'impact qu'il a eu sur sa vie. Sur l'impact qu'il a eu sur le monde. Il cite les raisons pour laquelle Sheffield l'a trouvé aussi important que je l'ai trouvé important. J'aurais pu écrire ce livre. Avec mes sons & mes visions. Seul le connaisseur de Bowie comprendra certaines lignes qui sont des paroles de ses chansons. Seul le fin connaisseur de Bowie comprendra certains mots placés ici et là qui sont des références directes à des titres d'albums ou de chansons obscures. Sheffield écrit bouleversé et ému. Il l'a écrit dans la foulé du décès de Bowie en 2016. C'est vraiment une fréquentation entre amis proches que je fais.
En achetant ce savoureux livre, je savais que j'allais y trouver. Ça aussi ça vient avec le temps: le flair. Que je développe assez promptement et dont je suis assez fier.
Ça me fait, bien entendu, revisiter l'oeuvre de Bowie. Je vous écris ceci en trempant mes oreilles dans le Bowie de 1976. De Station en Station*. Spotify est un véritable terrain de jeu pour l'enfant que je suis. Je passe de cycle en cycle. Parfois j'écoute du Belle & Sebastian, croisé de toutes sortes de dérivés du band. Isobel Campbell, Camera Obscura, The Magnetic Fields, God Help The Girl, et ainsi de suite. Puis, la semaine suivant je glisse dans le progressif, Yes, Rush, vieux Genesis, le blues, Grateful Dead, Jethro Tull, Mayall, Clapton, Cream le franco france Biolay, Daho. Delerm, Renaud, H, Hardy, le jazz, Coltrane, Mingus, Davis, Rollins, des classiques, Stones, Led Zep. Beatles, Lennon. Watching the wheels go round and rouuuuuuuuuuuuuund, I really love to watch them roll. Des cycles tellement intéréssant pour le mélomane que je suis.
Si on revisite la musique qu'on aime beaucoup plus naturellement qu'on le fait pour la relecture de livres ou le revisionnement d'un film, c'est parce qu'il nous place rapidement et facilement dans un mood qui nous plait.
Un beat qu'on veut changer se trouve en Post-Soviétie. Voilà un film qu'on connaît trop bien dans lequel les citoyens voudraient changer le rôle qu'on s'attend à ce qu'ils jouent.
Un autre de ces cycles qu'on veut faire dérailler se trouve ici, en Amérique du Nord, où on voudrait bien repenser notre vision collective des humains à la peau noire.
C'est le mois de l'histoire des Noirs en Amérique du Nord.
Explorer donc leur musique. Wonder, Davis, Kool & The Gang, B.B.King, Johnson, Hancock, Gaye, the Supremes.
Ils ont presque tout inventé à ce niveau.
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