"Si nous avions voulu empoisonner Alexei Navalny, a dit l'infâme Vladimir Poutine, transperçant son orgueil d'un nouveau mensonge, nous l'aurions tout simplement fait et aurions réussi."
Ça en dit long sur le poltron.
Quand des masses de policiers, courageusement masqués, se sont enlignées, matraque et armes en main, mardi dernier, à Moscou, le message était clair. Tout support à Navalny serait réprimé. Dans les heures qui suivraient, toute résistance de ces gens non armé, serait matraquée. Les scènes ont fait le tour du monde, quelques heures après qu'un "juge" ait condamné Alexei Navalny à trois ans et demi de prison. Peu importe purquoi, on sait tous que c'est pour se montrer opposant des idées et trop populaire face à Poutine.
Le museler ne semble pas aussi simple que prévu.
Navalny n'est pas une force politique autant qu'une force morale. Il n'est pas SI populaire, ni même tant admiré. Mais les Russes connaissent le film depuis trop longtemps. Et au pays d'Eisenstein, on connaît son cinéma. Tu te présentes aux élections contre Poutine, tu le critiques, tu finiras en tôle. C'est l'ABC des dictatures. Mais les Russes ne veulent plus se voir ainsi. Ce n'est pas l'opposition politique qui les intéressent autant que le cycle maintes fois répété du citoyen, voyant les choses différemment que le leader en place, et qui, sans menaces de sa part, se fasse cruellement condamner pour des crimes inventés de toutes pièces.
Le Kremlin ne cesse de marteler que Navalny est un "agent" des pays occidentaux, un mensonge que les Russses n'achètent plus. Et si c'était bien cette vie-là? Et si on pouvait moins souffrir de la triste économie locale actuelle? PERSONNE en Russie (encore moins dans le monde) ne croit que les juges et les avocats sont indépendants. Pas plus que l'on croit que les manifestants dans les rues sont des "hooligans" comme on les décrit. Les images ne mentent pas. Des centaines et des centaines d'entre eux disent manifester ainsi pour la toute première fois. Ce n'est qu'un ras-le-bol de la manière Poutine.
La condamnation de Navalny, qui sera assurément torturé, ne fait qu'empirer les choses pour le Kremlin. Celui-ci semble scier les pattes de la chaise sur laquelle il est assis. Dans la rue, presque tous les gens interviewés par les journalistes (comme l'excellente Tamara Alteresco) disent manifester non pas en faveur de Navalny, dont il ne sont pas si friands, mais plutôt contre le traitement qu'on a choisi de lui réserver.
On a d'abord tenté de l'empoisonner et il a survécu. Le peuple est si nerveux qu'il manifeste parfois au volant de sa voiture, simplement en klaxonnant. Ce qui pourrait donne un alibi. "je klaxonnais le chauffeur/manifestant devant, il bloquait la route! j'ai eu peur!". La casserole de la frustration Russe perd son couvercle sous l'ébullition. Vivre normalement en Russie devient de plus en plus dur.
Si ce n'est pas unanime que la Crimée redevienne Russe, c'est encore moins populaire de martyriser de simples opposants politiques. Ce n'est pas clair encore combien longtemps déferlera cette mer rouge, ni si le rouge sera un élan de liberté ou une mer de sang.
Les prétendues élections sont prévues l'automne prochain.
Navalny tentera de communiquer de la prison. Les téléphones intelligents sont interdits en prison, mais accessible par corruption, parfois une seconde nature en Russie. La semaine dernière, il a réussi à diffuser de sa cellule sur Instagram un message appelant à affronter les peurs et à protester dans un pays où justement, la corruption ne devrait jamais être la manière première de faire. Ses propos ont été "aimés" par près million de Russes sur le net.
Navalny ne passera pas à l'histoire comme le meilleur pour ses idées, mais il est en train de le devenir au rang des victimes du régime. Il suit les traces d'Andreï Sakharov.
Le régime, si prompt à revivre les conditions des années 50, redonne à son pays du noir et blanc pour sa société.
Pour les libertés civiles ou contre Poutine.
Curieux de voir la conclusion de ce cirque.
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