samedi 18 juillet 2020

Papapoussézenfan

Nous étions dans le Nord, en vacances, une partie de la semaine. Au condo qui nous appartient.

Je lisais dans le vestibule de l'entrée, les cheveux en bataille. Je suis éveillé trop tôt pour la belle. Je dois meubler quelques 2-3 heures le matin, dans le silence, sans la réveiller. Au condo, c'est plus compliqué. C'est une aire ouverte. Je dois carrément quitter le condo. Sur la terrasse. Dehors sur un banc du parc près de la rivière en face. Ce matin-là faisait froid, je me suis rendu dans le vestibule près de l'entrée.

Ce n'est pas complètement déplaisant. Je lis, au son d'un beat jazzé, plus loin dans un divan du complexe hôtelier et quand je lis, je voyage. Ce matin-là, un employé se mourrait définitivement de la Covid, il a toussé sans arrêt pendant facilement 20 minutes avant de s'éclipser.

En vacances, c'est comique, je deviens toujours un peu plus père, malgré moi. Moi, qui vit pourtant plus souvent au rythme de l'enfant qui passe en moi la majorité du temps, en vacances, la maturité, c'est moi.

Notre condo est un condotel. Nous en sommes propriétaires et quand nous ne l'occupons pas, un consortium hôtelier loue notre condo et on en reçoit une partie des dividendes à tous les mois. On peut aussi réserver, selon un calendrier précis, des chambres pour des amis, des invités, de la famille. Le site hôtelier donne accès à deux lacs, des accessoires d'eau, des pontons, une plage et des bains chauffants.

Comme Punkee, ma fille, finissante cette année, n'a pas eu de bal et que rien n'est promis sinon la lâcheté à ce niveau, l'amoureuse et moi, et quelques parents, on multiplie les activités rassembleuses pour elle et sa gang.

Cette semaine elles étaient 7 à investir 3 de nos chambres. À rabais puisque nous sommes propriétaires. Les 2 premiers jours mon fils et sa tendre moitié étaient aussi avec nous. Ça intimidait les 7 wondergirls. Quand elles étaient avec nous sur le site, c'était 6 têtes qui devenaient silencieuses et qui dévisageaient le beau grand 21 ans. Et ma fille qui dévisageait ses amies comme on regarde un serpent avalant un tamia avec l'envie de déhypnotiser tout le monde. Quand mon fils est reparti avec sa douce, je devenais le seul mâle. J'étais le père.

Élevé principalement autour de filles, je ne me suis pas toujours rendu compte quand j'étais dans un groupe devenu l'unique représentant mâle. Ça m'a aussi pris 2 jours cette semaine pour réaliser que j'étais maintenant le seul représentant mâle de notre petit groupe. Quand j'ai pris la mesure, en bateau, que personne n'écoutait le capitaine.

"Tu m'a pas amené de drink"
J'ai aidé les filles en kayak, en paddleboard, en pédalo, quand on s'est tiré à l'eau du ponton au milieu du lac, je conduisais le ponton pour elles, j'ai aussi été en chercher 2 qui n'en pouvaient plus du sentier pédestre et qui se croyaient perdues.On les faisait aussi toutes manger sur 3 jours et demi.

Mais je n'étais pas que père de ces 7 filles. J'étais aussi père de ma propre blonde, qui devient assez complètement enfant, en vacances.

Il y a quelques étés, un mercredi je me rappelle encore, en vacances avec des amis, j'ai donc des témoins, elle s'était tapé une mini dépression dont elle ne sortait pas, parce que j'avais oublié le téléphone dans l'auto et qu'elle me textait d'un resto des commissions à faire dans la boutique tout juste à côté de l'endroit où on mangeait. Des commissions que je pouvais faire tout de suite après le repas. Sans problèmes. Not even an issue. On mangeait TOUT JUSTE À CÔTÉ. Mais non, elle était déterminée à être déprimée que je n'ai pas vu ses textos en premier. La maturité avait été mise en bouteille et larguée à la mer.

Au condotel, c'est IMMANQUABLE, dès qu'on se lève de nos chaises de piscine ou de plages, et qu'on retourne à notre chambre, elle a une envie d'uriner royale, qui la fait non seulement placer sa main sur son propre sexe afin de...contrôler les flôts?, mais plus souvent encore courir jusqu'à la chambre de bain car ses yeux passent du vert au jaune. Grotesque.

Et ça ne manque jamais de me faire rire comme un père rit des incongruités de son enfant.

Quand je suis revenu à la chambre, vers 9h20, je lui avais laissé 3h20 de sommeil de plus que moi, je n'ai pas eu droit au "merci de m'avoir laissé dormir".

Elle m'a accueilli avec "T'es pas fin, tu m'a réveillée à 6 heures, ça m'a pris du temps à me rendormir".

J'ai laisser passer.

C'est ce qu'un homme mature fait en de telles circonstances.

On choisit ses batailles.

J'ai mangé mes fruit loops, bu mon lait au chocolat et pris ma toast au Nutella.

Fallait commencer cette journée de grand, comme un grand.

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