vendredi 25 mai 2018

6 Chansons en Avance sur Leur Époque

Bien des groupes de musique ont été révolutionnaires et en avance sur leur époque. Souvent incompris ou tout simplement négligés par le public auquel il s'adressait, ils sont parfois complètement tombés dans l'oubli.

Explorons 6 phénomènes du genre. 6 Chansons, tellement en avance sur leur époque, qu'ils sont tombés dans la courbe du trop bizarre pour leur époque, mais assez précurseur pour les années futures.

Mes collègues martiens ne peuvent tout de même pas tout vous révéler.
Vous n'êtes pas toujours prêts à tout entendre quand on est prêt à vous l'offrir.

1964.
Je N'attends Plus Personne de Françoise Hardy.
Quand Billy Corgan et ses amis ont lancé Mellon Collie & the Infinite Sadness en 1995, on parlait d'un combinaison originale de guitare croustillante, de grunge rock croisés de refrains pop et de poésie adulescente chanté sans gêne comme un finissant de secondaire 5. Les critiques saluaient l'audace et l'ambition. Le Time nommait cet album double, album de l'année. Clamant qu'il avait les ambitions d'Icare avec des ailes qui fonctionnent. Légitmisant les effets pompeux comme de l'inspiration contagieuse et en harmonie avec son époque.
Ce qui restait un brin mélodramatique.

Ils ne pouvaient tout de même pas prétendre ne pas avoir déjà entendu ce type de riff auparavant. Mais aux États-Unis, si ce n'est pas chanté en anglais, who gives a fuck? Pendant que les Beatles harmonisait une génération entière avec Love Me Do, la belle Françoise, que j'adore tant, offrait une guitare pré-grunge, distortionnée en plusieurs épaisseurs, lourde, sur des vers mélancoliques.

1968
Here Comes the Judge de Pigmeat Markham
Tout le monde s'entend pour dire que le rap a été vraiment lancé vers 1979. Mais 11 ans avant, Dewey "pigmeat" Markham lançait un OVNI musical. Comédien de métier, il ne savait pas chanter. Il devait donc parler son texte. Sans le savoir, il rappait avant l'heure. Puisqu'il sévissait pendant la ségrégation, l'histoire des États-Unis s'est assuré de le garder dans le néant social. C'est Sammy Davis Jr qui allait s'assurer de le rappeler au peuple en l'imitant à la télé.  On appelait déjà cela du "rap". Mais ce genre n'atteindrait la respectabilité que 50 ans plus tard. Mais encore...

1969.
Machines de Lothar & the Hand People.
La nouvelle vague du début des années 80 n'était pas 100% nouvelle. Les chansons de Lothar & the Hand People, en 1968, étaient tout à fait de leur époque. Elles parlaient de faire l'amour, d'aller dans l'espace et de faire l'amour en allant dans l'espace. Leur percussion sonnait comme une batterie électrique moderne des années 80. On jurait aussi parfois qu'on jouait de la batterie sur des canettes d'aluminium. Même les paroles pouvaient donner l'impression d'entendre ce que dirait un homme imitant un robot. Quand Peter Gabriel a lancé Shock the Monkey, on a vénéré le concept de ces 4 même notes répétés sans cesse comme un hook de génie. Pourtant, le band de John Emelin, Paul Conly, Rusty Ford, Tom Flye et Kim King trempait dans ces mêmes eaux, 13 ans plus tôt.

1969.
Caledonia de Cromagnon.
Black metal chaotique. C'est comme ça qu'on décrivait la musique du band initié par Austin Grasmere et Brian Eliot. On a aussi parlé de musique expérimentale, d'avant-garde, de noise rock, de no wave, de rock industriel, de collages sonores, d'obscuro, de psychédélisme. On a dit alors "Mais est-ce vraiment là que nous en sommes rendus avec la musique?". Jimi Hendrix, dont je vous parlais pas plus loin que la semaine dernière, faisait pourtant appel à beaucoup d'expérimentation lui aussi. Et ça passait mieux.
Les mots et les termes utilisés pour parler de la musique du band qui ne fera qu'un seul album dans toute sa carrière seront les mêmes que ceux utilisés pour parler de la musique de Trent Reznor qui nous proposait 25 ans plus tard. du rock industriel brutal. Aussi atmosphérique que violent. Une arme d'audition massive. De la batterie lourde. Du clavier lugubre. De la voix murmurée mais menaçante. De l'instrumentation inusitée. De l'échantillonage.
On dit que Grasmere & Eliot, deux auteurs de musique, se sont tanné d'écrire de la musique jugée trop conventionnelle et ont voulu créér du parfaitement fou et déjanté. Allant jusqu'à changer leur style de vie et partir vivre dans une commune. La chanson Caledonia est la seule ayant une structure plutôt écoutable. Le reste n'est que sons divers. Ils utilisaient des bouts de bois et des os humains pour jouer de leur....musique? Trent a préféré composer sur des claviers.

1969
Love Without Sound de White Noise.
En 1968, David Vorhaus s'est joint à deux compositeurs de la BBC Radiophonic Workshop. Ils sont alors devenus White Noise. Leur premier album est passé complètement sous le radar, personne, mais personne ne s'y est intéressé. C'était comme si personne ne voulait porter attention au son que votre télévision fait, lorsque brisée. Ils étaient alors relégués à l'obscurité.
C'est justement un peu plus à l'ombre que voulait aller Radiohead quand, 31 ans plus loin, on a voulu se distancer du mouvement grunge auquel on avait été associé, pour explorer ce qu'on appelait alors une musique de génie, une musique du future, qui était en fait, peut-être inspirée d'une musique ancienne...
En 2000, plusieurs fans de Radiohead ont trouvé difficile d'aimer ce nouvel angle musical. Imaginez alors en 1969 avec Love Without Sound. Le groupe a par la suite continué dans l'obscurité, Delia Derbyshire étant la membre réussissant à pointer la tête dans le populaire en créant la musique cosmique du générique de la culte série Dr Who. Trahissant du même coup qu'elle était martienne...

...et voyageuse dans le temps.

1970
Eva de Jean-Jacques Perrey.
La moitié du charme du tandem français Daft Punk tiens du fait qu'ils sont rétro assumés. Funk, sons feutrés, synthétiseurs modernes, ryhtmes technos, quand Daft Punk a attaqué la planète pop dans le milieu des années 90, on ne les prenait pas complètement au sérieux avec leur réécriture des simples plaisirs électroniques.
Non seulement Perrey jouait le même type de musique, tiré de l'ancêtre des synthétiseurs actuels, mais il s'affichait lui aussi avec un masque, afin de rester anonyme. Il finirait pas enlever son masque, lorsqu'il joindra ses forces à Robert Moog, afin de devenir davantage un homme d'affaires, créant des mélodies, (la même aussi) afin de mousser les ventes des synthétiseurs Moog. Fatboy Slim a acheté le morceau pour en faire sa version.

De quoi ravir certains baby boomers convaincus d'avoir tout inventé.

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