1973.
Le syndrome de contagion émotionnelle existe depuis longtemps et est parfois appelé ainsi, parfois appelé identification à son/ses agresseurs.
En Suède, Jan-Erik Olsson a 32 ans. Parce qu'il fait de petites escroqueries. Libéré pour bonne conduite, il n'a pas vraiment l'intention de bien se conduire en société. Il a besoin d'argent. Et qui veut d'un homme de 32 ans avec un passé criminel? Il choisit de braquer une banque. La Kreditbanken de Norrmalmstorg à Stockholm.
Armé, muni d'une perruque et bruni du visage par du maquillage, il entre dans la banque, tire au plafond et crie "Que la fête commence!". Il prend en otage 4 employés. Trois femmes et un homme. Son objectif est bien d'avoir de l'argent (3 millions de Krona suédois) mais aussi de libérer son ami rencontré dans un centre de correction plus jeune, la superstar du crime suédois, Clark Olofsson. Plus dangereux et lui, toujours en tôle. Olsson avait tenté de le libérer à quelques reprises dans des projets d'évasions ratés, mais cette fois, il tient à ce que ça marche. On lui accorde la libération de Olofsson dès le premier jour et celui-ci vient le rejoindre à la banque. Avec les otages.
Ceux-ci ne sont pas brutalisés. Olsson tirera à maintes reprises sur les policiers autour de la banque. En blessant deux, un aux mains, l'autre au visage. Il parlera 2 fois au Premier Ministre Olof Palme. On se tiendra tête pendant 6 jours. Pendant ce temps, à l'intérieur de la banque, otages et voyous se lient d'amitié. Au moins une femme et l'homme comprennent d'où sont issus ces deux crapules et les prennent en pitié. Au 6ème jour, la police fait une intervention au gaz et les deux ravisseurs promettent de se livrer aux autorités.
Mais l'homme séquestré et Kristin, une des otages, souhaitent que Olsson sorte en premier afin de bien voir qu'il sera bien traité.
Aucun des otages ne souhaitera témoigner contre eux en cours. Ils s'organiseront même pour que leurs frais de cours et d'avocats soient payés. Et prendront leur défense en privé. Kristin, aura même une idylle avec Jan-Erik. Bien entendu les deux criminels seront ramenés au bagne. Où les otages viendront régulièrement leur rendre visite.
Les psychologues étudieront le cas, les comportements, attentivement et ce que l'on qualifiait de phénomène d'identification à ses ravisseurs ou de contagion émotionnelle sera rebaptisé dans un rapport 5 ans plus tard comme "le syndrome de Stockholm".
L'un de ses cas les plus spectaculaire sera l'enlèvement de Patti Hearst, 19 ans, dès 1974, petite-fille du richissime magnat de la presse William Randolph Hearst. On découvrira qu'elle se lie amoureusement avec un de ses ravisseurs (Willie Wolfe) et participera à des braquages de banque, dont un coûtera la vie à une innocente.
Le Syndrome de Lima est l'inverse.
En 1996, au Pérou, le mouvement révolutionnaire Tupac Amaru effectue une prise d'otage dans la résidence de l'ambassadeur du Japon. Dès le premiers jours, gagné par la bonne foi, les capteurs libèrent plusieurs otages, dont de très précieux, et très potentiellement payant. Incompétence? en partie. Les preneurs d'otages sont nettement influencés par l'attitude de leurs otages, excessivement zen dans la situation hors norme. Se prenant d'affection pour leurs otages et se laissant convaincre par leurs bonnes manières et leurs polies objections, les ravisseurs ont viré l'opération en franche amitié.
Au final, ceux qui devaient liquider les otages en cas d'intervention policière s'en sont trouvé incapables puisqu'ils allaient ainsi tuer des gens auxquels ils s'étaient maintenant attachés.
Syndrome de Lima.
Le 23 août prochain marquera le 44ème anniversaire du braquage de Jan-Erik Olsson à Stockholm.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire