Brian Epstein était l'aîné de la famille. Affreux élève, il est expulsé de deux écoles pour ses pauvres notes scolaires et son grand manque d'effort.
Homosexuel, ce qui est un crime dans l'Angleterre des années 50, il cache ses désirs très tôt et apprend à vivre ses passions dans la plus grande discrétion. Il demande à son père de lui payer des études afin qu'il devienne couturier ce que son père lui refuse catégoriquement. Lorsqu'il fait son service militaire, il se fait passer pour un militaire beaucoup plus gradé qu'il ne l'est et doit s'expliquer de son comportement. Quand il confesse son homosexualité, l'armée le déclare mentalement incapable de poursuivre son service. Un psychiâtre, à qui il confesse aussi son homosexualité, suggère au père d'Epstein que Brian aille vivre à Londres, afin de se changer les idées.
Son père acceptera de lui payer, cette fois, des cours d'acteurs. Il a comme camarade de classe, Susannah York, Albert Finney et Peter O'Toole, mais il déteste l'expérience, fatigue tout le monde et abandonne après la troisième session. Il sait qu'il est davantage un homme d'affaires qu'un artiste.
Pendant ce temps. à Liverpool, papa a lancé son magasin d'instruments de musique et de disque, NEMS, et y placera son fils comme principal gérant. Brian y fera ses classes musicales, mais aussi y investira tant d'énergie que le magasin devient très populaire et Epstein devient un redoutable et réputé jeune homme d'affaire.
Bill Harry, éditeur du magazine musical Mersey Beat, recommande à Epstein de se rendre voir les Beatles à un spectacle sur l'heure du dîner. Ce qu'il fera et sera épaté de ce qu'il aperçoit. Il les connaît déjà, mais pas comme musiciens, comme clients de son magasin. Il leur proposera, en décembre 1961, d'être leur gérant. Paul, George et Pete Best n'ont pas 21 ans, ils doivent donc passer par leurs parents pour accepter (ou non) l'offre d'Epstein. La famille Best est séduite. Les autres Beatles aussi, parce qu'il s'habille bien, parait savoir de quoi il cause et conduit une voiture luxueuse. La tante de Lennon lui déconseille la gérance sous prétexte qu'il s'intéressera à autre chose assez vite. Lennon n'écoutera pas sa tante.
En janvier 1962, Epstein leur fait signer un contrat de 5 ans qui lui donnera entre 10 et 15% des ventes de leurs disques, puis en octobre plus loin, il touche maintenant entre 15, 20 et 25% des revenus. Toujours en octobre, 4 jours avant la sortie de Love Me Do, Epstein a la bonne idée de créer Northern Songs, une compagnie que sécurisera les droits d'auteurs de McCartney et de Lennon (et les rendra très riches les trois années suivantes). Il leur fait changer leur jeans et les kits de cuir, exige qu'ils ne mangent plus sur scène, ni ne fume et que la discipline y règne davantage puisque les Beatles s'arrêtaient quand ils le souhaitaient lorsque hélé par la foule. Il leur impose aussi le chic salut en choeur "à la japonaise" en fin de performance. Quand George Martin suggère un batteur de session pour le studio au lieu de Pete Best, Epstein se charge de lui annoncer son licenciement du band. Sans donner de réelles explications. Ringo se greffe au groupe. Le reste fera l'histoire de la musique.
"Si on parle d'un 5ème Beatle, ça ne peut qu'être Brian Epstein" dira Paul McCartney.
L'horaire chaotique des Beatles garde Epstein très occupé entre 1963 et 1966. Avec les tournées de promotion, les shows télés, les enregistrements, les films. Après le show du Candlestick Park de San Francisco, en août 1966, où John Lennon clame que les Beatles semblent plus populaires que Jesus Christ, propos qui se retournent contre le groupe, et qui leur fait prendre la décision de cesser les tournées à jamais, le rôle d'Epstein change un peu.
Il reste excessivement proche de John Lennon, sera son garçon d'honneur lors de son mariage avec Cynthia Lennon et le parrain de leur fils, Julian. Il offre aussi au nouveau couple son propre (et chic) appartement. (sa conscience sait aussi qu'il s'en met beaucoup dans les poches).
D'abord consommateur de phenmétrazine, qui est en vente libre, il cède au cannabis de Bob Dylan et fait beaucoup rire McCartney en se pointant lui-même dans le miroir en disant "Juif!". Il sera très actif dans la consommation de drogue des années 60 dans le swinging London.
Un ami trouve une lettre de suicide, puis un testament signé Epstein. Lorsqu'il confronte Brian sur le sujet, celui-ci s'en excuse et confirme que c'était sous l'effet de la drogue qu'il avait écrit une telle connerie.
Insomniaque depuis toujours, il tente de corriger cela en consultant et a recours aux amphétamines pour dormir. Il sort de l'enterrement de son père, puis d'une visite à la clinique afin de corriger ses insomnies quand il rend sa dernière visite en studio, aux Beatles, le 23 août 1967.
Epstein a une dernière conversation, très "pâteuse" semblant sous l'effet de pilules, avec un proche, avant d'être trouvé 3 jours plus tard, décédé du mélange barbiturique/alcool.
Plusieurs croiront à la théorie du suicide, mais cette fois pas de lettre. Un accident semble plus probable.
Il y a 50 ans que Brian Epstein est mort aujourd'hui.
Il n'avait que 32 ans.
Les Beatles ne s'en remettront jamais complètement.
Moins de trois ans plus tard, le groupe se saborde.
L'homosexualité est décriminalisée en Angleterre, un mois après la mort de Brian Epstein.
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